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Le Virus De L’incompétence, Nettoyer Les écuries D’augias (2/2)

Dans ce lot de ministres qui ont montré leur incompétence dans la gestion de cette pandémie, en sus de Mansour Faye, il faut ajouter Mamadou Talla, le ministre de l’Education nationale, Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Intérieur et Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diop, ministre de la Culture et de la Communication.

Talla sur la première marche du podium de l’incompétence

La reprise ratée des enseignements et apprentissages aura montré les carences du ministre de l’Education. Sans planification, sans avis des experts médicaux du CNGE, Mamadou Talla aura fait croire ad nauseam au président que la reprise le 2 juin était possible pour les classes d’examen. En dépit des coups de semonce des enseignants, des alertes des parents d’élèves (je ne parle pas des associations collaborationnistes de parents d’élèves) de la société civile et même des politiques de tous bords, le ministre de l’Education a voulu obstinément rouvrir les écoles dont la plupart sans eau, étaient dépourvues de logistiques spécifiées dans le protocole sanitaire. Même pour les transporter à leurs lieux de services, dans des conditions de sécurité sanitaire optimales, Talla a regroupé les enseignants dans un capharnaüm humain indescriptible au Terminus Liberté V, les exposant à un risque de contamination rapide. Pourtant, l’arrêté du ministre de l’Intérieur n° 007782 du 13 mars 2020 interdit, pour des raisons de sécurité liées à la propagation du covid-19, toutes manifestations ou tous les rassemblements de personnes dans les lieux ouverts ou clos. Alors, pourquoi avoir convoqué des milliers d’enseignants dans un endroit pas très spacieux pour les convoyer dans des conditions qui favorisent la contraction et la dissémination du virus ? Il est indéniable que plusieurs des enseignants affectés par le Covid-19 ont été contaminés lors du chaotique départ à la Liberté V. Sachant que la rentrée du 2 juin allait être calamiteuse, on a fait état d’enseignants atteints du Covid en Casamance pour généraliser la mesure d’ajournement sine die de la reprise des cours. Dix enseignants malades asymptomatiques et remplaçables ne peuvent pas paralyser tout le système. Seulement, le ministre de l’Education a voulu masquer son incompétence et son impréparation avec l’alibi des enseignants infectés par le virus. Il faut oser dire nument la vérité : la logistique de guerre contre Sars Cov2 a été défaillante, insuffisante voire inexistante dans plusieurs établissements scolaire. Ce fiasco de la rentrée aura tempéré les jaculations extravagantes et l’outrecuidance débordante du ministre Mamadou Talla. Aujourd’hui, les enseignants sont en droit de porter plainte contre leur ministre devant la juridiction compétente pour « mise en danger de la vie d’autrui », « exposition à la stigmatisation » ou « non-assistance à personne en danger ».                          

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Aly Ngouille Ndiaye, lui, aura marqué cette crise avec une série de tergiversations et de cafouillages qui ont empreint ses prises de décisions. La rétractation sur la délivrance des autorisations de voyager de la Korité surnage dans nos mémoires. N’a-t-il pas menacé maladroitement les habitants de Touba qui rechignent de porter le masque alors que le port du masque n’est obligatoire dans certains cas de figure ? Sa flicaille n’a-t-elle pas usé ou abusé de la violence sur certains fidèles musulmans qui tenaient vaille que vaille à prier dans leurs mosquées au moment où à Medina Gounass et à Touba, l’on priait dans les mosquées sans être inquiété ? Pourquoi deux poids, deux mesures ?

Diouf Sarr : la crise dans la communication de crise

Abdoulaye Diouf Sarr, qui est au centre de cette guerre contre le virus, a montré ses limites dans la gestion de cette pandémie. Plus le temps passe, plus son incompétence est mise à nu. D’abord, même si en public le professeur Seydi a remercié le ministre Diouf Sarr, il est avéré que leurs relations sont plus que délétères. En sus, la communication de son ministère sur la gestion de la guerre sanitaire est alarmiste voire catastrophiste. D’une part, le discours est dramatisant, anxiogène au risque de favoriser la psychose et la stigmatisation. Les ministres Amadou Ba et Diouf Sarr, confortés par la Cour suprême, n’ont-ils pas dit avant le désaveu présidentiel, sur le compte du CNGE, que les dépouilles des Sénégalais émigrés décédés du Covid étaient fortement contagieuses au point qu’il faille les enterrer dans le pays où ils ont trouvé la mort ? Une telle attitude a eu un effet repoussoir chez ces populations de Malika qui ont refusé l’inhumation d’une victime du Covid dans les cimetières de leur localité.

