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Macky Sall, Un Homme De Paradoxes !

Comment comprendre cet homme ? Avant sa victoire, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012, et juste après, le politicien Macky Sall a galvanisé presque tout un peuple et a réussi à susciter l’adhésion et l’enthousiasme de différentes composantes de la population en martelant partout que le progrès n’est pas seulement souhaitable, mais il est possible voire à portée de main pour les autorités, lui en l’occurrence, qui ont une haute idée de leur mission au service exclusif du peuple. Il nous enjoignait de croire que ce sursaut, c’est maintenant et que désormais la responsabilité et la redevabilité doivent être au cours de l’action de n’importe quel agent de l’Etat qui gère de manière directe ou indirecte les deniers publics.

Aujourd’hui, plus qu’hier, à vrai dire et en toute honnêteté, je suis troublé après la lecture du texte de Macky Sall et me demande vraiment quel homme nous avons porté à la tête du pays. Est-ce qu’il se prend vraiment au sérieux pour oser étaler une série de mesures pour aider le Sénégal en particulier et les autres pays africains à lutter efficacement contre le Coronavirus comme s’il ne savait pas que rien n’a été fait depuis qu’il est à la tête du pays pour doter nos structures sanitaires d’équipements médicaux de qualité et en nombre suffisant ?

N’avait- il pas promis à nos compatriotes en 2016, lors de son discours à la nation, la construction d’hôpitaux modernes à Touba, Kédougou, Kaffrine, Sedhiou ? Aujourd’hui, nous n’avons rien vu qui ressemble à ça ou qui s’en approche. Par contre, s’agissant de Touba, des suspicions de détournement de plusieurs milliards de francs CFA ont été relayées par certaines personnes et à ce jour aucune enquête du parquet ou l’ouverture d’une information judiciaire en vue de clarifier la situation.  Une omerta totale. Qui cherche-t-on à protéger ? Et nos deniers publics, pour quelle raison doivent-ils se retrouver dans les poches de certaines autorités ?

Ces milliards, s’ils étaient utilisés de manière efficiente, pouvaient permettre d’accueillir à Touba même, en cette période de crise sanitaire grave, dans les conditions idoines en matière de prise en charge des malades du covid-19 et au-delà de toute la région dans les meilleures conditions. Que vaut, maintenant Macky Sall, votre envie soudaine de  revoir les priorités après huit ans de gestion pour le moins chaotique du pays ? Nos compatriotes apprécieront votre sortie catastrophique, qui  au demeurant, nous jette à la figue l’irresponsabilité dont vous faites preuve depuis le début de votre magistrature à la tête du pays. Depuis, tout ce temps, vous n’avez pas jugé nécessaire d’investir massivement  dans les soins de santé publique. La pandémie du Coronavirus vous renvoie à vos obligations et  à votre responsabilité. Vous faites pitié Macky Sall. Cette mise en scène ne vous honore pas. Tout au plus, elle dévoile de manière précise votre faillite personnelle parce que vous n’avez pas su mettre en avant la satisfaction des besoins primaires de nos compatriotes : un système de santé performant et accessible à l’ensemble du corps social sénégalais.

Maintenant que l’heure est grave, vu la progression rapide du Coronavirus au Sénégal et ailleurs en Afrique, vous prenez votre bâton de pèlerin pour indiquer à vos autres confrères les mesures et le chemin à prendre pour permettre à l’Afrique de sortir sa tête de l’eau afin de se prémunir du déluge. Les solutions que vous préconisez, ressemblent à bien des égards à des soins palliatifs en vue de contenir la vague et de minimiser les dégâts. Ces solutions n’existaient-elles pas avant ? Si, nos pays en particulier le Sénégal n’étaient pas touchés par cette pandémie du Coronavirus, vous ne sonnerez sûrement pas l’alerte qu’il faille s’occuper de manière résolue à la santé, à l’éducation, à la formation de nos jeunes, à l’emploi, à une politique d’industrialisation significative et performante, à l’agriculture et encore tellement que les chantiers de redressement voire de relance sont hélas nombreux sur le temps d’un mandat. Mais, Macky Sall, le Sénégal ne va pas s’arrêter après votre départ de manière inéluctable de la tête du pays, même s’il vous était permis mille et une autre vie à Doumbélane.

