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Les Tarikhas Au Sénégal Sont-elles Devenues Des écuries Confessionnelles ? (mame Saliou Gueye)

Décidément, les plateaux de télévision ont fini par nous imposer des émissions de théâtralisation portant sur la vie et l’œuvre de nos illustres érudits (El hadj Malick SY, Baye NIASSE, Cheikh Ahmadou Bamba, Mame Limamoulaye etc.) durant tout le mois de ramadan aux allures de compétitions ouvertes entre confréries. Apres chaque émission, des internautes relatent dans les réseaux sociaux (facebook, whatsapp, instagram…)  les faits et gestes de leur guide spirituel. En effet ces espace numériques ouverts constituent une tribune pour des fanatiques par pure ignorance de se tirailler et se rivaliser en bombant le torse avec des expressions de nature : « yeuf yi fileu », « sama Serigne amoul morom », « mofi soute », « mom rek la yalla maye » entre autres,  allant jusqu’à jeter le discrédit sur les enseignements d’un autre érudit. Dès lors, apparait le narcissisme confrérique poussant certains zélateurs à proférer des insanités comme si les tarikhas sont des écuries religieuses avec un trophée en jeu. Ainsi ceux qui n’ont pas encore saisi, qu’elle est révolue l’air des diatribes et autres invectives entre congénères de cette même religion mahométane ne sont en vérité que de pauvres simples d’esprit. L’utilisation de ces guides religieux à des fins de compétition ternit l’image même de l’Islam et renforce l’audimat de ces mêmes médias si l’on sait tous qu’après le Ramadan l’essentiel de leur programme est souvent aux antipodes des enseignements de ces mêmes hommes de Dieu.

 Pourtant, ces joutes oratoires auraient plus d’impact positif pour le bien être des téléspectateurs, si les thèmes débattus portés sur l’éducation, la place de la femme dans la société, le code de la famille, le travail, la jurisprudence islamique…  tels que enseignés par ces érudits de leur vivant en mettant de côté le sensationnel, l’émotionnel et tout ce qui relève de l’imaginaire. Vouloir en faire une source de compétition effrénée entre eux, c’est méconnaître leurs enseignements qui concourent tous à l’adoration de Allah, aux recommandations du prophète et au respect strict des préceptes de l’islam. Tous de leurs vivants, ils se vouaient un respect mutuel et réciproque sans animosité ni jalousie. N’est-ce pas cette symbiose fraternelle entre congénères cultivée par les anciens qui est à l’origine de notre prototype de modèle d’islam confrérique.

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Ce qui nous unit est plus important de ce qui peut nous désunir à plus forte raison dans un pays à majorité musulmane célébrant le même Dieu et le même prophète Mohammed (PSL) où l’islam prône l’amour du prochain. Ainsi chacun est libre de célébrer et d’afficher son appartenance confrérique sans pour autant sombrer dans un fanatisme béat en sous estimant l’autre dans ses convictions religieuses. Comme disait le vénéré Al Makhtoum paix à son âme en ces termes : « être trop juif, trop musulman, ou trop chrétien, cela risque de nous encombrer dans le vide du sectarisme, soyons partisan de Dieu directement si nous voulons vivre en paix ». Ce faisant, la volonté de vivre en commun et en parfaite harmonie dans un pays à forte connotation confrérique dépend de l’acceptation de nos différences et de la tolérance de l’autre dans ses croyances et convictions.

Faudrait-il le reconnaitre c’est le cancer de notre société et on note une forte dose d’hypocrisie car ces soi-disant animateurs n’ont aucune culture religieuse de ces hommes de Dieu exemplaires pour filtrer la part de vérité sortant de la bouche de ces troubadours fanatiques avides de pouvoirs et de dons ostentatoires offerts publiquement par des téléspectateurs zélés qui frisent le mépris et l’insolence au moment où bon nombre de nécessiteux en ce mois béni de Ramadan peinent à joindre les deux bouts dans ce contexte de pandémie mondiale.

Mame Saliou GUEYE et Daouda NDIAYE, professeurs d’Histoire Géographie

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