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Une Republique A Deux Vitesses

Une Republique A Deux Vitesses

La pandémie de la Covid-19 est doublée aujourd’hui d’une pandémie du foncier qui ravage le littoral. Des constructions irrégulières et agressives ont poussé partout comme des champignons après la pluie sur le linéaire côtier de Dakar sans aucun respect des codes du Domaine public national, de l’Environnement, de l’Urbanisme voire de l’Hygiène.

Le paroxysme de l’agression est atteint quand la falaise des Mamelles, qui allaite l’historique phare de Dakar, est agressée en contrebas par des criminels écologiques dont le seul but est de construire des palais les pieds dans l’eau. Au rythme des constructions qui se développent sur le linéaire long de 3,5 km du littoral de Dakar, les populations de la capitale risquent de ne plus avoir accès à la plage. Ce alors qu’elles ont droit comme tout le monde à respirer l’air marin voire à piquer un plongeon. Certaines parties de la plage de Dakar sont devenues complètement privées du fait de certaines constructions de réceptifs hôteliers, de structures de santé, de restaurants ou de maisons d’un luxe indicible. Or, il est anormal que ce qui appartient à plus de trois millions de personnes puisse être accaparé par une poignée de gens dont le seul mérite est d’être proches des décideurs ou d’être eux-mêmes décideurs dans l’attribution du foncier.

Excédé par les constructions anarchiques et irrégulières autour des Mamelles, le président de la République a dépêché la Direction de la surveillance, du contrôle et de l’occupation des sols (Dscos) dirigée par le colonel de gendarmerie Saboury Ndiaye pour mettre fin à toutes ces constructions irrégulières… sauf celles appartenant à de gros bonnets. In fine, il n’y a que les petites installations à savoir les garages des mécaniciens, les hangars des paveurs, les installations des fleuristes et les restaurants de fortune bordant la route sans grand danger pour l’environnement qui sont subi la furie ravageuse des bulldozers de la Dscos. Que dire du bâtiment imposant de l’ONG saoudienne Wami qui a complètement dépecé le flanc d’une des Mamelles pour y construire une école imposante. Pourtant depuis 2017, la Perl (Plateforme pour l’Environnement et la Réappropriation du Littoral), dirigée par l’expert-comptable Moctar Ba, et d’autres associations de défense du littoral n’ont cessé de dénoncer ce crime écologique impunément commis par Wami sur l’une des Mamelles.

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République des copains et des coquins

Voilà la République des copains et des coquins que dénonçait Calame dans un éditorial paru dans le journal Sud-quotidien, il y a quelques jours. Cette iniquité de l’Etat favorisant une caste d’affairistes véreux, de politiciens du régime, de marabouts profiteursrévolte les populations lésées qui n’ont droit à rien dans une République dont la Constitution sacralise pourtant l’égalité en droits de tous les citoyens. Le colonel Pape Saboury Ndiaye informe que sa descente sur le Phare des Mamelles le 10 juin passé « c’était pour désencombrer, enlever tous ce qui est entre le goudron et le pied du Phare. Pour permettre aussi à l’Urbanisme de faire ici un aménagement paysager après l’annulation de tous les actes administratifs qui ont été produits depuis 2010 ».

Hélas, beaucoup craignent que la surface nettoyée soit attribuée à d’autres pontes de la République.

L’exemple de la cité Tobago est là très édifiant à cet égard. Lorsque les constructions édifiées sur ce site se trouvant à l’intérieur de l’aéroport de Dakar ont été détruites, le terrain nu a été partagé indécemment entre gens du régime. On chasse Paul pour installer Pierre. C’est cela la République de Macky Sall : le parti, la famille, les copains, les marabouts avant la patrie. Le 4 mai 2014 lors d’une visite sur la Corniche, le président de la République, Macky Sall, avait exprimé toute sa colère au vu des constructions irrégulières qui s’y trouvaient. Il est allé jusqu’à dire que seule l’ambassade de Turquie avait une autorisation de construire.

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Et pour finir, il avait assuré que « son ministre de l’Urbanisme lui ferait les propositions, afin qu’il y ait une action commune et que les Sénégalais partagent la beauté de la côte. » Six ans après sa sortie, l’on s’est retrouvé au statu quo ante comme pour dire que la parole présidentielle n’est pas suivie d’actes concrets. Il en sera de même avec sa dernière instruction puisque déjà le traitement inique de la Dscos, qui n’a détruit que les installations démontables au bas des Mamelles, le prouve éloquemment. Dommage qu’au Sénégal la parole présidentielle ne vaille pas un seul kopeck.







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