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Coronavirus, Vers Un Monde A Venir

Qu’avons-nous fait à l’homme pour mériter une telle punition ? Qu’avons-nous fait au monde pour écoper d’une telle sanction ? Qu’avons-nous fait à Dieu pour subir une telle malédiction ? Questions graves qui renvoient à notre conscience individuelle et collective, à nos rapports interhumains, sociaux. Elles posent la problématique de nos relations avec Dieu, de notre pratique religieuse, de notre spiritualité. La réponse ne peut pas être simple ; elle sera complexe, polysémique, protéiforme, tributaire du point de vue sur lequel on se place et de l’angle choisi. Cette crise multidimensionnelle revêt plusieurs aspects: sanitaire, économique et spirituel.

Dans un pays comme le Sénégal, où le «m’as-tu vu» fait la loi, les gens d’en- haut aiment rouler carrosse, adeptes du «bling bling», cette crise vient nous rappeler notre finitude, notre insignifiance «nit dou dara»

De façon globale, elle nous jette à la figure nos limites, nos fragilités, nos faiblesses. Elle met en exergue l’évanescence des pouvoirs : le pouvoir politique est une illusion, le pouvoir économique est un mirage, le pouvoir religieux est une utopie. Où sont-ils les Présidents, Chefs d’Etat ou Têtes couronnées qui promettaient l’Eldorado, faisant des plans sur la comète et prédisaient monts et merveilles à leur peuples ?

A l’heure qu’il est, ils sont tous transis de peur dans leurs palais ou derrière leurs palaces, impuissants et réduits à crier secours tous azimuts. Où sont-ils les clans, les sectes, groupes en tous genres qui ont domestiqué et privatisé leur religion d’appartenance et s’érigent en référence unique, exclusivement aptes à en discourir ? Et, sacrilège suprême, osent se comparer à Dieu, installant entre eux et leurs ouailles des rapports de subordination. Où sont-ils depuis quelques temps? Terrés tous sans exception chez eux, tremblant d’une sainte frousse comme des feuilles. Ces gourous qui prenaient leurs fidèles pour un filon à exploiter, un gisement à explorer, un compte à dévaliser, un os à sucer jusqu’ à la moelle.

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Excusez du peu. Ils ont tendance à oublier qu’ils ne sont que des êtres humains, faits de chair et d’os. La vie s’est arrêtée partout. Notre terre est en train de se vider de ses habitants. Les morts se comptent par milliers. Antonio GUTERESS ci-devant Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies, a prédit dernièrement qu’ils vont se chiffrer par millions chez nous en Afrique, pour cause d’un système de protection sociale et de santé défaillant, loin d’être performant. Soit. En attendant, le bilan macabre s’alourdit au quotidien : en Italie, en France, en Espagne, en Iran, aux Etats-Unis. Et tout ceci, malgré la qualité élevée de leurs plateaux médicaux.

Les maîtres-mots aujourd’hui sont : confinement, couvre-feu, état d’urgence, télétravail, chômage partiel, chômage technique, licenciement. Tous les secteurs sont paralysés. Arrêt de toutes les compétitions sportives, report des grands rendez-vous athlétiques ou footballistiques sine die. Les Dieux du stade et de l’arène se sont éclipsés. Mosquées, églises, synagogues et temples, bois sacrés et autres autels traditionnels sont désertés, réduisant Imams, Muezzin, Prêtres, Pasteurs et Rabbins au désœuvrement pour ne pas dire plus. Les messes sont célébrées sans l’ombre d’un fidèle, les enterrements dans la plus stricte intimité. Ecoles et universités sont bouclées obligeant élèves, maîtres et professeurs à se cloîtrer chez eux. Aujourd’hui, presque trois milliards de personnes, à travers le monde, sont confinées chez elles, comme placées sous mandat de dépôt par un procureur invisible.

Pour ainsi dire. Pour certains usagers de l’Internet, Whatsapp est miraculeusement devenu un lieu de culte. Pourquoi un tel cataclysme, un tel chambardement, un tel chamboulement? Mensonges, hypocrisie, tromperies, viols, vols, crimes, détournements de deniers publics, de mineurs, adultère, terrorisme, conflits entre voisins, folies des grandeurs, nombrilisme, égocentrisme, pédantisme. Autant de choses qui nous ont éloigné de Dieu. Le Coronavirus comme une piqûre, nous rappelle qu’il n’y a qu’un seul Dieu et qu’il n’y en aura pas un deuxième ni un troisième. Après Jésus et Mohamed (Paix et salut sur eux), il n’y a pas et il n’y aura pas d’autres Prophètes.

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La Torah, la Bible et le Coran sont et resteront les seuls livres saints. Tous les autres ne sont que des dérivés, tentatives d’interprétation avec tout ce que cela implique d’erreurs, de parti-pris ou même d’exagération. La guerre lancée à l’échelle planétaire contre le COVID 19 se gagnera, au-delà de la santé, sur le plan spirituel aussi. Elle devra déboucher sur un triptyque : un nouveau type d’homme, un nouvel ordre mondial, un nouvel humanisme. Ce n’est donc pas la fin de l’Histoire, comme l’avait pronostiquée FUKUYAMA ; ce n’est pas la fin du monde, comme l’avaient prédit certains gourous en mal d’inspiration.

C’est par contre la fin d’une Histoire, c’est en revanche la fin d’un monde. Il nous appartient chacun et chacune d’en tirer les leçons et rebâtir, refonder, reconstruire un monde nouveau. D’abord en se réconciliant avec nous-mêmes, en fumant le calumet de la paix avec les autres, au sein des peuples et entre les nations. Aimons-nous les uns les autres. Ensuite, nous re-tourner vers Dieu, le seul, l’Omnipotent, et lui re-donner toute la place qui est la sienne dans notre vie. Enfin, du mieux que nous pouvons, essayer d’atteindre la transcendance, but ultime de notre cheminement ici-bas, et prélude à notre salut dans l’au-delà.

MARCEL MENDY

POÈTE ECRIVAIN







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