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J’ai RÊvÉ

Oui il m’est donné de rêver et je rêverai tant et aussi longtemps qu’il ne me sera démontré que « Martin Luther King avait le monopole du sommeil ».

Quand le président de la République, Son Excellence Monsieur Macky Sall a annoncé un plan de résilience à hauteur de mille (1000) Milliards de FCFA, personne n’y croyait.

Certains sceptiques ont dit : il rêve. 1000 milliards !

Il a fixé un cap et nous y sommes parvenus en un laps de temps que personne ne pouvait soupçonner.

Rêvons, rêvons donc de choses possibles et donnons-nous les moyens de les rendre réelles.

Car comme le disait si justement John F. Kennedy, « Les problèmes de ce monde ne sont pas susceptibles d’être résolus par les sceptiques ou les cyniques dont les horizons sont limités par les réalités évidentes. Nous avons besoin d’hommes et de femmes qui peuvent rêver de choses qui n’ont jamais existé ».

Rêver est presque un devoir civique. Rêver peut devenir porteur de progrès.

Quelle fut la surprise d’un grand médecin de la place, membre d’un jury pour recruter le Directeur de l’IPRES, lorsqu’il me demanda quelle serait mon utopie si j’étais choisi, de m’entendre lui répondre que la retraite devrait être le moment le plus agréable de la carrière de tout travailleur dans notre pays.

J’en avais rêvé.

J’avais rêvé également, que le Sénégalais le plus démuni devrait pouvoir prétendre à la même qualité de soins médicaux, chirurgicaux et tout ce qui va avec que le plus nanti de tous les sénégalais.

Oui, j’en avais rêvé. Et j’y avais cru.

J’avais même osé solliciter de Son Excellence M. le président de la République, maître Abdoulaye Wade en son temps qu’il me donnât la chance de lui exposer mon rêve.

En présence de madame Ndeye Khady Gueye sa conseillère chargée du secteur privé, je m’étais permis d’exposer avec force documentation la faisabilité de mon utopie. Il était, je l’avoue, très agréablement surpris et impressionné par la pertinence de mes propos et des documents et données statistiques qui les sous tendaient.

Nous avons discuté pendant quatre-vingt-dix (90) minutes !! Il avait tenu à vérifier chaque donnée auprès de la DPS, du ministre des Finances Abdoulaye Diop, qu’il appela séance tenante.

C’était quoi mon rêve ?

En 2003, selon les statistiques de l’ancienne DPS, il y avait une population active de 4,5 millions d’individus, si nous démontrons que les 2/3 soit 3 Mio d’unités, sont capables de verser une moyenne de 72mille FCFA par an, nous pourrions récupérer 216 milliards de FCFA chaque année consacrée à la santé en sus du budget de près de 100 milliards en son temps, soit 316 milliards FCFA.

Pourquoi 72 mille FCFA ? Cette somme correspond à la cotisation réglementaire de base pour les IPM, part employeur et employé sur une année. Elle correspond à 6 000 FCFA par mois.

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À la même époque, il était également établi statistiquement qu’il y avait en effet, plus de 3 millions de personnes résidentes au Sénégal ayant des revenus supérieurs à 300 mille FCFA par an, c’est-à-dire 25 mille FCFA par mois. Elles étaient toutes capables de contribuer à hauteur d’une moyenne de 6 mille FCFA chaque mois pour leur santé et celle de leurs familles.

À l’occasion d’un séminaire organisé par le bureau de l’OIT à Dakar, les femmes entrepreneures appartenant au mouvement national des femmes entrepreneures du Sénégal avaient déclaré qu’elles dépensaient chaque jour plus de 5 mille FCFA pour des besoins médico-sanitaires.

L’association des professionnels de la mécanique auto (PROMÉCABILE) dirigée par Packy Thiam et les artisans du Sénégal membres des chambres des métiers avaient, tous, confirmé dépenser plus de 10 mille chaque semaine pour des besoins similaires, soit pour eux-mêmes, soit pour les membres de leur famille, soit pour leurs ouvriers et apprentis.

316 milliards en 2003 sont toujours supérieurs, 17 ans après, au budget de la santé en 2020 qui est de 198 milliards FCFA.

En 2020, la population active représente près de 55 pour cent de la population du pays. Prenant en compte les indigents exclus de toute capacité contributive, il serait raisonnable de penser que 6 millions de personnes résidant au Sénégal sont en mesure de contribuer pour 75 mille FCFA par an, soit 450milliards FCFA en sus des 198 Milliards inscrits au budget, soit, une cagnotte de 648 milliards FCFA, trois fois plus que le budget 2020 de la santé.

Que représente la somme de 75 mille FCFA par an pour un assurable qui doit payer des millions pour assurer sa famille et obtenir une extension à l’étranger si, de surcroît, désormais, le plateau technique devient si élevé que notre pays se transforme en destination du très lucratif tourisme médical ?

J’avais été surpris par la réactivité que mon rêve avait suscitée en 2003-2004 auprès de feu Issa Mbaye Samb, ministre de la Santé, M. Idrissa Seck, ancien Premier ministre qui avait, sur instruction du président, mis en place un groupe de travail pour formuler un avant-projet en vue de la tenue d’un conseil interministériel.

Figurez-vous qu’un simple agent du ministère des Finances qui se reconnaîtra m’a extirpé des douceurs de mon rêve en prétendant, à mon grand désarroi, que je les fatiguais avec cette utopie.

Il convoqua toutes les parties prenantes à la réunion de présentation de l’étude sauf moi, le promoteur et leur déclara que je venais ainsi de leur manquer de respect car, moi-même, je n’y croyais pas.