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Aujourd’hui, vous vous étonnez Macky Sall que nous autres africains, avons du mal à nous approvisionner en kits de protection, en gel, en gants, en masques médicaux etc. et qu’est-ce que vous avez fait au juste depuis 2012 pour nous préparer à faire face aux dangers de ce virus dévastateur et à d’autres catastrophiques, qui nécessitent pour le moins, de protection à travers des structures hospitalières de qualité et un personnel médical performant et motivé. Mais, Macky Sall, le mal est déjà fait. Il ne fallait pas surtout pas attendre que cette catastrophe sanitaire de grande envergure se prépare à secouer le pays de toute part pour retrouver soudain l’ingéniosité des hommes d’Etat à tracer les lignes voire à mettre en exergue des politiques structures inclusives pour entamer le processus de transformation de toute la société sénégalaise. Malgré tous les appels de nos compatriotes de revoir l’ordre des priorités, votre gouvernement a maintenu le cap en s’activant davantage dans la réalisation de projets non structurants pour l’économie nationale.

Hélas Macky Sall, votre vision futuriste d’un Sénégal émergent qui s’arrête à Diamniadio montre les limites et les insuffisances de votre gestion du pouvoir. Aujourd’hui, les masques tombent et les chants laudateurs de vos thuriféraires zélés n’ont plus de saveur et ne portent plus loin. Cette crise sanitaire montre avec clairvoyance que le plan Sénégal Émergent que vous nous avez vendu n’était en fait que du pipeau, un mirage pour les esprits naïfs très vite obnubilés par le côté flamboyant de certaines infrastructures routières. Votre Sénégal Émergent se réduit principalement à l’autoroute Ila Touba, au centre international de Conférences Abdou Diouf, à l’Arène nationale, à Dakar Arena, au futur Stade Olympique dans un pays de trous à rats où tout est urgence même la satisfaction des besoins primaires de la majorité de la population voire les conditions ou les prouesses de survie de nos concitoyens qui sont visibles partout et à chaque coin de rue. Des  milliards de francs CFA engloutis dans ces projets de prestige qui n’engendrent que des profits aux sociétés étrangères qui les exploitent et le plus souvent avec cupidité sur le dos de nos compatriotes, ou tout au plus, à la satisfaction voire à la gloire de Macky Sall, roi de la cour de Benno Bokk Yaakar.

Nous sommes à l’heure d’une course contre la montre. Nos dirigeants,  vous en premier, par négligence, par irresponsabilité ou par une faiblesse coupable, n’ont jamais pris en compte l’ampleur de l’état de délabrement de nos structures sanitaires. Combien de fois, nos compatriotes les plus démunis se voient renvoyés de ces mouroirs  faisant office de structures sanitaires publiques, faute de moyens ou de pénurie de matériels de première nécessité, vous étiez où Macky Sall en Patagonie ou dans les lambris dorées du palais comme ce fameux roi de cour qui se targue d’être un lion qui dort alors que son peuple souffre au plus profond de sa chair et a du mal à se soigner et à soigner ses membres les plus vulnérables.

Aujourd’hui, le réveil semble brutal pour Macky Sall, un lion qui dort et qui ne sait plus quoi faire que de discourir à longueur de journée ou de recevoir politiciens professionnels, activistes, marabouts, membres de la société civile, communicateurs traditionnels et autres troubadours. Les discours sont derrière nous. C’est le temps de l’action et uniquement de l’action. Pendant, huit longues années, nous autres sénégalais, avions écouté et bu à satiété vos promesses et au final, un pays qui n’a que quelques dizaines de lits de réanimation pour les cas les plus sévères du Coronavirus. De grâce Macky Sall, passez à autre chose. Ce n’est pas le temps de jouer au bon samaritain en vous faufilant dans les rangs pour vous arroger une place de leadership ( la trouvaille d’un autre  et ancien adversaire politique de Macky Sall dans une autre tribune pour le magnifier :  Macky Sall,  le héraut de l’Afrique de Cissé Kane Ndao ) dans le concert des nations africaines au moment où d’autres présidents du continent à l’image de Paul Kagame du Rwanda tirent leurs pays vers le haut sans trompettes ni tambours. Ils n’ont que le travail et la volonté comme moyens d’action pour avancer. C’est peu, mais, c’est beaucoup pour les autorités qui veulent substantiellement transformer leur pays et offrir à ses habitants une vie décente.

