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Le Redressement Économique RÉside Dans Les RÉformes

La propagation rapide de la pandémie du Covid-19 bouleverse profondément la sécurité et la quiétude de l’humanité. Le monde contemporain est confronté à une crise inédite, à un choc alambiqué entre l’homme et la nature.

La communauté internationale fait face à un nouveau contexte marqué par des perspectives économiques mondiales complexes et difficiles à un moment où l’anxiété et l’augmentation des pressions à la baisse reflètent en général un certain désarroi de l’économie mondiale confrontée à des défis tels que la contraction de la demande globale et le ralentissement drastique de la croissance de la productivité globale des facteurs.

La baisse des prix du pétrole met à rude épreuve la situation budgétaire des pays exportateurs nets de produits pétroliers et pèse sur leurs perspectives de croissance.

La réunion restreinte des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine qui s’est tenue le 03 avril 2020, en visioconférence,  a été l’occasion de discuter sur les risques qui pèsent à court terme sur les systèmes sanitaires et l’économie africaine et les options politiques possibles pour relever les défis.

En ce qui concerne le Sénégal, différents instruments et mécanismes ont été mis à contribution pour déployer au mieux une réponse sanitaire et économique en vue de limiter la propagation de la maladie et minimiser les impacts de la crise sur l’économie nationale, ce à travers le paquet global de riposte constitué du Programme de Résilience Economique et Sociale (PRES) d’un coût global de 1000 milliards de FCFA, du Fonds de Riposte et de Solidarité « FORCE-COVID 19 », de l’aide alimentaire d’urgence, entre autres.

Un « chœur sanitaire » pour atténuer les impacts économiques de la pandémie

Si le Sénégal est à ce jour à un niveau de maitrise de la propagation de la pandémie, c’est bien grâce à la très haute vision politique du président de la République, à l’engagement patriotique élevé de tous les acteurs politiques et de la société civile, à l’esprit collaboratif du peuple, et bien sûr au professionnalisme bien connu des services de santé de toujours contribuer au progrès sanitaire du pays et à son rayonnement sur la scène régionale et internationale.

Le contraire aurait été difficile à comprendre quand on sait que, en dépit de moyens très limités, le personnel soignant assume avec enthousiasme et beaucoup de bonheur leur rôle de rempart sanitaire pour apaiser surtout les inquiétudes de la population.

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Toutefois, dans un monde où les catastrophistes prédisent des scénarios apocalyptiques pour l’Afrique, seuls la solidarité, le civisme populaire et le professionnalisme des services sanitaires permettraient de surmonter les difficultés et de briser le cercle vicieux « sous-développement -mauvaises conditions sanitaires-maladies-sous-développement».

Agissant en qualité de « régulateur social et économique», l’Etat est dans son rôle capital pour réduire dans l’immédiat les risques et préparer l’après COVID-19 pour le système de santé et le redressement économique.

Encore que, conviendrait-il d’admettre que le monde de l’après Covid-19 va bien changer avec la révision des politiques nationales qui implique du réalisme et des choix difficiles parmi différentes priorités.

Dès lors, il requerrait de faire davantage pour le renforcement de la mise en œuvre des mesures prises pour juguler la crise, renforcer le filet de sécurité financière pour l’Etat et le secteur privé, chercher des solutions rapides à la relance des entreprises, éviter la situation de risque de dépression économique et renforcer le soutien aux sénégalais de la diaspora.

Comme la croissance économique attendue sera très faible et passera de 6,8% à moins de 3% et qu’il subsiste des risques de détérioration, il faudrait examiner tous les mécanismes pouvant permettre d’accroître la production effective et potentielle au moyen de réformes structurelles, au moyen d’investissements qui accroîtraient le capital productif et soutiendrait la demande intérieure pour la croissance.

Instrument de la politique économique, la réorganisation du budget de l’Etat ne devrait pas desservir la croissance. Dans la mesure du possible, il faudrait tenir compte de la stratégie de relance future en stimulant le capital productif par le financement des dépenses publiques d’investissement ou par l’effet de levier à travers le partenariat public-privé (PPP).

De la gestion de la crise à la préparation de l’après Covid-19, le redressement économique réside dans les réformes

A la pression baissière, le gouvernement a très tôt relevé qu’il est indispensable de recourir à un plan de riposte cohérent mais il serait également nécessaire de limiter les impacts de la crise par le choix de réformes ambitieuses de sorte à impulser ultérieurement les énergies du marché et des entreprises. Il nécessiterait alors de privilégier les ajustements ciblés pour rendre la résilience économique plus performante et efficiente.

