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Abdourahmane Diouf Dans L’Œil Du Cyclone

La crise qui oppose l’entreprise Akilee et la Senelec a eu de graves répercussions sur le Club des Investisseurs du Sénégal (CIS) touché de plein fouet pour avoir apporté son soutien à la start-up. Ce qui a débouché sur une vague de démissions au sein du CIS au point de pousser le président, le fondateur de Sedima, Babacar Ngom à faire son mea culpa.

Mais manifestement, ces départs au sein du CIS résultent aussi d’un malaise provenant du salaire exorbitant et «contesté» du directeur exécutif de la structure, Dr Abdourahmane Diouf. Ce dernier est cité en boucle dans cette affaire. Ce qui l’a remis sur la sellette, lui qui s’était retiré du monde politique, tout en décidant de revenir s’installer au Sénégal après plusieurs années passées en Suisse.

«Le CIS est pris dans une tempête. La cause : une motion de soutien à une jeune entreprise sénégalaise dont les principaux acteurs sont membres du CIS. Erreur sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, je ne connais pas les termes du contrat liant Akilee à la Senelec. Et sur la forme, nous n’avions pas consulté tous les membres. Je voudrais humblement, sincèrement reconnaître, ici et maintenant, mon erreur et présenter mes excuses à tous ceux que cela a dérangé, déplu ou agacé. Mea culpa, maxima culpa !

L’erreur est humaine, je reconnais la mienne», avait confessé en substance le fondateur de la société avicole Sedima et non moins président du Club des Investisseurs du Sénégal, après une polémique née du soutien du CIS à l’entreprise Akilee qui est en bras de fer avec la Senelec. Mais apparemment, la crise au sein du Cis serait beaucoup plus profonde qu’on ne le pense. Et elle résulterait d’un malaise dû aux émoluments faramineux du cabinet du directeur exécutif qui n’est personne d’autre que Dr Abdourahamane Diouf. «Le comportement du président du Club Babacar Ngom est aussi mis en cause.

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Mais selon des informations reçues à Dakaractu, le problème est tout autre. En effet, ce qui a réellement mis le feu aux poudres estle recrutement et le traitement salarial du Directeur Général exécutif du Club en la personne d’Abdourahmane Diouf, ancien du parti Rewmi», renseigne le site Dakaractu avant d’ajouter : «Le Club s’est retrouvé avec un capital de 800 millions Fcfa. Seulement, la plus grosse partie de cette enveloppe a servi à payer les salaires du cabinet d’Abdourahmane Diouf, rémunéré à hauteur de 18 millions par mois, pour une étude qui compte pas moins de quatre employés».

Et même si jusqu’à présent, l’intéressé n’a pipé mot pour confirmer ou infirmer ces critiques, il va s’en dire qu’il est à un tournant dans sa carrière. D’autant que dans l’affaire Akilee, certains membres du CIS lui reprochent d’avoir imposé ses directives sans consulter le conseil. Une polémique qui n’a pas encore livré tous ses secrets, mais qui «égratigne» quelqu’un qui est qualifié par plusieurs observateurs d’enfant prodiges et qui était longtemps considéré comme une embellie dans la grisaille politique.

 Il s’agit de Dr Abdourahmane Diouf, un homme dont le cursus, l’intelligence, l’éloquence et la courtoisie ont fini par faire l’unanimité tout en portant la politique sénégalaise ces dernières années à ses plus hauts firmaments. Né à Rufisque en 1970, cet ancien pensionnaire de l’université Gaston Berger où il a obtenu une maîtrise en droit public avant de s’envoler pour la Suisse, a été déniché en 2011 par Idrissa Seck à la veille de la campagne présidentielle de 2012 comme il s’en rappelle sourire aux lèvres, lors d’une interview : «Mon entrée en politique est une continuation intellectuelle de ma relation avec Idy. Tout est parti aussi d’une émission que j’ai faite en 2011 avec Fabrice Nguema qui me connaissait déjà comme docteur en droit sur les évènements du 23 juin. La tendance à l’époque, c’était de dire qu’Idrissa Seck a raté un très grand rendez-vous. Moi, j’ai développé un argument contraire pour dire qu’il a été toujours cohérent avec lui-même et on ne peut pas lui opposer le fait qu’il n’était pas présent à cette date historique dans la mesure où les combats tournaient autour de la dévolution monarchique et de la candidature d’Abdoulaye Wade, et il a été le premier à les mener», se souvenait-il.

