Au Sénégal, tout observateur attentif constate que les programmes de soutien aux populations dites défavorisées ont toujours laissé un goût amer. C’est même à croire que l’opinion publique, à travers quelques lanceurs d’alerte, traque le moindre faux pas sur le chemin des différents gouvernements qui ont eu à gérer des opérations de cette nature. Malheureusement, les différents gouvernements sont tombés dans cette sorte de chausse-trappe.
Ce gouvernement-ci ne déroge pas à la règle, perturbé dans son élan par une tempête médiatique heureusement vite étouffée —pour l’heure en tout cas — par le président de la République. Lequel a pu mesurer la clameur d’indignation en apportant des correctifs dans son dispositif de gestion de la logistique de l’aide destinée à ses concitoyens affectés par les ravages sanitaires et économiques de cette pandémie.
En effet, Macky Sall sait très bien que les partenaires au développement du Sénégal goûteraient peu un détournement supposé des fonds mobilisés pour la riposte par l’attribution frauduleuse des marchés de cette aide. Pour la bonne et simple raison qu’il ne peut vouloir une chose et son contraire. Demander l’annulation de la dette pour atténuer les terribles et imprévisibles contrecoups qui seront créés par la pandémie du Covid-19 ne peut s’accommoder d’un quelconque soupçon de collusion avec ses partisans politiques. Ce serait tout simplement se faire hara kiri !
Pour autant son plaidoyer pour l’annulation de la dette risque d’être un coup d’épée dans l’eau, même si, dans son offensive médiatique tous azimuts à travers France 24 et le quotidien Le Figaro, il n’a cessé de prévenir les partenaires du Sénégal et de notre continent que si « l’Afrique tombe, le monde tombe ».
De son point de vue, « une Afrique impuissante face au Covid-19 restera une menace pour le monde », d’où l’impérieuse nécessité de soulager notre continent du lourd fardeau de la dette — dont le paiement serait insupportable — tout en faisant face aux répercussions désastreuses de l’après-pandémie sur nos économies et sur nos vies.
A vrai dire, le monde d’après Covid19 se relèvera difficilement des dégâts manifestes qui n’épargneront personne. Dès lors, il est plus à redouter un repli généralisé sur soi qu’un sursaut de solidarité et de partage des dividendes de cette catastrophe venue d’ailleurs que de notre continent habituellement indexé de toutes les pestes de la terre. C’est pourquoi, les bouleversements économiques et socio-politiques qui se profilent dans un proche horizon poseront plus de problèmes qu’ils n’en résoudront.
Alors, autant le virus dégage des postillons susceptibles de propager à grande échelle la maladie, autant la bataille pour son endiguement ne peut s’accommoder de considérations politiciennes et de bavardages inutiles.
Oui, cette affaire de Covid-19 est trop sérieuse pour qu’on puisse jouer avec ou se laisser distraire par elle. Cela est valable aussi bien du côté du gouvernement, qui est à la manœuvre au nom et pour le compte du peuple sénégalais, que de celui de ceux qui crient haro à la magouille et au détournement d’objectifs de l’aide destinée aux populations. Attention ! Il n’est pas question ici de donner blanc-seing à des pratiques hors normes et des dérives qui transgressent l’orthodoxie de la bonne gestion.
Les comptes seront faits en temps opportun et au besoin réclamés avec insistance par une opinion publique exigeante et désormais de plus en plus soucieuse de transparence et de bonne gouvernance. Pour l’heure, ne nous trompons donc pas de combat et de priorités car le mal progresse et touche des zones jusqu’ici épargnées. Virus invisible, cas communautaires invisibles. Équation difficile à résoudre d’où l’alerte des techniciens de santé sur la riposte musclée à apporter par le port systématique de masques et le confinement séquentiel ou général des quartiers ou régions infestés.
Visiblement, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge Covid-19.
Oumar-Diouf FALL
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