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Courage… Fuyons !

Les chiffres et statistiques du Covid 19 s’affolent et égrainent leurs tristes litanies désormais par centaines de cas positifs, conduisant à des morts de plus en plus inquiétantes, et face à ce désastre annoncé, les propos du chef de l’etat ont eu la prégnance incarnée en deux mots aux allures d’oxymore qui se résument ainsi : «Courage… Fuyons !!!».

Le Sénégal s’est encore illustré dans sa capacité à toujours parler des alentours du problème plutôt que du problème lui-même. Il est encore préférable sous nos contrées de parler de la manière dont il convient d’être enterré si l’on décède à l’étranger, plutôt que de la façon d’éviter de mourir, oubliant que la terre est la même partout, dès lors qu’on doit y vivre six pieds dessous. Mourir, on s’en fout, c’est être enterré ici ou là qui importe le plus, faisant fi des règles d’hygiène mortuaire les plus élémentaires et universellement admises.

Le discours du Président Macky Sall a parcouru deux moments véridiques absolus. La stigmatisation qui nous fait considérer le Coronavirus comme une maladie honteuse, et qui nous mène, ultime paradoxe à fuir un hôpital lorsqu‘on est atteint, plutôt que de s’y précipiter, et le manque de courage qui aurait été nécessaire de nous faire admettre qu’il nous faut largement plus de deux mois pour apprendre à être moins sales et à vivre avec ce satané virus en s’appliquant les inévitables et salvateurs gestes barrières. Sinon, tout n’aura été que reculades.

Face aux pressions des familles maraboutiques qui auront pesé sur une suicidaire réouverture des lieux de culte, où c’est bien connu, il ne peut rien nous arriver de fâcheux, protégés que nous serions par les Saints qui ont traversé notre Sainte histoire. Cette irresponsabilité face à un virus qui explose et se répand, nous la paierons cher, et le clergé catholique a bien compris que face à cette légèreté, il fallait rester prudent, pour ne pas dire responsable de ses ouailles.

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 Pour Benjamin Ndiaye, il est urgent d’attendre. Dieu reconnaîtra les siens. Que valent des prières dans des lieux de culte, alors qu’on se fout comme de l’An 40 de l’avenir de nos enfants dont il est évident qu’ils vont être les sacrifiés de cette année qui n’ose s’afficher comme blanche, paradant sur un système qui permettra à seulement 2 % de nos enfants de suivre des cours numériques. Nous avons inventé le virus qui va au lit à 21 heures, après avoir cavalé toute la journée de nos mains à nos visages, et qui se réfugie harassé dans une chambre de 15 mètres carrés où sont entassés des dizaines de personnes. C’est sûr qu’on peut parader sur les plateaux-télé encombrés de chroniqueurs bien masqués et qui passent leur temps à tripoter leurs masques en s’invectivant de mots chargés de postillons assassins. Ce n’est pas de confinement ni de couvre-feu dont nous avons besoin, mais d’éducation hygiénique et de rigueur empêchant des policiers de distribuer des sauf-conduits contre de l’argent à des personnes qui s’offrent ainsi des passe-droits. Nous avons besoin de courage pour crier aux Sénégalais qu’ils ne sont pas moins vulnérables que des Américains ou des Français, auxquels nos décisions font, comme par hasard souvent écho. Nous devons mettre ce pays en ordre de bataille contre un mal qui n’est pas celui de la pauvreté, mais juste du désordre structurel dans lequel nous baignons joyeusement depuis 30 ans et qui a été révélé par ce microbe minuscule qui met à nu nos inconséquences. L’Etat a juste manqué d’autorité. Courage… Fuyons !!!

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