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Point De Vue Sur Le Nouveau Coronavirus

Apparue en décembre 2019 en Chine, la maladie du Covid-19 née de l’acronyme anglais (coronavirus disease 2019) a commencé dans la province de Hubei à Wuhan n’en finit  toujours pas de poursuivre son élan sinistre au fur et à mesure de sa progression. C’est une maladie qui se manifeste généralement par une forte fièvre, de la toux et des difficultés respiratoires. La contamination reste insidieuse et très élevée, le bilan macabre constamment mis à jour, il se différencie d’un point du monde à un autre. De l’Asie, en Amérique en passant l’Europe et l’Afrique et l’Océanie, le nouveau coronavirus a fini de faire le tour du monde en moins de six mois à la faveur des voies aériennes principalement. Ce qui est arrivé, on le voyait venir. La communauté internationale n’a pas su avoir l’intelligence et la diligence de le prévenir en prenant des mesures idoines pour stopper le mal à la source préférant parler de maladie chinoise.

Le Covid-19  se particularise surtout par la rapidité de contagion qui lui donne son statut de pandémie. On n’a pas encore compris la maladie du fait de ses mutations  spontanées, de ses spécificités complexes induisant en erreurs beaucoup de spécialistes. On note qu’il y a beaucoup d’espace pour la spéculation et très peu de certitudes, les rumeurs les plus folles circulent (théorie du complot, manipulation ratée de produit chimique, plan de dépopulation, etc.) parfois escortées par une mauvaise foi. Pendant ce temps, la maladie continuait sa propagation mondiale.

Curieusement, la possession du matériel médical n’est pas suffisante pour autant pour combattre le COVID 19, car il y a  tout une stratégie technique qu’on doit creuser, apprendre, connaitre pour faire un traitement de qualité. Les grandes puissances semblent impuissantes face à cette crise sanitaire  malgré leurs grands moyens (infrastructures sanitaires de qualité, plateau médical relevé, personnel soignant qualifié…). Les petites économies semblent moins affectées, les raisons demeurent encore mal connues et les hypothèses sont nombreuses.

Présente en Afrique depuis plus de deux mois, la maladie progresse timidement, la même situation est constatée au Sénégal, elle reste généralement pareille et se heurte à une forte  résilience. Cela peut s’expliquer du fait que les pays africains ont certainement une expérience plus récente des crises et des épidémies (tuberculose, sida, choléra, ébola…). Le continent africain présente une évolution optimiste et rassurante même si elle offre des variabilités que certains offices occidentaux activent pour tirer la sonnette d’alarme, en versant malheureusement dans des jugements tendancieux qui traduisent beaucoup plus des relents de racisme que des opinions rationnelles et logiques. 

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On ignore certainement à quand la fin de la pandémie ? C’est la raison pour laquelle : on doit apprendre à vivre avec le virus et à s’habituer de sa présence. Il ne s’agit pas de laisser  propager le virus mais de le cloîtrer, de l’isoler, de le barricader de sorte qu’il se désagrège doucement. Cela doit passer par un changement des rapports sociaux, en évitant de fréquenter les zones à risque, coupant ainsi la chaine de transmission en usant des gestes barrières (lavage systématique des mains, port obligatoire du masque, écart physique, tousser ou éternuer dans le creux du coude, éviter les accolades et de serrer la main lors des salutations …). Par conséquent, il faudra être discipliné, ingénieux, prudent, responsable, pour rompre la chaine de transmission. Le lien social sera simplifié pour un temps, ce sera le sacrifice certainement. C’est un combat quotidien pour une bonne hygiène et une lutte de tous les instants, aucun individu n’a le droit de contaminer le restant de la communauté pour satisfaire une convenance personnelle.

Il est fondamental de respecter les consignes sanitaires. Dans les pays sous-développés où le secteur informel est la trame principale de l’économie, il sera important d’innover et de développer d’autres stratégies encore intelligentes. C’est là qu’on attend le leadership de l’Etat, notamment sa compétence, sa pédagogie, la psychologie et sa capacité de résolution des obstacles, d’offres de solutions innovantes et émergentes pour traverser cette période.    

L’Afrique n’est pas l’Europe, les réalités ne sont pas les mêmes, les solutions de sortie de crise ne seront pas identiques évidemment. Les conditions de précarité et de promiscuité dans lesquelles vivent les populations africaines n’épousent pas totalement le respect des mesures de distanciation sociale. Les pays africains ne peuvent pas se permettre le luxe de se confiner au risque de créer d’autres difficultés, nos modes de vie n’officient pas les conditions d’une restriction sérieuse, le confinement n’a de sens et d’efficacité que si les environs  immédiats de la région concernée ne sont pas infectés, la porosité de nos frontières demeure une problématique majeure. Les populations se déplacent sans prendre en considération les réalités des frontières. Autrement dit, tant qu’il reste un bastion de la maladie quelque part dans le globe, le risque de contamination restera réel, nous vivons dans un monde ouvert et interdépendant.   