La stratégie communicationnelle du ministre de la Santé et de ses agents est confuse, désordonnée voire inopérante. Chacun s’épanche dans les médias sans une réelle maitrise de la situation. Si Abdoulaye Diouf Sarr parle de l’acmé de l’épidémie atteint, aucune donnée épidémiologique ne le prouve. La courbe est toujours ascendante. D’ailleurs, il suffit de voir, le 06 juin passé, l’inquiétude affichée par le Pr Abdoulaye Bousso stressé pour mettre le holà au pseudo-optimisme du ministre de la Santé. D’autre part, la récitation ânonnante quotidienne des résultats des examens virologiques à laquelle s’adonnent laborieusement à tour de rôle, le ministre de la Santé, son directeur de cabinet Aloyse Diouf et la directrice de la Santé, Marie Khemesse Ngom Ndiaye, a fini par lasser certains Sénégalais du fait de son caractère dogmatique. Pire, la lecture bafouilleuse surtout en wolof est répugnante du fait d’une mauvaise diction doublée d’une méconnaissance de certains termes dans la langue de Kocc. Plutôt que de faire le kéké en s’adonnant à une récitation fastidieuse rotative, il est plus urgent pour le ministre Diouf Sarr d’affiner une bonne stratégie de communication de crise qui sensibiliserait à nouveau et mobiliserait davantage les Sénégalais en état de relâchement mortifère sur la nocuité du covid et dissiperait tous leurs doutes, oblitérant son discours et ceux de ses collaborateurs.  

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Aujourd’hui, on constate un effet de relâchement progressif dans l’observance des mesures barrières depuis que le Général, par maladresse communicationnelle, nous a indiqué de vivre avec le virus alors qu’on doit l’éviter, le fuir tout en menant nos activités professionnelles. Aussi incombait-il au service de com’ de Diouf Sarr d’itérer la parole présidentielle, d’en livrer la quintessence et la profondeur à ces Sénégalais qui pensent que l’épidémie est en voie d’extinction ou n’est encore qu’une fiction. Mais ce sont surtout les incohérences discursives et décisionnelles dont font montre les lieutenants du Général qui grossissent le rang des «corona-sceptiques». Il est indéniable que le manque de cohérence du gouvernement dans la gestion de cette crise sanitaire aura largement contribué au relâchement de certains Sénégalais.

Chez d’autres, le non-port du masque et le manque d’observance de certaines mesures barrières sont liés à l’indisponibilité des ressources pour se procurer de produits détergents et des masques. Le discours de prévention a ses limites quand il n’est pas sous-tendu par des actes forts. 

Dans ce hit-parade de ministres incompétents, que dire de l’illustre-obscur ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, (plusieurs journalistes et acteurs culturels ne parviennent même pas à l’identifier) qui a réparti entre copains et coquins l’aumône présidentielle décemment appelée aide à la presse ? Ce différentiel de traitement dans la répartition inique de l’aide pécuniaire est inadmissible dans un gouvernement qui se veut chantre de la transparence et de la bonne gouvernance. Si aujourd’hui, le ministre Diop et ses collaborateurs refusent obstinément de publier les bénéficiaires et le montant alloué à qui de droit, c’est parce que dans son propre ministère, des agents ont utilisé des simulacres de sites pour s’accaparer indûment l’argent destiné aux journalistes. Le scandale de la distribution de l’aumône présidentielle est à son paroxysme quand le troubadour Mame Gor Djazaka dont le seul mérite est de se « larbiniser » a arraché sa part du gâteau.

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Last but not least, le ministre du Commerce Aminata Assome Diatta et son homologue Moustapha Diop du Développement industriel et de la Petite et Moyenne Industrie complètent cette palanquée de ministres incompétents. Lesquels avaient conjointement signé, le 24 avril 2020, l’arrêté n°009450, rendant obligatoire la certification de conformité des masques barrières à la marque nationale de conformité « NS-Qualité Sénégal » avant que, sous la grogne des tailleurs, le dernier nommé ne recule, deux jours plus tard, par un autre arrêté. Assome Diatta qui avait interdit, à juste raison, la vente du pain dans les boutiques mais sans préconiser des mesures d’accompagnement compensatoires, avait fini par provoquer des engorgements monstres au niveau des boulangeries violant ipso facto la distanciation physique. C’est dire donc que la crise pandémique a fini par révéler au grand jour l’incompétence consternante et l’indécision effarante des lieutenants du Général.  

Les périodes de crise sont des moments majeurs de test politique. Et cette crise sanitaire (pour ne plus user fort de café du mot « guerre ») aura mis à nu l’incompétence des ministres de Macky Sall concernés qui ont décompensé après 90 jours de crise sanitaire. Mais puisque le contrat de confiance du peuple avec le président Sall s’achève en 2024, il lui revient, dès l’atténuation de cette crise, d’expurger du gouvernement cette horde de ministres carents dont l’incompétence dans la gestion de cette crise sanitaire est plus dangereuse que la crise elle-même. Il incombe au président Macky Sall de nettoyer les écuries d’Augias de cette pandémie de l’incompétence gouvernementale avant que les Sénégalais ne soient contagionnés par le virus des Maliens qui, depuis quelques jours, réclament le départ du président Ibrahim Boubacar Keita dont le pays, pataugeant dans la mal-gouvernance, est en proie, depuis 2012, à une profonde crise sécuritaire, sanitaire, politique et économique.

La première partie de l’édito est à lire ici

sgueye@







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