« J’ai eu quelques coéquipières qui ont eu des enfants et pendant la mi-temps. Elles doivent soit allaiter, soit tirer le lait et ensuite retourner sur le terrain », se souvient Italee Lucas, basketteuse américano-angolaise
«Voir cela et en faire l’expérience… c’est comme si elle avait une différente forme de force ». Il n’est pas facile de jongler avec le fait d’être une mère et être une joueuse de basket de haut niveau. Des questions sur les effets de la grossesse sur votre corps à la peur de la réaction de votre employé, mettre au monde comporte ses propres défis dans l’univers du sport.
Lors de l’Afrobasket de l’année dernière, le tournoi de basket-ball africain le plus en vue qui s’est tenu au Sénégal, seuls 25 des 144 joueurs étaient des mères, soit environ deux mères en moyenne dans une équipe de 12 personnes.
On peut dire que l’exemple le plus connu de femme faisant du sport pendant sa grossesse est celui de Serena Williams. En 2017, Williams a remporté son 23e titre du Grand Chelem à l’Open d’Australie alors qu’elle était enceinte de sa fille Alexis Olympia Ohanian. « J’ai joué au basket toute cette année-là, j’ai reçu des coups,… comme d’habitude. Dès que j’ai arrêté de jouer, c’est à ce moment-là que ma bosse est apparue », raconte la Camerounaise Baleta Mukoko. Elle n’a réalisé que plus tard qu’elle était enceinte. Elle jouait pour l’équipe de France des moins de 16 ans lorsqu’un mal de dos l’a envoyée chez le médecin, qui lui a révélé qu’elle était déjà enceinte de sept mois. « J’ai eu le temps d’accoucher, car c’était en juin et la saison a recommencé en août, donc j’ai eu le temps de récupérer ».
Comme Serena Williams, Mukoko a pu revenir au sport de haut niveau. Mais l’un des thèmes clés autour du fait d’être une mère et une athlète est le « sacrifice ». En 2019, la championne olympique de sprint Shelly-Ann Fraser-Pryce a célébré sa victoire aux Championnats du monde d’athlétisme avec son fils Zyon. Elle a évoqué le fait qu’elle avait manqué la première journée sportive de Zyon en raison de ses engagements à l’entraînement et combien cela avait été difficile pour elle. Mukoko comprend parfaitement le dévouement et le sacrifice nécessaires pour être une athlète de haut niveau. « Mon premier (enfant) vit avec ma mère car le sport me prend beaucoup de temps, et je ne le vois déjà pas beaucoup ». « Je ne le vois que pendant les vacances et certains week-ends. Je pense que pour mon prochain, je ferai une pause côté carrière ».
Une interruption de carrière est elle nécessaire ? Quel sera l’impact de cette interruption de carrière sur une carrière sportive ? Seraije pénalisé financièrement ? Allyson Felix, six fois championne olympique, a engagé son sponsor Nike après avoir affirmé que le géant du vêtement de sport voulait la payer 70 % de moins après qu’elle soit devenue mère. C’est un combat que Félix a fini par gagner, mais ce sont quelques unes des questions qui traversent l’esprit de certains des athlètes avec lesquels j’ai parlé lors du tournoi. Et qu’en est-il d’avoir un bébé quand on ne peut physiquement pas jouer ?
C’était le cas de la capitaine de la Côte d’Ivoire, Mariama Kayoute: « J’avais été opérée des deux genoux, je m’étais déchiré les ligaments. C’est après l’opération du premier genou que j’ai pensé : « Ok, pourquoi ne pas avoir un enfant et continuer le basket après ? Maintenant, je suis très fière d’avoir mon enfant ». Avec l’évolution des temps et des mentalités, la question de la maternité comme obstacle à la carrière d’une femme est une question qui ne devrait pas être posée, selon Natosha Cummings-Price, l’entraîneur national de Mukoko: « J’ai vu des femmes jouer un an à l’université, avoir un enfant, et revenir pour finir championnes de la conférence ».
Cummings-Price, entraîneur d’une équipe de basket-ball universitaire aux États-Unis, déclare « Le choix d’une femme ne définit pas sa carrière sportive. Si vous êtes prête à faire le dur travail et à vous engager à vous remettre en forme parce que c’est la chose la plus difficile pour la plupart des femmes qui reviennent d’une grossesse, c’est de remettre réellement le corps dans la condition physique qui est nécessaire pour jouer au basket ».
Cependant, Cummings-Price ajoute que « c’est leur choix s’elles choisissent d’avoir une famille, et ce que nous les encourageons à faire, c’est de ne pas abandonner leur carrière ». Mais M. Cummings souligne qu’il y a une chose qui fait toute la différence pour les athlètes qui ont donné naissance ou qui cherchent à fonder une famille tout en jouant: « Il s’agit du soutien que vous recevez de la part du personnel d’entraînement et de votre administration. Tant que le soutien est là, le ciel est la limite pour tous ceux qui veulent jouer au basket ».
Par Emeline Nsingi NkosiBBC Sport Africa