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L’impact Du Covid-19 Sur L’industrie Immobilière (abdou Kane)

Afin de faire face aux conséquences économiques, financières et sociales de la  crise du Covid-19, le gouvernement du Sénégal a pris une batterie de mesures d’économie de guerre pour soulager et appuyer les secteurs les plus touchés pour une continuité de l’activité économique. Une série de mesures a été réservée aux entreprises dans le but de favoriser le maintien des salariés et des dérogations permises dans l’utilisation de la main d’œuvre notamment dans les secteurs nécessaires pour la continuité de la vie économique et sociale. Pour les ménages, une prise en charge pour une tranche sociale des factures d’eau et d’électricité va amoindrir les charges du ménage même si la mesure laisse à désirer puisque que tous les ménages ne sont pas concernés ; et ceux qui étaient éligibles avant le «confinement» risquent de ne plus l’être durant la période bimestrielle à cause de la hausse de consommation en eau et électricité. Cependant, aucune mesure n’a été prise dans le secteur de l’immobilier dans un contexte de limitation de déplacement avec le slogan «Restez chez vous». Il est clair que ce secteur est affecté, mais peut-être moins d’autres d’où son écart dans les mesures annoncées. Peut-on aussi dire que l’Etat n’a pas voulu se pencher sur ce domaine après son échec de 2014 sur la loi relative aux baisses du loyer. Or, il apparait que cette situation exceptionnelle donnait l’occasion à l’Etat de rectifier le tir et en profiter pour recenser les produits à usage locatif non déclarés pour une meilleure imposition fiscale à l’avenir. A défaut de paiement d’un mois de location, une réduction de 50% du prix de la location durant deux mois était nécessaire face à cette situation de force majeure. Cette réduction allait impacter dans les entreprises (employeurs et salariés), restaurants, universités privés, les ménages etc… et cette période ne serait pas prise en compte dans le calcul de la fiscalité immobilière pour les bailleurs. Aussi, une gèle des expulsions durant la pandémie serait une situation géniale favorisant le respect de limitation de déplacement pour éviter de voir des familles dehors à la recherche d’un toit. Mais avec l’attitude passive de l’Etat, on risque d’assister à une pluralité de saisine des juridictions d’instance tendant à faire expulser des locataires en situation difficile due aux suites du Covid19 dans un contexte de rareté des visites de local et de produits immobiliers disponibles. En ce sens, j’avais soutenu dans un post la création d’une commission de règlement des litiges à naître (location, dettes, promesse etc…) des conséquences du Covid19 pour désengorger les tribunaux et de favoriser des solutions rapides à l’amiable avec des modes alternatifs de règlements des conflits puisqu’on tend après le Covid19 à une vacance judiciaire impliquant le renvoi à date lointaine de plusieurs procédures. Le second impact réside dans les transactions à travers les ventes de terrains, maisons et appartements etc… Certaines procédures étaient en cours de réalisation et la limitation des déplacements et des visites de terrains, de maison et la signature des actes de vente au niveau du notaire ont fait suspendre ces diligences. Une situation qui va impacter les agences immobilières, les courtiers etc….favorisant un manque à gagner pénible avec souvent le retrait des clients face à cette situation exceptionnelle (le vivre devient une réelle priorité…). En dernier lieu, Les services de la production, de l’aménagement, de la promotion et de la construction dépendants des collectivités territoriales et de leurs services administratifs dont la réactivité et la rapidité des missions qui leur sont confiées sont amoindris par l’exigence des mesures sanitaires et le respect d’un service minimum. Beaucoup de personnes qui travaillent dans le bâtiment ont une activité connexe avec les notaires, géomètres, experts immobiliers, les agents immobiliers etc… L’histoire a montré qu’il était difficile de sortir d’une économie surtout si celle- ci s’installe dans la durée. La maladie est présente et aucune date ne peut être retenue comme sa fin. La limitation de déplacement des personnes implique l’arrêt des activités et de surcroit une difficulté d’honorer beaucoup d’engagement contractuel en particulier la location, les prêts immobiliers etc… Des mesures conjoncturelles sont annoncées pour sortir de ce passage très difficile. Pourtant, l’Immobilier peut être un refuge et des mesures structurelles peuvent être prises pour permettre de relancer l’activité économique en attendant le retour à la norme d’autres secteurs. L’Etat pourra favoriser des prêts pour les propriétaires des maisons ou de terrains détenteurs de titre foncier ou bail pour augmenter leurs capacités et développer leurs économies. C’est pourquoi, Il est nécessaire pour le gouvernement de s’appuyer sur le secteur immobilier afin de favoriser la disponibilité immédiate des demandes de bail et titres fonciers qui sont en souffrance dans les tiroirs pour une meilleure garantie de prêt au niveau des institutions bancaires. En revanche, compte tenu des mesures sanitaires et l’absence d’une partie du personnel, les délais de traitement des dossiers de crédits dans les banques déjà supérieurs à ceux qu’ils sont habituellement en début d’année pourraient s’allonger à nouveau, c’est pourquoi Il serait nécessaire de faire un bouchon double pour faire bénéficier du crédit aux demandeurs en l’espace de deux (2) mois. Aussi, L’aide de plus de 12 milliards consacré aux sénégalais de la Diaspora peut être consommé à moitié dans ce pays et cette forte somme sera peut être recyclée dans l’immobilier avec une mise à disposition d’une Cité pour les sénégalais de la diaspora afin de leur permettre de préparer leur retour. La pandémie a montré qu’on ne serait mieux que chez soi et le rêve des sénégalais de la diaspora est d’avoir un toit. De ce fait, au lieu de permettre la relance d’économie d’autres contrées, cette forme sera consommée par nos entreprises, ouvriers, magasins etc… et impactera sur la vie économique du pays. 

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Abdou Bakari Kane

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