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Dame Ndoye Ou La Fin Tragique De Ces PÊcheurs De Gueth Ndar !

Dame Ndoye aimait sincèrement sa femme, il n’hésitait pas à élever sa femme aux dessus des belles-dames de Ndar en lui offrant de belles parures, des tissus de Bazin riches et des « Waxx » grâce aux revenues qu’il tirait de ces Thiofs, dorades, mérous. Il se souvenait avec nostalgie de son passé glorieux où la pêche était rentable.

Malgré ces temps durs, Dame Ndoye était victime de son premier amour, la mer. Il quittait chez lui, dès l’aube pour rallier les plages de Gueth Ndar. En s’embarquant dans sa pirogue, Dame espérait que la mer, lui offrirait ce qu’elle avait de plus précieuse. Depuis une semaine, lui et son équipage sont en haute mer avec leur pirogue « Sambarakh », la lune restait leur seul guide. Il errait au large de l’océan à la recherche de petites sardinelles, prêtes au « Pépéshou » soupe à la sardinelle, bon plat pour ce pauvre qu’il est devenu. Le bruit des marmites et les chants timides de ces frères lui donnèrent la force en tant que capitaine d’équipage, de continuer. Ndiaga s’occupa de temps en temps à les égayer par ces talents de comédien.

Au fur et à mesure qu’ils avançaient, l’espoir de nouvelle prise se dissipait. Ces sardines, ces Yaaboys et ces foutus Pans Pans de bateaux chinois, russes et européens ne laissaient rien passer avec leurs filets voraces. Les filets mono-filaments interdits depuis 1998 qu’ils utilisaient, les permettaient de ramasser quelques miettes laissées par ces monstres, un petit crime contre les petites espèces, un petit crime dont ils ne sont pas les coupables, c’est leur gagne-pain. Après avoir tourné en rond sans pouvoir prendre dans leurs filets aucun poisson. Le peu de sardinelles qu’ils avaient comme réserve, les maintenait en vie sans pour autant satisfaire leur faim.

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Dame ne voulut pas faire demi-tour à cause de sa femme qui était à son 8ème mois de grossesse. Il ne voulait pas retourner sur terre avec les mains vides alors qu’il devait prendre en charge les médicaments, l’accouchement, le baptême et sa vieille mère malade. L’équipage qui commençait à se décourager, décida après une longue discussion, de virer au Nord vers les eaux mauritaniennes. Des eaux très poissonneuses qu’ils avaient déjà visitées, il réussissait tout le temps de semer les gardes mauritaniennes. Ils décidèrent avant de partir, de retourner à Saint-Louis pour s’enquérir de la situation, et leurs frères de Guett Ndar les rassurèrent du temps merveilleux qu’il faisait.

Ils repartirent malgré ce brouillard qui les envahissait de frayeur, arrivés dans les eaux mauritaniennes, ils commencèrent à pécher. La gaieté se voyait dans leurs visages à la vue de ces espadons, ces capitaines graisseuses et dodues qui sautillaient. Cette joie fut de courte durée, interrompue par une brève détonation. Ndiaga, qui s’activait à tirer les filets, tomba le premier comme un statut sur les eaux, son sang colorait une mer brumeuse. Les autres n’eurent pas le temps de se ressaisir que des rafales pleuvaient, une partie de l’équipage tomba sur la pirogue et les autres dans les eaux. C’étaient les gardes côtes mauritaniennes qui les avaient repérées, ils s’étaient trouvés dans les eaux interdites de pêche. Dame touché par les balles, faisait partie de ceux étaient tombés dans les eaux. La balle avait touché son cou précisément une de ces veines jugulaires, l’hémorragie commençait à le rendre inconscient alors qu’il se noyait.

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Pendant ces 2 minutes qui lui restaient à vivre, ces pensées s’emmêlaient rapidement, cet enfant qui naîtra sans lui, à la souffrance de sa chère mère qui agonisera certainement du vide qu’il allait laisser, à son épouse qui ne s’en remettra peut-être pas. Il regretta de ne pas pouvoir se reposer à la cimetière paisible de Thiaka près des rivages, il aurait aimé y être enterré comme tout bon Lébou, mais n’a-t-il pas là une mort digne, comme l’aurait aimé un vrai Lébou, dans les bras de son premier amour, la mer ?

À ces pensées, il enleva sa main sur son cou, se laissa aller, flottant dans les eaux, les yeux au ciel. Il voyait ces aigrettes gazelles, ces albatros et ces pétrels qui volaient aux dessus de lui. Ces oiseaux le hurlèrent, le chahutèrent et ils l’accusèrent avec véhémence d’avoir volé leurs petits desserts de sardinelles en guise d’excuse, il leur invita à se servir de son corps inerte.







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