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Jamais discourtois à l’encontre du leader de Rewmi dans ses différentes interventions publiques, le «Genevois» tape ainsi dans l’œil de l’ancien Premier ministre. L’idylle entre les deux hommes va durer près de 8 ans. «Nous ne demandons pas la détestation des autres, mais l’amour de soi, de nous-mêmes et du Sénégal» Un compagnonnage qui a permis à Dr Diouf de diriger, dès l’élection de Macky Sall à la tête du pays, la Sones pendant 6 mois avant d’en être éjecté.

Après la dernière élection présidentielle au cours de laquelle il était le directeur de campagne de la coalition dirigée par Idrissa Seck, le Rufisquois décide de rompre les amarres avec le leader de Rewmi. Il met tout bonnement un trait sur la politique.

Entre-temps, il décide de rentrer définitivement au Sénégal pour servir son pays en apportant son expertise et son expérience emmagasinées au cours de ses nombreuses pérégrinations en Europe et à travers le monde sur le plan économique. Le CIS en profite pour l’enrôler en le nommant directeur exécutif. Défenseur acharné du patriotisme économique, ce diplômé en communication va tenir un discours mémorable, 24h après, sur la préférence nationale, lors des concertations sur le contenu local, au Cicad : «Dans les marchés internationaux, au niveau de l’Omc et partout où on débat des marchés, il y a ce qu’on appelle le traitement spécial et différencié. Le protectionnisme économique, tel que nous le comprenons au niveau du Club des investisseurs, ce n’est pas la détestation des autres mais l’amour de soi, l’amour de nous-mêmes, l’amour du Sénégal du point de vue économique.

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Vous êtes membres de l’Omc et de l’Uemoa, cela veut dire que vous ne pouvez pas prendre des règles nationales discriminatoires mais il y a toujours des petites clauses et des niches de droit qui vous permettent de nous protéger», lance-t-il devant le Président Macky Sall avant d’ajouter sans ambages : « Achaque fois que nous sommes forts dans un domaine, dans une activité, s’il vous plaît, croisez les doigts, laissez le marché faire, laissez-nous prendre le maximum de marchés possibles parce que c’est là où nous sommes forts et personne ne va vous reprocher d’être un mauvais arbitre. Quand vous verrez que nous sommes moyens, agissez d’une seule main et essayer de nous protéger. Faites en sorte que nos entreprises prennent le maximum de parts de marché en sachant que vous êtes tenus par les règlementations. Mais M. le Président, quand nous sommes faibles, quand nous sommes vraiment faibles, nous comptons sur le chef de l’Etat du Sénégal parce c’est lui qui doit avoir la capacité de dire : j’ai des industries naissantes, j’ai des problèmes de développement rural, j’ai des problèmes de chômage et j’ai la latitude de protéger mon économie en tenant compte de toutes les protections existantes dans le droit de l’OMC et dans le droit communautaire ».

 Ses missions bien définies au CIS sont l’accès au marché, la promotion et la protection de l’investissement et la recherche dans le domaine économique car, dit-il, «le CIS veut être au cœur du débat économique ». Le voilà éclaboussé par cette affaire Akilee. Une situation qui a poussé le journaliste Abdoulaye Thiam à se poser cette question : « Abdourahmane Diouf, Tête de Turc ou Bouc émissaire ? »







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