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Vous le savez sans doute Macky Sall, la quasi-totalité du pays se débrouille au quotidien pour survivre dans la dignité et compte uniquement sur leurs capacités de résilience même dérisoires pour tenir le cap de la persévérance dans l’effort. Ces pères et mères, ces jeunes n’attendent rien de vous. Ils savent que tout compte fait, ils ne rentrent pas dans vos priorités. Pendant huit longues années de gestion sombre et nauséabonde de nos ressources et potentialités économiques, vous avez préféré servir d’abord et toujours les intérêts de vos maîtres français. Le peuple, qui vous a donné l’insigne honneur de présider à sa destinée, est méprisé et vous vous étonnez encore une fois de plus de la modeste contribution voire insignifiante du secteur privé national dans l’effort de guerre qui est demandé à l’ensemble du corps social sénégalais pour lutter efficacement contre le Coronavirus. Les marchés publics sont octroyés aux sociétés étrangères et très souvent dans des conditions nébuleuses et au détriment de la protection de l’intérêt général. 

Il vous a fallu user d’une contrainte peu recommandable pour un homme vertueux, loyal voire d’une menace de sévir pour que certains de nos capitaines d’industrie sortent du bois et mettent à votre disposition des montants d’argent beaucoup plus importants. Et pourtant, vous n’avez rien fait pour accompagner le secteur privé national. Certains, par peur,  ont cédé, osons lâcher le mot, de votre chantage, une autre forme de racket institutionnalisé dans nos Républiques bananières où le prince peut s’arroger tous les droits même les plus infâmes qui heurtent la morale. Mais, que penser, si cette autorité n’a pas de vertus voire si au contraire, elle préfère les piétiner à loisir que de les mettre en application ? C’est tout notre drame au Sénégal avec Macky Sall. J’ose à peine vous recommander la lecture de l’Apologie de Socrate. Il est un excellent moyen de s’entretenir avec soi-même dans un tête-à-tête lucide et responsable avec sa conscience….

Mais, ce n’est pas tout Macky Sall. Plus on analyse en profondeur et en toute objectivité votre texte, on se rend compte que vous vous accordez une certaine liberté et ce à dessein en vue de manipuler davantage l’opinion sénégalaise voire africaine pour espérer en récolter une adhésion. Une autre manipulation de trop encore Macky Sall. Les situations de crise sanitaire que traversent l’Europe et l’Amérique ne sont pas le résultat d’un manque d’hôpitaux de qualité ni d’un personnel médical pas assez performant, ils se sont vite trouvés débordés par l’arrivée massive de patients en un temps record. .Dans chaque service, en temps normal. Ils n’éprouvent jamais les mêmes difficultés que le Sénégal pour traiter les malades et quelles que  soient les pathologies dont ils souffrent. Chez nous, Macky Sall, nos hôpitaux ont du mal à soulager voire traiter nos compatriotes qui souffrent d’insuffisance rénale, de diabète. De cancer et encore beaucoup de maladies plus bénignes. Il faut savoir raison garder Macky Sall. Les situations ne sont pas identiques. Et tant mieux pour nous puisque  nous ne connaissons pas les  longs cortèges de camions transportant des dépouilles. Il ne faut surfer sur cette vague pour amadouer nos compatriotes. Malgré leur immense moyens, ils subissent durement le choc parce qu’ils n’ont pas pu venir la menace pour prendre leurs dispositions ou à tout le moins qu’ils ont minimisé le danger réel du Coronavirus sur la santé de leurs concitoyens. Et depuis, les autorités ne dorment plus et sont aux avant-postes pour lutter contre la pandémie parce qu’elles sont persuadées, une fois que la pandémie sera derrière elles, de devoir rendre des comptes et de situer la responsabilité des uns et des autres sur les carences voire les limites de l’action des responsables gouvernementaux. Aujourd’hui, elles sont dans le champ de l’action, de l’effort et du soutien de tous les secteurs d’activités. Elles font face à leurs responsabilités même si certaines ont accusé un retard avant de prendre conscience de l’ampleur du désastre. Elles s’épargnent des discours puérils et sont dans le temps de l’action.