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En effet, les perspectives de récession globale s’installent sur toutes les grandes économies, la situation s’avèrerait critique pour les économies en développement, si le Sénégal n’entame pas des réformes structurelles  profondes et courageuses aujourd’hui, son œuvre de transformation structurelle de l’économie à travers la mise en œuvre du PSE s’en trouvera compromise.

La poursuite de la politique macroéconomique et la mise en œuvre des mécanismes de riposte sont certes importantes, mais les réformes structurelles sont nécessaires pour insuffler une nouvelle dynamique à l’économique nationale. L’ancrage ferme dans la réalité est essentiel pour la mise en œuvre des actions concrètes et efficientes pour l’économie et les ménages.

Évidemment, sur le chemin de l’émergence voire du développement, il y’aura toujours des sceptiques aux réformes, à l’innovation et au progrès ; c’est pour cela que ceux qui sont impliqués dans le processus de développement économique feront souvent face à des circonstances inévitables dans leur travail. Il est toutefois impératif d’adapter les attitudes en vue d’approfondir les réformes pour juguler les problèmes aigus qui entraveront le développement du pays.

Le gouvernement gagnerait, en outre, à stimuler la consommation intérieure et de restructurer les entreprises d’Etat en difficultés.

Sur le plan de la souveraineté alimentaire, il convient de reconnaitre que le Sénégal a fait des progrès dans la production agricole mais il devrait résoudre davantage sa situation d’importateur net de denrées alimentaires.

Soubassement stratégique de sécurité alimentaire et de nutrition, de développement d’entreprises rurales et gestion des ressources naturelles, de garantie des moyens d’existence des ruraux, de moyen d’intégration sur les chaines de valeur, l’agriculture est une source significative de nourritures, d’emplois et de revenus pour le Sénégal et particulièrement pour les ménages en milieu rural.

Si le pays souhaitait fondamentalement bruler des étapes dans son processus de développement, il faudrait arpenter le chemin de la grande modernisation agricole qui devrait être ancrée dans une économie marchande planifiée orientée vers le marché en promouvant davantage le développement sur tous les plans de l’agriculture (agriculture vivrière / agriculture de rente), de l’élevage, de la pêche, de la sylviculture et de la pisciculture.

Aussi, nécessiterait-il de prendre en particulier des initiatives vigoureuses pour rendre l’agriculture sénégalaise plus efficiente en développant la productivité agricole, en encourageant la transformation par une politique d’industrialisation rurale à vocation agricole et en réduisant les goulets d’étranglement infrastructurels, les déficits d’intrants agricoles et de semences améliorées.

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La politique de l’aménagement du territoire devrait désormais prendre en compte les questions relatives à la création de circuits commerciaux et de surfaces commerciales modernes par les entreprises nationales et les organisations socioprofessionnelles pour la distribution des biens et services dans les régions du Sénégal. 

Les réformes devraient également concerner le secteur de la pêche dans la mesure où le pays pourrait favoriser principalement les ouvraisons des produits halieutiques avant de les exporter.

L’accès et le coût du financement demeurent un des facteurs pénalisant le soutien à la production nationale et le développement de la PME-PMI. Le Gouvernement en tirerait mieux profit en prenant des initiatives favorables au renforcement du taux d’épargne, encore faible, ce qui n’assure pas la mobilisation significative de fonds pour la croissance.

Il est essentiel de renforcer les systèmes de protection et d’encourager la baisse du taux d’usure actuel des réseaux de micro-finance plafonné autour de 27 %.

Par ailleurs, le président de la République appuie le  déploiement, dans les meilleurs délais, de l’assistance de l’Etat aux sénégalais de la diaspora affectés par la pandémie. Bien qu’un plan sectoriel de contingence a été élaboré dans ce sens, il est aussi essentiel d’entreprendre une réflexion  sur le rôle de la migration de l’après Covid-19 à l’effort de développement national.

En définitive, la pleine utilisation du capital humain pour la transformation structurelle de l’économie ne se fera qu’après une parfaite émancipation du système sanitaire et une utilisation appropriée des compétences.

Aujourd’hui, chaque citoyen sénégalais essaie de s’acquitter au mieux de ce qu’il doit à la patrie. Face aux circonstances, le leadership politique du président de la République, les prières des guides religieux, l’élan de solidarité nationale des acteurs politiques et de la société civile, le civisme populaire, l’alliance patriotique du secteur privé et le professionnalisme des services de santé pourraient contribuer à la réalisation précoce des objectifs de résilience sanitaire et de redressement économique.

Mamadou SARR est économiste, expert en commerce et développement international. Il a été distingué « GUERTE D’OR » édition 2019 de la FIKA dans la catégorie Partenariat international.







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