Pourtant, cette utopie que j’ai présentée comme mémoire pour mon Executive MBA à l’UQÀM a recueilli la note A+ en raison de sa pertinence, de sa faisabilité et de son caractère SMART.

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Elle me hante toujours et meuble mes rêves car je continue de croire qu’il faut créer quelque chose qui n’a jamais existé pour refonder notre système sanitaire, voire, notre système de protection sociale.

Cela fait du bien de rêver.

Un ami me disait que lorsqu’il voit la cagnotte du loto atteindre 100 millions de Dollars, 300 voire 600 millions de dollars, il est enthousiaste et achète un ticket. Plutôt quelques moments de rêveries car il se projette sur tout ce qu’il pourrait faire avec 500 millions de dollars. Cela étant, de peur de se réveiller, il ne regarde jamais les résultats des tirages car cela interromprait ses rêves.

C’est la même euphorie qui m’anime lorsque je pense à tout ce qu’on pourrait faire avec 648 milliards FCFA par an entièrement dédiés à la santé de tous les résidents au Sénégal, provenant de la poche des sénégalais et hôtes étrangers vivant parmi nous.

La retraite : un moment de bonheur « espéré »

Je persiste à croire que nous devrions pouvoir y arriver comme je reste persuadé dans mes rêves, que, si chacun des 12 millions d’utilisateurs du téléphone cellulaire consentait à verser cinq (5) mille FCFA par an pour améliorer les prestations au profit des retraités, facilement 60 milliards supplémentaires seraient affectés au bonheur que procure la retraite.

J’ai rêvé également que grâce au patrimoine dont le Bon Dieu nous a gratifiés, la terre, chaque travailleur devrait être pressé d’aller à retraite au lieu de la craindre comme la maladie à Coronavirus.

Je suis convaincu que nous pourrions y arriver.

L’État du Sénégal consacre des ressources très importantes au regard de ses moyens limités, à l’assistance aux populations et fait d’énormes efforts pour respecter les standards définis par l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Organisation Internationale du travail.

Malheureusement, l’absence d’un système homogène fondé sur une dynamique de solidarité bien comprise, admise par toutes les composantes socioéconomiques, et véritablement efficiente, contribue à écarter des bénéfices de la protection sociale et à enfoncer davantage dans la pauvreté, une grande partie de la population.

Aussi, ai-je été surpris de rêver de ce qui suit :

Et si, au lieu de laisser le privilège de jouissance de notre patrimoine commun que représentent les centaines de milliers d’hectares de terrain à quelques hauts fonctionnaires ou quelques grands caciques bien connectés, les États africains instauraient un accès transparent et équitable aux ressources foncières partie intégrante du patrimoine commun ?

Dans certains pays Européens, au 19ème siècle, devant la pression du foncier, le bail emphytéotique a été introduit pour limiter la spéculation immobilière.

Cet instrument permet à l’État, au lieu de laisser des terres sans aucune utilité sociale ou économique, moyennant des redevances, de tirer des revenus importants de la location qu’il donne à toute personne désirant mettre en valeur ou obtenir un droit de jouissance sur une terre ou un bien immobilier faisant partie du patrimoine commun pendant au moins 18 ans, voire 99 ans.

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Et si tous les loyers perçus au titre des baux emphytéotiques pouvaient aller vers le financement de la protection sociale ?

Pourquoi attribuer des centaines d’hectares à un seul individu qui les morcelle et les revend à prix d’or à tous ces spéculateurs, promoteurs et autres primo-arrivants sur le marché de l’habitat ?

Pourquoi ne pas inscrire une telle opération au titre de trois objectifs de protection sociale :

  1. Réguler le marché de l’habitat et lutter contre la spéculation foncière.
  2. Permettre l’accès au logement à des conditions plus soutenables à des jeunes, des jeunes couples….
  3. Générer des revenus plus importants pour le financement de la protection sociale

Les événements récents ont mis à nu la vacuité de notre système de protection sociale, à savoir, l’ensemble des dispositifs de prévoyance collective et de protection qu’une société accorde à ses membres pour les assurer et les aider à faire face aux principaux risques de l’existence, notamment sur le plan financier 

En dehors des accidents du travail, des maladies professionnelles, des prestations de l’assurance vieillesse et de la couverture maladie et des allocations familiales, aucun mécanisme de prévoyance collective permettant de faire face financièrement à la baisse des revenus ou à la hausse conjoncturelle ou accidentelle des dépenses n’est existant.

L’État en l’occurrence, a été obligé de faire appel à la générosité des concitoyens et amis du Sénégal résidents ou non, pour résorber le déficit de protection des populations vulnérabilisées et du tissu économique.

Cela démontre bien comment l‘inégalité, voire, l’insuffisance d’accès à la même qualité de soins, aux mêmes bénéfices sociaux, à la sécurisation des revenus des populations constituent, certes, une grande préoccupation mais doivent être considérées comme des sources d’inquiétude.

Mais, c’est, d’une part, dans le contexte global du développement social et du progrès économique qu’il faut considérer les régimes de sécurité et de protection sociales, et d’autre part, leur élargissement au plus grand nombre.

La protection sociale est, de nos jours, admise comme un déterminant de l’équilibre social conduisant à l’épanouissement physique, mental et au bien être indispensable à tout sujet économique.

Elle a, toujours, été considérée dans les pays en développement comme une résultante de la croissance économique contrairement à bon nombre de pays émergents ou développés qui, à juste raison, l’ont placée en toute première priorité pour permettre le développement économique et social.

Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Il faudra se réveiller.

youssouf.diop@gmail.com







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