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Contrairement à vous, même si les économies occidentales sont au centre des places, boursières, elles sont encore ancrées dans le réel avec des entreprises qui tournent et qui trouvent des débouchés et ce même si la concurrence et le libre-échange, des réalités et non des chimères compliquent la tâche pour certains Etats européens. Au demeurant, ils s’appuient sur leurs ressortissants et de leur expertise pour relever les défis de la mondialisation.

Par ailleurs Macky Sall, le nouvel ordre mondial dont vous souhaitez voir le jour après la pandémie et du rôle majeur du continent Africain au rendez-vous de l’Universel, je crains qu’il se fasse toujours derrière le dos de certains peuples africains et de leurs dirigeants qui ne veulent pas encore s’affranchir de la servitude qui empêche, en vérité l’Afrique d’avancer et de prendre son destin en main.

Que croyez-vous Macky Sall, après votre grille de lecture que la situation du Sénégal et de l’Afrique de manière générale va changer ? Non. Macky Sall !  Descendez sur terre et prenez vos responsabilités. Rien ne changera pour nous autres tant que vous nourrissez et entretenez cette relation de dirigeants soumis aux moindres desiderata aux autorités françaises. Pourquoi trainez-vous encore ce complexe d’infériorité que rien ne saurait justifier ? 

Votre plaidoirie pour l’annulation de la dette publique africaine est un autre moyen pour couvrir votre gestion désastreuse du pays. Pourtant, lorsqu’il était question de rejoindre les bords de la Seine en compagnie de toute la République pour lever des fonds  au club de Paris pour financer votre rêve du Sénégal Emergent, vous louez  à l’époque la capacité du pays à jongler avec le plafond de la dette publique. Aujourd’hui que les caisses de l’État sont vides, vous suppliez nos partenaires au développement de nous tendre la perche et de vous sauver de la chute. Je suis contre une annulation pure et simple de la dette publique des pays africains. Certains de mes concitoyens s’en offusqueront et ne vont pas manquer de douter de mon patriotisme. C’est à la fois très simple voire affligeant de dilapider ou de détourner toute honte bue des milliers de milliards de francs CFA et profiter de la pandémie pour demander mieux quémander à nos partenaires au développement de passer l’éponge. Et après ce discours aux contours misérabilistes, il ne faut pas s’étonner Macky Sall que les autres puissent avoir un regard condescendant sur nous autres africains. On peut s’en indigner, mais vous et les hommes de votre acabit leur facilitent grandement la tâche.

Au-delà de ces protestations et autres indignations sélectives, il faut hélas revenir à la morale politique que nous avons le devoir de tirer de l’œuvre d’Albert Camus comme l’a rappelé votre porte-parole, l’ancien journaliste Abdou Latif Coulibaly dans sa contribution intitulée : “ L’inconscient néocolonial mais dont il se garde de tirer les enseignements et les conséquences pour ne pas vous frustrer Et pourtant, c’était net et précis ce qu’il suggérait. C’était lourd de sens et de portée “ Un point, c’est tout “, mais l’intellectuel a préféré suivre la vague des autres thuriféraires zélés pour ne pas perdre ses privilèges que de vous asséner ses “ vérités “ même tronquées.

Et c’est un autre malheur pour le Sénégal et sans doute le plus grand d’assister de manière frénétique au volte-face d’une partie de son élite, qui voit le danger arriver, mais qui refuse de dire au commandant de bord qu’il se dirige droit au mur avec des conséquences incalculables à force de manœuvres dangereuses et maladroites pour le navire.







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