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Sa Modestie Habib Sy, Le P’tit MaÇon DÉmolisseur De Pastef

Le bon sens populaire, à qui on ne la fait pas, a cette logique imparable : «Lorsqu’on est assis par terre, on ne peut plus tomber.»

Pour démarrer sa campagne pour la présidentielle de 2024, devenu à son corps défendant le « doyen » des opposants radicaux, de surcroît président de la Conférence des leaders de Yewwi askan wi, Yaw pour les initiés, en remplacement de Khalifa Sall devenu indésirable pour haute trahison, le candidat malgré lui Habib Sy préfère choisir la modestie

Que dis-je, l’humilité…

Devant Dieu et les hommes, et surtout l’électorat de Yaw, l’humble Habib Sy se fait tout petit et met un point d’honneur à ramper pour remercier le Pros (Président Ousmane Sonko), comprenez l’embastillé président (putatif) de la République Ousmane Sonko, sans lequel, reconnaît-il, rien ne serait ce qui est. C’est à la générosité du martyr du régime de Macky Sall qu’il doit le parrainage des députés de Yaw, donc sa candidature à la présidentielle de 2024.

Pour rassurer la foule en liesse qui ne comprend qu’une équation «Diomaye, c’est Sonko», il s’aplatit. Lui, il n’est là que pour tenir au chaud le fauteuil présidentiel, si l’électorat commettait l’erreur pardonnable de l’élire président de la République à la place du brillantissime Bassirou Diomaye Faye ou de Sa Grandeur Sérénissime Ousmane Sonko.

Lui, modeste «maçon» déserteur de la construction républicaine, si l’honneur lui en est fait par l’électorat de Pastef et autres affidés, il se charge de démolir l’édifice de ce système pourri qu’il connaît mieux que tout le monde, pour en avoir arpenté les couloirs, de la base au sommet, du ghetto au Palais. Mais sa science s’en arrête là. Sans doute qu’il doit lui manquer ce troisième œil que le Pros, seul, détient, et qu’il prête pour cas de force majeure au seul homme digne de confiance des alentours, Bassirou Diomaye Faye.

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Eux, selon Sa Modestie Habib Sy, seront les architectes du Sénégal du futur, que le peuple appelle de tous ses vœux, qu’ils ont tenté de construire en dépit de l’incompréhension nationale.

Et l’adversité.

Par exemple, lorsque le sublime Pros, dans un grand moment de solitude, confondant une clinique bon chic, bon genre avec un p’tit salon de plaisance, Sweet Beauté, se fait compromettre par la vulgaire et anonyme fille de personne et de rien, manipulée par des forces tapies dans l’ombre depuis le Palais, le doute n’est pas permis : le complot vient de haut. Suivez notre regard…

Bien entendu, lorsque le pays prend feu et qu’une soixantaine « d’insignifiants Sénégalais » y passe de vie à trépas, rien de grave. La consigne : quand tu meurs, ta mère se fera le devoir de pondre un autre enfant dans les mois qui suivent…

Après tout, les spermatozoïdes ne doivent pas se perdre dans la nature.

Bref, Sa Modestie Habib Sy ne doute pas : du bas de ses soixante-sept ennuyeuses années sur terre, il doit tout à son président, l’inégalable Ousmane Sonko, et même plus, sans doute, hormis la vie. Sa reconnaissance est donc sans borne à l’endroit de celui qui l’élève à de si hautes sphères politiques. Il ne mérite pas tant d’honneur, mais le Pros, dans son infinie grandeur, le gratifie de ses sublimes largesses.

On rembobine ?

Né vers 1957 à Bignona, le sinistre inconnu Habib Sy est le neveu d’un membre fondateur du PDS, un certain Alboury Seck. Il est encore en culottes courtes, en 1974, année de la création du PDS et de la naissance de Ousmane Sonko le Magnifique, lorsqu’il y adhère. Il est alors insignifiant élève de première, à un soupir du baccalauréat. Bachelier en 1976, quelconque étudiant en Droit, il est dans les valises de Maître Wade, l’un des premiers opposants candidats à une Présidentielle en 1978…

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Pour dire les choses simplement, l’insignifiant Habib Sy goûte à la politique en culottes courtes, que dis-je : il tète au wadisme presque en layettes. Sans doute que le tonton l’y aura encouragé… Après sa Maîtrise en Droit, malgré moult péripéties, en 1981, alors que le sublime Ousmane Sonko fait ses premiers pas dans le primaire, l’insignifiant Habib Sy entre à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature dont il ressort officiellement muni du parchemin de commissaire aux enquêtes économiques. Fonctionnaire sans aspérités, il bourlingue, bon an, mal an, à l’ombre de son idole d’alors, le Pape du Sopi, Me Abdoulaye Wade. Ils vivent ensemble les retournements du destin : ses galères, ses lendemains incertains, la gloire éphémère des foules enthousiastes mais oublieuses. Ça le connaît, la solitude des geôles, les compagnons qui quittent le navire pendant le naufrage…

Arrive le temps des éclaircies.

Il est le directeur de Cabinet du ministre d’Etat Abdoulaye Wade sous le régime Diouf. Puis, quand survient l’alternance en 2000, certes, ça prend du temps, mais il monte en grade, après la disgrâce du p’tit tyran de Thiès en 2004

Comme beaucoup des vieux compagnons de route du nouveau maître du pays d’alors, Idrissa Seck ne devait pas trop l’aimer…

Il n’empêche, il deviendra le premier magistrat de Linguère douze années de suite, que déboulonnera Aly Ngouille Ndiaye. Qu’à cela ne tienne : il sera également ministre de la Fonction publique, puis passera ministre d’Etat, en charge des Transports terrestres et aériens, auquel, euh, Karim Wade succèdera.

En lot de consolation, il retourne auprès de son ancien mentor, le Président Wade, dont il redevient le Dircab

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Habib Sy est un enfant d’Abdoulaye Wade. Il en a presque tout, depuis les espiègleries jusqu’aux intonations. Lorsqu’il claque la porte du PDS pour créer son parti en 2018, le Parti de l’espoir et de la modernité, Pem/Yaakaar’U Reew Mi, c’est aussi un geste wadien… Sauf qu’avec l’âge, il a dû l’oublier. La vieillesse est un naufrage, philosophe-t-on dans les cercles dépités…







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