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Faire Face Aux Impacts Economiques Du Covid-19 Tout En RÉpondant Au Souci De PrÉvention

Contexte :

Au Sénégal où le premier cas a été enregistré le 2 mars 2020. A l’instar d’autres pays du monde ou la pandémie sévit, pour y faire face, le gouvernement du Sénégal a pris des mesures successives allant de la fermeture des écoles, la fermeture des frontières du pays, un couvre-feu, l’interdiction des voyages interrégionaux et, tout récemment, le port obligatoire de masque dans certains endroits bien ciblés. Le gouvernement, malgré les appels de beaucoup de spécialistes a jusqu’ici refusé le confinement total des sénégalais.

Au la suite du gouvernement, des mairies ont soit fermé, ou réduit les horaires d’ouvertures des marchés de quartiers, au moment où les marches hebdomadaires sont interdits de fonctionnement sur l’ensemble du territoire.

Malgré cette batterie de mesures, la situation n’est pas encore maitrisée. Tout au contraire, les cas augmentent et plus inquiétant encore, ceux dits communautaires.  La situation au 21 Avril 2020 est de plus en plus alarmante avec un total de 412 cas. Ce qui est plus inquantant encore est le nombre croissant de cas dits communautaires qui s’élèvent à plus d’une quarantaine au moment de la mise en page de .

Malgré les mesures, les taux de croissance par jour augment à un taux inquiétant :

Si le Sénégal est en train de guérir ses COVID positifs à un rythme assez satisfaisant ( ), il n’en est pas de même pour l’arrêt de la propagation de la pandémie. En effet, les résultats au 20 avril, 2020 montrent que les mesures prises sont contre-productives.

Le taux journalier (graphe) de personnes testées positives était de moins de deux personnes par jour avant la fermeture des écoles. Ce taux est passé à plus de 6 cas/jour au moment du couvre-feu, a plus de 9 cas/jour par la suite au moment où le gouverneur de Dakar a renforcé les mesures préventives sur le transport et à plus de 11 cas/jour quand le ministre de l’Intérieur a fait du port du masque une obligation dans les transports et lieux publics et de travail.

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Dans le même temps, le nombre de cas communautaires est passé de moins d’une personne par jour en moyenne à plus de deux personnes/jour entre la mise en place du couvre-feu et l’obligation du port du masque. 

Il ressort de ces observations que les mesures jusque-là prises sont contre-productives et méritent d’être revues. Une des explications de ces résultats est le fait que le couvre-feu, la fermeture de certains marchés de quartier et la réduction des horaires d’ouverture d’autres, créent des affluences favorables à la transmission du COVID-19, en particulier des cas communautaires. Qui plus est, en dehors des grandes surfaces, peu de marchés publics ont mis en place des mesures d’hygiène pour prévenir la transmission.

A côté de la vitesse croissante de la transmission, le Sénégal doit fait face à la paupérisation des petits entrepreneurs

Le gouvernement du Sénégal refuse d’adopter le confinement total pour préserver les emplois et revenus précaires du secteur informel et permettre, en général, à l’économie nationale de continuer de fonctionner. Toutefois, les mesures sur le transport, les marchés ainsi que la psychose créée par le COVID-19, ont un impact économique négatif sur un secteur qui emploie près de 90% des travailleurs sénégalais.

En effet, beaucoup d’agences internationales ainsi que des services publics ont opté pour le télétravail. L’interdiction des rassemblements ainsi que le couvre-feu ont fini d’arrêter beaucoup d’activités économiques dont l’impact se sent jusqu’au niveau des producteurs. 

Des conducteurs de taxi ont été obligés de rentrer dans leur village, faute de clients. Des restaurants sont fermés et les hôtels ne fonctionnent quasiment plus. En conséquence, les agriculteurs, éleveurs et aviculteurs n’arrivent plus à écouler leurs productions. La fermeture des frontières du Sénégal et des pays destinataires des exportations agricoles augmentent le désarroi des producteurs et de toute la chaine de valeur.

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Même si la distribution de vivres aux familles pauvres est à saluer, elle ne règle pas les problèmes à moyen et long terme des petits entrepreneurs, les plus larges pourvoyeurs d’emplois. Et pourtant des solutions existent.

Sauver les petits entrepreneurs tout en garantissant l’application de mesures strictes de prévention

Pour les marchés de quartier

Les riverains, la mairie et les représentants des commerçants peuvent s’accorder des jours alternatifs de vente et d’achat. Il s’agira de définir un calendrier de présence alternatif pour des commerçants vendant les mêmes produits. Pour ce qui est des riverains et des acheteurs venant d’autres quartiers, des jours alternatifs de visite peuvent aussi être décidés et communiqués à tous les usagers potentiels. Des cartons portant différentes couleurs représentant le jour d’achat pourront être distribués aux riverains. Par ailleurs, il devra être exigé le port de masques aussi bien aux commerçants que clients. Ces mesures seront renforcées par des stations de lavage des mains à l’entrée de chaque porte du marché. Pour mettre ce système en marche, le gouvernement pourrait appuyer les marchés avec des agents de sécurité de proximité. Les entrées devront être espacées pour assurer la distanciation sociale.

Pour les marchands ambulants : un système alternatif de présence pourra être instauré sur la base de fiches d’enregistrement. Des gilets avec des couleurs différentes pourront être utilisés et des espaces dédiés identifiés. Les marchands devront aussi obligatoirement porter un masque, de même que le client. Le nombre de marchands et de clients devra aussi être limité.

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Pour les producteurs agricoles : le gouvernement, devra travailler avec les organisations professionnelles pour la mise en place rapide de petites industries de transformation et de conservation des produits agricoles et d’élevage. Cela permettra de créer de nouveaux débouchés aux produits agricoles sénégalais.  Une partie du budget du Plan de Résilience Economique et Sociale pourrait être réorientée vers cette initiative.

Pour les artisans : empruntant la même démarche que pour les agriculteurs, le gouvernement devrait inciter les artisans à mettre en place des produits innovants pour des stations de lavage des mains, la fabrication de masques et d’habillement pour la prévention. Une telle initiative devra se faire avec le concours du ministère en charge de l’artisanat, du ministère de la santé et des organisations professionnelles pour homologuer les produits qui seront distribués dans le marché.

La distribution des produits : les TIC offrent d’énormes opportunités pour organiser et faciliter la distribution des biens et services en ligne. Toutefois, pour ce faire, le gouvernement devra étudier l’allègement des mesures sur le transport interrégional avec la mise en place de mesures d’hygiène garantissant la sécurité des marchandises transportées.

Conclusion :

Les mesures prises par le gouvernement du Sénégal apparaissent pour le moment, contreproductives aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique. invite à explorer des solutions qui combinent mesures préventives et redémarrage de l’activité économique, en particulier, au soutien des micros et petites entreprises sénégalaises.  

Il reste entendu que certaine de ces mesures peuvent être prises au niveau local, d’autres demandent l’intervention de l’Etat pour s’assurer des moyens financiers, mais surtout pour garantir la santé publique.

Source du graphique en illustration : Base des données statistiques publiées par le Ministère de la Santé du Sénégal







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