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Les Maires Et La PÉriode Post Covid-19

La pandémie du Covid-19 a bouleversé le monde et ses effets sur l’homme, son environnement, son mode de vie et les différents systèmes d’organisation mis en place sont encore méconnus. Mais d’ores et déjà, la situation actuelle a fini de tracer les contours du rôle et de la place de l’élu local auprès de ses administrés. Une occasion pour, au sortir de cette crise, repenser,  redéfinir, rehausser, revaloriser et  redonner du prestige à cette  fonction. Le maire, est un citoyen certes mais, c’est le dépositaire de la confiance de tout un terroir, c’est le représentant d’une communauté – quelle que soit sa taille – il est au service des citoyens. Il a droit à un statut digne de son rang et de sa fonction.

Le processus de décentralisation, au Sénégal, a franchi, ces dernières années, une évolution significative, grâce aux différentes réformes engagées et visant à faire du territoire l’acteur majeur de conception et de mise en œuvre des politiques de développement socio-économique du pays. 

Et dans le contexte actuel de lutte contre le Covid-19, les exécutifs locaux au Sénégal, à l’instar de toutes les élites locales du monde, sont en première ligne dans cette bataille engagée contre cet ennemi invisible. Car la proximité aidant, il est plus facile de sensibiliser, de mobiliser et de réaliser le faire-faire.

Plusieurs initiatives de sensibilisation et de mobilisation sont mises en œuvre, dans les contrées les plus reculées du pays, auprès des populations et en fonction des réalités locales, déroulées dans les quartiers et les villages, sans grands rassemblements et avec toutes les précautions préconisées par les autorités sanitaires.

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Ainsi donc, des moyens conséquents sont mobilisés, avec une célérité rarement observée dans les procédures d’engagement, de liquidation et de paiement des dépenses, pour faire face à la crise alimentaire, mais aussi pour organiser la résilience au niveau local, avec des actions de soutien aux structures sanitaires et aux comités locaux de lutte contre la pandémie.

Cependant, en dépit de tous ces efforts et nonobstant la kyrielle de possibilités accordées par l’État aux collectivités territoriales depuis l’indépendance, différentes évaluations, tout au long du processus, ont unanimement révélé l’existence de grandes contradictions qui minent la politique de décentralisation au Sénégal.

Après la victoire contre cette pandémie, nous assisterons à une reprise culturelle, sociale, politique et économique…, avec un nouvel ordre. Celui-ci, qui se profile déjà à l’horizon, verra entre autres, immanquablement sous nos tropiques, une redéfinition de concepts tels que solidarité, proximité, décentralisation, territoire, élu local,…

Dès lors, il devient légitime d »engager une sérieuse réflexion sur les jalons à poser, pour aplanir ces écueils de la gouvernance urbaine et/ou territoriale, pour des élus réconciliés, avec eux-mêmes d’abord, avec les services déconcentrés de l’État ensuite, et, avec les organisations de la société civile au niveau local, enfin.

Être élu local au Sénégal, est presque devenu une mission impossible, en raison de la place qu’il occupe dans l’action publique locale et de la fonction même qu’il incarne.

Qu’ils soient maires, adjoints, ou conseillers, ils sont pour la plupart victimes d’un sentiment d’impuissance vis-à-vis des services déconcentrés de l’Etat central (préfet, infirmier, chef de poste, procureur de la République …) et des organisations de la société civile, (du secteur privé, des mouvements de jeunesse,…)

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Dans le nouvel ordre qui se dessine, après cette crise sanitaire, des textes clairs devront donner aux élus des attributions sans ambages et leur assurer, un certain nombre de garanties et de droits pour un statut de l’élu local à la hauteur des défis inhérents à la gestion des affaires sociales, culturelles, domaniales,…locales.

Un statut permettant à ces grands commis au service des collectivités territoriales de bénéficier dès leur installation, des formations nécessaires, susceptibles de les mettre en situation de relever les défis de la représentation, et, de s’acquitter convenablement de leur mission tout en  préparant leur insertion professionnelle à l’issue du mandat.

Par ailleurs, désigné pour gérer et administrer les affaires de ses concitoyens, le maire ou le président du conseil départemental doit pouvoir bénéficier d’un régime juridique, dérogatoire au droit commun dans ses rapports avec la justice, pour une nécessaire protection de l’exercice du mandat.

Non ! Le premier magistrat d’une localité au Sénégal, ne devrait plus être embarqué manu militari, pour des faits se rattachant à l’exercice de ses fonctions. Les demandes d’autorisation d’arrestation et les mesures privatives ou restrictives de libertés pourraient être formulées par le Procureur général près la cour d’Appel et transmises au Garde des sceaux, ministre de la Justice. Et celui-ci appréciera  le caractère sérieux, loyal et sincère des poursuites civiles ou pénales.

Il ne s’agit pas là de violer le principe sacro-saint de l’égalité des citoyens devant la loi mais d’un souci de protection d’un mandat. Il ne s’agit pas d’un privilège, mais d’un moyen destiné à assurer la liberté nécessaire à l’exercice d’un mandat

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Enfin, pour lutter contre la corruption et la concussion dans les Collectivités territoriales, la déclaration de patrimoine devrait être obligatoire, au plus tard un mois après la date de prise de service, pour tous ceux qui ont été désignés pour assurer les charges de chef de l’exécutif  local.

Abdallah Atyr Ba est Conseiller Technique AMS







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