Le monde entier est frappé par la pandémie du Covid-19. L’humanité ne s’est jamais sentie aussi vulnérable. Les Etats dits « civilisés », qualifiés de « grandes puissances » et membres éminents et permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unis sont les plus éprouvés. L’épicentre de la maladie a quitté, désormais, la Chine pour s’installer en Europe avec une sévérité plus accrue. Désormais, les concepts construits et entretenus par l’idéologie dominante se définissent par leur contraire. Certitude devient incertitude. Force devient faiblesse. Solidarité se traduit par égoïsme et repli sur soi.
L’ordre mondial inventé de toute pièce et bien établi durant des siècles, tend vers un nouveau désordre mondial qui risque de balancer près d’un milliard de personnes dans la pauvreté. Subitement, l’homme a pris peur, son instinct de conservation s’est dressé. Au sein des Etats, la consigne reste la même : fermeture des écoles, des universités, des lieux de culte et des frontières avec confinement des populations. Les administrations sont en veilleuse. L’Etat d’urgence et le couvre-feu ont le vent en poupe.
Bref ! La guerre est déclarée contre un commando invisible et imprévisible. Au Sénégal, le dialogue national, véritable marché de dupes, est subitement noyé par l’intérêt national. La récréation est terminée. Toute la classe politique, religieuse et civile, sans exception, a fait bloc autour du Président de la République pour aller au front. Il y va de la survie du pays. Certes, nous gagnerons cette guerre mais à quel prix ? Nul ne sait encore ! Tirons en les leçons et les conséquences qu’il faut.
60 ans après « la tombée des indépendances comme une nuée de sauterelles sur l’Afrique » (Ahmadou Kourouma), il est clair aujourd’hui que nos économies sont encore totalement entre les mains des étrangers. Nous ne maitrisons rien. La guerre imposée par le Covid-19 nous ferait moins de dégâts si nos chefs d’Etat successifs avaient mené des politiques nationales et patriotiques. L’heure n’est pas au bilan. Cependant nous sommes tenus d’indiquer 4 défis :
-Le défi politique : faire autrement la politique en se mettant au service exclusif des populations, et non l’inverse. -Le défi agricole : c’est le plus urgent. Il est inadmissible que près de 90% des sénégalais se nourrissent encore à midi d’un riz de qualité douteuse chèrement acheté à l’étranger, laissant nos barrages, nos eaux, sous utilisés, et nos bras valides périr dans les océans. –Le défi sanitaire : de grâce, travaillons pour un système de santé plus démocratique et efficace qui valorise notre personnel de santé. Le virus ne distingue pas le pauvre du riche. -Enfin, le défi éducatif : construire un nouveau type de sénégalais, imbu de patriotisme et éloigné des préjugés fatalistes et des opinions malsaines : un homme moulé dans une foi en Dieu, inébranlable. Ce Dieu ne joue pas aux dés, aimait dire A. Einstein. Que Dieu sauve le Sénégal !
Amadou Koné