Avec le covid-19, un nouvel ordre mondial est en train de naitre. Il ne faut pas rater ce moment de l’histoire. Il y aura bien un avant et un après – coronavirus. La pandémie a révélé nos erreurs dans nos choix. Il est acquis qu’il nous faudra faire les choses autrement et différemment. Il n‘y a pas d’autres options possibles.
Au 16è siècle, en Amérique Centrale, quelques poignées d’espagnols emmenées par Pizzaro, simple soldat, illettré et brutal, ont eu bien raison de deux des plus puissants empires du Pérou. Leur supériorité technologique fut importante certes dans leur victoire. Ils possédaient le fer, le cheval, la poudre à canon alors inconnus des peuples précolombiens. Pourtant l’arme la plus meurtrière et la plus dramatiquement efficace a été celle qu’ils ne maitrisaient pas : les virus et les bactéries qu’ils apportaient. Les épidémies se sont abattues sur les indiens comme la punition envoyée par leurs Dieux pour châtier des crimes qu’ils ne se savaient même pas avoir commis. Les vaincus avaient été incapables de réagir à des évènements qui n’entraient pas dans leurs catégories mentales.
Ne pas savoir se défendre avait changé l’ordre mondial : les routes de l’Atlantique s’ouvrirent et rendirent caduques celles de la Méditerranée et de l’Asie. Ce fut un nouveau monde et les vaincus restèrent à sa lisière.
Si nous n’y prenons garde, cette histoire se répétera et nous resterons encore une fois à la lisière d’un nouveau monde qui se concocte sous nos yeux. Les notes de prospective française et européenne, pour déplaisantes qu’elles soient à nos yeux ne proposent qu’une redéfinition de leur futur nouveau monde.
Au-delà du plan de résilience concocté par l’exécutif qui répond à une urgence et dont la partie la plus facile ne sera pas son exécution, il nous faudra définir une stratégie (et non un plan) de mutation de notre société, c’est à dire, contrairement aux Incas, se préparer à se défendre. C’est en ces temps de pax romana et de confinement qu’il faudrait en profiter pour mettre en place des tasks forces multidisciplinaires chargées d’élaborer cette stratégie.
Pour cela, il nous faudra répondre aux questions suivantes :
1) Quel avenir voulons-nous pour le Sénégal ? (Education, Santé, Agriculture, Infrastructures…)
2) Quelle société nouvelle voulons-nous instaurer ?
3) Quels comportements devons-nous modifier ou adopter pour arriver à ces résultats ?
4) De quel type de leadership (comportements spécifiques de nos leaders) avons-nous besoin pour implémenter ces nouveaux comportements et réaliser cet avenir ?
Cette séquence, et dans cet ordre, liera le Sénégal de demain que nous voulons avec le comportement des sénégalais et les changements de comportements de nos leaders.
A travers ce lien, nous mettrons en exergue là où il faudra porter l’attention et là où il y aura des manquements.
Nous devrions aussi méditer les propos de G.B Shaw, à savoir que “le progrès est impossible sans changements et que ceux qui ne peuvent pas changer leur esprit ne peuvent rien changer”.
Il faudra que nous osions et pour cela le préalable serait de penser que c’est possible. Tout se joue dans les têtes. A nous de changer nos mentalités. C’est un long processus. Il faudra le commencer maintenant sans tarder si nous voulons être présents au rendez-vous avec le nouveau monde.
Tidiane Sow est coach en Communication Politique.