Le Directeur de la communication du ministère de la Culture et de la Communication est sorti de sa réserve pour s’expliquer sur la polémique née de la manière partisane dont l’aide à la presse que le Chef de l’Etat a fait passer du simple (700 millions) au double (1,400 milliard) pour cause de l’impact négatif des effets du Covid-19 sur les entreprises de presse, a été distribuée.
Alors que les acteurs des médias s’attendaient à ce qu’il décline les critères d’attribution de cette aide et surtout, publie la liste des ayants droit et les montants reçus, pour rester sur la volonté de transparence, clairement réitérée hier, encore en conseil des ministres, par le Président de la République, à son patron, Ousseynou Dieng s’est prêté à une sorte de baroud d’honneur avec des arguments spécieux dans le seul but de jeter l’anathème sur la presse privée du Sénégal.
Enfonçant des portes ouvertes, il fonde son argumentaire sur la caducité de la loi 96-04 organisant l’aide à la presse. Mais aussi, la prolifération des sites en ligne qui, selon lui, se sont partagés 260 millions en lieu de 120 millions, habituellement. M. Dieng qui en veut visiblement à la presse privée indépendante, ne n’est pas non plus privé de rappeler les nombreuses fois que l’Etat du Sénégal a annulé la dette fiscale des médias et/ou autres redevances qu’elle restait devoir à l’Autorité pour la Régulation des télécommunications et des postes (ARTP).
Pourtant, on n’a aucune souvenance d’une annulation des redevances même si celles-ci ne sont pas honorées. Même le président du Cdeps, Mamadou Ibra Kane en prendra pour son grade. Son pêché : avoir publié un communiqué au nom de ses pairs dénonçant les conditions d’attribution de l’aide alors qu’il serait le premier à venir prendre son chèque.
Encaisser de l’argent qui est dû ne signifie pas approuver l’opacité qui entoure cette affaire. Alors qu’on attendait à plus d’informations sur la répartition de l’aide comme le réclament le Cdeps, la CJRS, l’Appel et le Synpics qu’il cite pourtant comme étant témoins de cette «forfaiture» qui ne dit pas son nom, le directeur de la Communication, convoque également le développement exponentiel des radios communautaires qui ont vu leur part passer de 125 à 280 millions.
Bien qu’il soutienne, lui-même, que la concentration de différents supports au sein d’un seul groupe est bannie (par la loi), il ne s’est pourtant pas gêné d’affirmer que les grands groupes de presse qui, selon lui, sont au nombre de sept, ont vu leur part doublée voire triplée, passant de 112 à 225 millions. A moins que sa langue ait fourché, les «7 majeurs» devraient empocher au total, 1,575 milliard.
En revanche, s’ils se partagent les 225 millions annoncés, alors chaque groupe devrait percevoir un peu plus de 32 millions. Ce qui est loin d’être le cas en vérité. Ce qui apporte ainsi de l’eau au moulin à ceux qui contestent l’aide qui leur a été attribuée à l’image de Bougane Guèye Dani qui a craché sur 30 millions, nonobstant ses différents supports (journal, radio, télévision, site internet…)
Last but not least, une partie de l’argent (combien ?) est destinée au Cesti parce que soutient M. Dieng, il y a «trop dérives» dans les médias particulièrement la presse en ligne. Par conséquent, il serait nécessaire de former davantage les journalistes.
Sur la liste des ayants droit, il cite aussi l’agence de presse sénégalaise en se rappelant de son rôle hautement important de pourvoyeuse de dépêches aux journaux. Pourtant, cette agence est en train de mourir de sa belle mort à cause d’une absence de politique de restructuration. Quant au Soleil, sa part se justifierait par le «travail extraordinaire» qui est abattu.
En gros, 225 millions ont été attribués à 7 grands groupes, 280 millions aux radios communautaires et 260 millions à la presse en ligne. Ce qui fait un total de 765 millions sur une enveloppe de 1,400 milliard. Quelle est la destination des 435 millions restants ?