Faire des réalisations viables et durables pour sa collectivité nationale ou territoriale, ne doit pas être pour un homme ou une femme politique, un motif de fierté, de gloire ou de fanfaronnade imméritée/injustifiée. C’est un devoir, une nécessité qui lui incombe. C’est donc le contraire qui aurait plutôt surpris, étonné. Car, quand il/elle sollicite, avec un sourire commercial (i.e bien calculé et intéressé) les suffrages de ses concitoyens ou des populations de sa commune, c’est parce qu’il/elle se sent en mesure de répondre concrètement à leurs attentes et à leurs aspirations profondes. Du moins, c’est la promesse qu’il leur fit pendant la compagne électorale. Accordez-moi vos suffrages et je répondrai à vos besoins d’accès aux services de base. Par contre, ce qu’il feint de leur dire, c’est qu’il accède facilement à la richesse pendant que les populations peinent à avoir à leur tour, accès aux services sociaux de base, et que les moyens dont il se sert pour répondre à leurs attentes et aspirations, ne sont pas tirés de sa poche et de ses économies personnelles. C’est de l’argent public et donc du contribuable sénégalais. Peut-être, a-t-il un cœur de pierre et non de chair, un dessein inavoué et sombre pour exploiter son peuple. Sinon pourquoi la politique est devenue le raccourci le plus sûr pour s’enrichir et enrichir ses proches ? Pourquoi ne se préoccupe-t-il pas de la prochaine génération mais toujours de la prochaine élection ? Pourquoi s’obstine-t-il tant à vouloir frapper les esprits et non à marquer son temps de son empreinte indélébile ? Frapper les esprits ne relève-t-il pas de l’évènementiel, du sensationnel, de l’éphémère, du superficiel alors que marquer son temps relève du durable et donc de l’utile ?
Répondre aux questions ci-dessus impose ou du moins devrait contraindre et ordonner à tout homme ou à toute femme politique d’être humble, modeste. Ne nous apprend-on pas que l’humilité/la modestie c’est de l’or, du diamant ? L’homme n’est donc plus le remède de l’homme ? Pourquoi oublier comme nous le rappelle Seydou Bodian (In Sous l’orage) que l’homme n’est rien sans les hommes, il vient dans leurs mains et s’en va dans leurs mains ?
O toi homme politique : qui es-tu pour te croire suffisant ? Qui es-tu pour clamer si bruyamment que tu n’as pas besoin de conseils ? Qui peut véritablement s’enorgueillir de n’avoir pas besoin de conseils en ce monde ? Et pourquoi tant d’orgueil si mal placé. Un homme ou une femme politique doit-il/elle faire preuve d’une telle dose d’insolence, d’arrogance et de suffisance ? Le champ politique n’est-il pas par excellence un espace ouvert aux débats d’idées et à la contradiction ?
Le politicien aura beau amasser des richesses ici-bas, il ne les emportera pas dans sa tombe, encore moins dans l’au-delà. Il aura beau construire villas, immeubles et réussi à collectionner des voitures de luxe, il laissera tout derrière lui. Et pour ne pas laisser à sa famille, des regrets post-mortem, il doit chaque jour, pendant qu’il est encore en vie, implorer le Tout-Puissant pour que son héritage ne divise pas sa progéniture comme c’est souvent le cas. Doit-il alors se nourrir de la misère de son peuple ? (Ndax rongoniou baadola, war naa siim cerey buur) ? Ne serait-il pas le plus court moyen de voir les portes du ciel se refermer devant lui ? Se nourrir de la misère de son peuple ne ferait-il pas retomber la colère divine sur sa progéniture ?
Qui ne se rappelle Jean-Bédel Bokassa, Joseph Désiré Mobutu, Ahmet Sékou Touré et plus récemment Pierre Nkurunziza ? Pierre Nkurunziza n’avait-il pas un agenda caché à la Kabila ? Mais ce qui est encore plus marrant, c’est qu’Ahmet Sékou Touré avait froissé le général De Gaulle (celui-ci s’était senti si humilié et froissé qu’il avait oublié son képi en repartant) à travers son téméraire et historique refus : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage ». Ce qui n’aura pas empêché à son magistère d’être fortement entaché par les atrocités (50 000 morts) du funeste Camp Boiro.
A tous ces anciens dirigeants, nous souhaitons bien-sûr, la miséricorde divine. Mais, pourrions-nous manquer de nous demander si leurs disparitions ne devraient pas nous interpeller, nous pousser à nous interroger sur le retard du Sénégal alors au même niveau de développement que la Corée au lendemain de la deuxième guerre mondiale ? Or, il y a un fossé qui sépare maintenant le Sénégal de la Corée. Pourquoi ce retard de notre pays et de l’Afrique en général ? Pourquoi ne pas partir de nos erreurs passées pour améliorer le quotidien de nos concitoyens ? Pourquoi s’entêter à retomber dans les mêmes travers ? Faire de la politique n’est-ce pas se mettre au service de la cité ? Quoi de plus noble que de servir et non se servir de son peuple ? Pourquoi chercher à « se célébrer » plutôt que de laisser le peuple vous célébrer en signe de reconnaissance pour bons et loyaux services rendus ?
A beau vouloir d’une longévité, ne convient-il pas de reconnaitre qu’un homme ou qu’une femme centenaire finit toujours par devenir un poids pour ses proches ? Il faudrait alors se ressaisir et se départir de son machiavélisme. Il faudrait cesser d’éteindre les autres pour mieux briller. Pire, il faudrait arrêter de marcher comme un serpent sous l’herbe, prêt à mordre et à inoculer son venin mortel aux passants. Le temps est venu de faire son examen de conscience, (son introspection) et son mea culpa pour changer, se convertir/reconvertir avant qu’il ne soit trop tard. Car nul ne sait quand la mort frappera et anéantira tout, surtout ce qui ne fut que vanité. L’ecclésiaste ne prévient-il pas que vanité des vanités, tout est vanité ?
A bon entendeur…