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L’Afrique devra gérer la pandémie en tenant compte de ses réalités socioculturelles, religieuses et économiques, et essayer de mettre à profit cette lenteur encore énigmatique de propagation de la maladie. Egalement, profiter de nos atouts (la jeunesse, l’environnement) qui sont des avantages non négligeables qui restent encore mal exploités par nos experts. Certainement, l’occident n’en ferait pas de même si le schéma inverse était constaté. Ces instants restent difficiles pour les autorités politiques parce que leurs décisions pourraient avoir des glissements profonds pour leurs populations. La situation n’est pas facile, il faut le dire, c’est une étape compliquée qui demande du courage, de la retenue, de l’humilité, de la documentation et la capacité à faire face à la pression avant de se prononcer.  

Il est urgent de développer rapidement des plans de relance tout en renforçant évidemment les mesures barrières proposées par les acteurs de la santé. De toute façon, même après la maladie, on ne se débarrassera pas de sitôt des mesures de restriction. Vouloir attendre la fin totale de la pandémie, pour relancer son économie me parait suicidaire, l’angoisse d’un peuple engendre le désespoir et peut mener vers le chaos. On risquerait malencontreusement de dégrader le tissu social et vivre des situations désastreuses (émeutes, révoltes, insurrections…).     

Il faut que l’autorité centrale déroule courageusement son protocole sanitaire sans tomber dans l’autoritarisme naturellement et en tenant compte des avis des  médecins. Au regard de nos modestes moyens, le dépistage massif semble à la limite une option utopique mais on pourra certainement faire un dépistage ciblé qui reste moins onéreux et plus efficient principalement dans les zones les plus touchées.

Il n’y a pas de solutions toutes faites. Il y a des forces en marche : il faut les secouer par la conception, le réajustement, le réalignement et les résultats suivent avec le temps. De la même manière, les autorités locales doivent appuyer pleinement les stratégies communautaires notamment par l’implication du conseil de sages dans les quartiers, les associations de jeunes, les groupements de femmes… qui peuvent de manière digeste interpréter la maladie au niveau de la base. Ces relais communautaires doivent être associés dans la lutte pour que les solutions puissent prendre vie peut être au début dans une certaine confusion avant que la mouvance ne puisse se bonifier avec le temps.

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Cette stratégie va facilement permettre de conduire les grandes orientations et les plans d’action pour les prochains jours voire mois. Cette crise n’est pas une fatalité. C’est un état qui peut être surmonté si tout le monde s’y met. Cette lutte contre ce fléau doit être portée individuellement et collectivement.   

Cette pandémie n’est pas la première dans l’histoire de l’humanité, elle ne sera pas la dernière certainement. On doit se préparer à voir d’autres émerger naturellement. L’espèce humaine doit apprendre en réalité à respecter son environnement pour bien s’adapter aux contingences naturelles.

Par ailleurs, il est intéressant de remarquer que tous les Etats du monde partent à chance égale dans la course vers la découverte du traitement et près d’une centaine d’études sur le Covid-19 ont été menées. Il y a une carte à jouer, l’enjeu pour le pays qui trouvera le vaccin, c’est la production à peu près de 8 milliards de doses. Imaginé ! La Chine s’engage dans la recherche, l’Amérique mise sur ses puissants laboratoires, l’Allemagne lance des essais cliniques, la France opte sur le pragmatisme de ses professeurs à l’exemple de Didier Raoul.  

J’encourage les pays africains de bien travailler pour trouver un remède, le monde a changé,  brisons les chaines de la dépendance pour un monde nouveau : c’est une question de survie. Les Etats-Unis et la France s’empoignent déjà pour l’exclusivité d’un éventuel traitement prophylactique du Covid-19 proposé par le laboratoire Sanofi sous le regard médusé de l’OMS. La santé n’a pas de prix, elle doit s’éloigner totalement de ce service stipendié et de groupe de pression.  

Je salue surtout le courage de Madagascar et le leadership de son président Andry Rajoelina d’avoir lancé le COVID-Organics. L’option de la tisane et de la quinine comme adjuvant semble efficiente. Cette crise doit rompre in fine les fantasmes historiques des grandes puissances et de ce chauvinisme attaché à une perspective purement monogéniste. La recherche scientifique n’est pas figée, elle reste dynamique. La solution pourrait venir d’Afrique !

Oumar Kamara est professeur d’histoire-géographie, aux C.P. Limamoulaye 







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