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Covid- 19 : Le Train De La RÉsilience

« Dieu a donné une sœur au souvenir et l’a appelée espérance ». (Michel-Ange)

Progressivement, le monde s’éloigne de l’œil du cyclone de la maladie à coronavirus. Les premiers pays les plus touchés brisent timidement le cercle du confinement à la manière d’un enfant qui apprend à marcher, sortent de l’ombre avec discrétion et surmontent la psychose ambiante. Conséquence de l’observation de l’évolution de la pandémie par médecins et scientifiques dont les travaux ont réduit la part d’inconnues dans la propagation de cette maladie, entraînant ainsi moins de frayeur dans l’opinion populaire.  

Les chercheurs et scientifiques auront sans doute raison du Covid-19 qui a fait tant de ravages et occasionné tant de pertes en vies humaines. Des médicaments sont proposés, des vaccins annoncés alors que les nouvelles technologies viennent en appui du travail des spécialistes. Ces évolutions nous éloignent de la panique ambiante du début. 

Les malades du COVID-19, ceux qui en sont guéris comme ceux qui en ont été épargnés ne considèrent plus qu’un test positif à la maladie est synonyme de rejet dans le camp des pestiférés. En parler n’entraîne plus apparemment ni stigmatisation ni culpabilité. Pour le plus grand nombre d’entre nous, il ne s’agit plus de maladie honteuse comme d’autres pathologies en d’autres temps pas si lointains. Une belle avancée dans l’approche psychologique du coronavirus.

Tout voir et faire autrement

Il n’est pas trop tôt d’envisager une vie de l’après-pandémie, en raison de sa “décrue” et se préparer à embarquer dans le train de la résilience.  En effet, la crise actuelle, si dure qu’elle soit, quelque douleur qu’elle ait engendrée ces six derniers mois, ne devrait pas occulter notre volonté d’inscrire l’avenir dans cette perspective. 

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Oui, le temps d’après, sera celui qui substituera la résilience à la résignation, conséquence de la manière dont nous avons supporté les contraintes d’hier, qui nous ont justement préparés à dominer celles de demain, à les adapter à notre nouvelle vie. L’arme du passé nous permet d’affronter le combat de l’avenir. L’épreuve vécue nous impose de tout voir et de tout faire autrement pour conjurer les imprévisibles retombées du coronavirus. Car désormais, il y aura, dans notre façon d’être, un avant et un après COVID-19.

Il nous faut donc nous préparer à un bouleversement des habitudes, nous qui avons développé des réflexes de résilience qui nous ont prémunis de l’effondrement tant redouté. Il ne fait aucun doute que le temps d’après sera une succession d’étapes plus longues et même plus contraignantes que l’adoption des mesures barrières et l’instauration des restrictions administratives. Ce sera un long parcours. Il faut s’y résoudre.

La fin attendue de la sédentarisation annonce aussi le temps des comptes du confinement et plus généralement de la pandémie. Au bilan, seront inscrites en solde positif toutes les vies humaines qui ont pu être préservées au regard des énormes conséquences de cette pandémie sur l’économie mondiale, de ses répercussions sur les plans financiers, sociaux, culturels, cultuels, psychologiques.

Notre siècle considérait comme acquis définitifs tant de conquêtes réalisées par l’homme. Il tenait par exemple les fusées comme des instruments domestiques ; de même, la santé, les congés payés, la liberté d’aller et de venir, les voitures, les trains et les avions étaient des évidences. Le COVID-19 nous ramène à une réalité moins orgueilleuse. Elle nous impose, devenus familiers de tous les aspects de la pandémie, d’adapter nos réactions et nos comportements. Tel doit être le crédo de la résilience pour qu’elle n’apparaisse pas comme une simple mode dont la vocation est d’être démodée.

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C’est sur cette base que la résilience sera collée au réel au lieu d’être le catalogue de pieuses résolutions utopiques. La résilience ne vise pas à renouer avec la vie d’avant.

Urgences sanitaires et préoccupations économiques

Dans le temps d’après, il y aura un nouvel environnement professionnel et un espace de loisirs qui induiront une nouvelle manière de nous regrouper avec masque, cet appendice qui se sera imposé comme supplément vestimentaire à l’image d’un imperméable pour se protéger de la pluie.

Les urgences sanitaires coïncident rarement avec les préoccupations économiques. La santé sans soutien financier n’est qu’un état précaire, la richesse sans santé n’est qu’une maladie qui se prolonge. Entre les deux, la résilience est la forme de la réalité. C’est cette conviction qui guide les défenseurs du déconfinement en cours entrepris avec tact et prudence dans un monde en devenir.

La résilience suppose encore la nécessité de reconsidérer la place secondaire de la santé sans laquelle aucune vie économique, sociale et même politique n’est possible. Ainsi, on l’a vu, les gouvernements de certaines grandes démocraties n’ont pas hésité à bousculer leur calendrier républicain et ont même accepté des compromis idéologiques pour s’ajuster à la crise.

Longtemps négligé, parent pauvre de maints budgets africains, derrière ceux consacrés aux départements régaliens par exemple, le secteur sanitaire apparaît soudain dans toute son importance, nous contraint à distraire tous les fonds qui lui avaient été refusés pour acquérir dans l’urgence masques, respirateurs, matériels sanitaires dédiés à la lutte contre la propagation de la pandémie. Une vision politique lucide eût évité ce qui ressemble fort à un colmatage de brèches trahissant une improvisation et un sauve-qui peut dans la gouvernance.

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Priorité à la vie tout court

Répétons-le. Le COVID 19 ne nous aura pas entièrement vaincus si, à l’heure de la résilience, il permet de prendre conscience que nos budgets de santé sont squelettiques et que nous tentons piteusement de les renflouer par des appels pathétiques aux contributions volontaires et à l’aide internationale. Cet élan désespéré, démontre hélas que nous avons été incapables de nous donner les moyens d’assurer notre bien-être physique, moral et mental. La santé ne doit pas être considérée comme une série d’urgences successives à gérer dans l’improvisation et les tâtonnements, comme l’a fait notre monde. Le prétexte fallacieux de l’imprévu, qui ne doit pas échapper à une vision lucide, ne saurait dédouaner aucun dirigeant. Gouverner, c’est prévoir. Cette maxime n’est pas une fantaisie sémantique, mais une feuille de route.

La pandémie vaincue, la lutte contre le COVID-19 doit aller plus loin, nous aider à inventer une autre manière de concevoir notre monde et notre mode de fonctionnement. Est-ce de l’angélisme ? Justement, la réponse pourrait se trouver dans notre capacité à assumer notre résilience. 

La crise actuelle ne doit pas obstruer les chemins de l’avenir. Hier doit donner naissance à des lendemains meilleurs. Comme l’a dit le génie florentin Michel-Ange : « Dieu a donné une sœur au souvenir et l’a appelée espérance ».

*tahamadoun@yahoo.com







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