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Une Reprise Des Classes Sur Les Chapeaux De Roues

Après trois reprises ratées des enseignements et apprentissages, l’Etat semble enfin décidé à rouvrir, contre vents et marées, les écoles primaires, collèges et lycées le 25 juin prochain. Du moins pour les élèves de cm2, de 3e secondaire et de terminale. Mamadou Talla, le ministre de l’Education nationale, et son collègue de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Dame Diop, rouvriront les écoles fermées depuis la première décade du mois de mars. Ainsi, le ministre Talla a dévoilé le nouveau calendrier retenu pour les examens de baccalauréat, Bfem et Cfee. Le Cfee et l’Entrée en sixième se dérouleront fixés à partir du 20 août prochain, le Bfem à partir du 14 septembre. Les sessions de remplacement sont prévues à partir du 15 octobre. Les épreuves anticipées de philosophie se tiendront le 12 août, le bac technique à partir du 31 août et le bac général à partir du 7 septembre. Les autres examens professionnels seront organisés du 3 au 30 août. La nouvelle année académique démarrera dans la première semaine du mois de novembre 2020.

Les syndicalistes et les partenaires sociaux, qui étaient en phase de réflexion, se disent surpris de la décision du ministre de l’Education nationale qui n’a pas tenu compte de leurs propositions. Alea jacta est. Les soldats de la craie seront de retour dans les classes même si le terrain n’est pas encore déminé, même si le climat demeure anxiogène. Dans ces conditions, il est à craindre, dès les premiers jours, de voir des établissements fermés mis en quatorzaine pour cause d’un enseignant ou d’un élève atteint du covid-19. Mais quelle est la solution prévue pour ces élèves qui perdront durant ces deux mois de cours au moins 14 jours ? Qu’en sera-t-il des établissements où le protocole sanitaire ne sera pas respecté totalement surtout que la logistique mise en place devra durer deux mois ? Qu’en sera-t-il des écoles qui, après quelques averses, n’auront rien à envier aux étangs que l’on trouve dans la forêt ? Qu’en sera-t-il des 6500 abris provisoires disséminés sur l’ensemble du territoire national surtout que l’hivernage s’est installé dans les zones sud et centre ?

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Autant de questions dont les réponses n’ont pas été trouvées auprès des ministres concernés par la reprise. Certaines autorités de l’Education nationale soutiennent toujours avec naïveté qu’il y a des pays où il pleut 8 mois sur 12 et que, par conséquent, enseignants et élèves travaillent sous la pluie. Il faut préciser que dans ces pays, les autorités ont pris toutes les dispositions pour que la pluie ne soit pas un facteur rédhibitoire pouvant compromettre le travail à l’école.

Certes le Sénégal, à l’instar de tous les autres pays, traverse une situation exceptionnelle, mais cela ne doit pas être un prétexte pour imposer la reprise des cours dans des conditions pas encore claires. La conférence des gouvernements scolaires se désole d’être écartée des séances de réflexion auxquelles la tutelle avait convié acteurs et partenaires de l’école. Cette instance représentative des élèves n’exclut pas de s’opposer à la reprise d’autant plus que certains de ses membres des zones sud et centre, concernés par la reprise, ont déclaré ne plus être en mesure de retourner à l’école parce qu’ils doivent cultiver leurs champs qui les nourrissent et qui assurent leurs frais de scolarité. Quant aux élèves des classes intermédiaires, ils peuvent déjà entamer leurs vacances puisque le ministre cherche avec les acteurs comment faire pour décider de leur passage ou redoublement. Par ailleurs, il est prévu dans l’agenda scolaire de la rentrée du mois de novembre quelques semaines de consolidation pour combler le gap du 2e semestre que ces élèves n’effectueront pas. Il est clair que l’objectif du gouvernement, c’est de tout faire pour organiser les examens mais non de finir le programme scolaire.

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Ainsi les autorités académiques, pour plus de cohérence, devraient procéder à un redimensionnement du programme, fixer les limites dans lesquelles se tiendront les évaluations pour éviter de perdre du temps sur des chapitres bâclés qui risquent de saturer les élèves. Cela permettra aux enseignants de bachoter pour préparer intensément les élèves dont l’unique objectif est de réussir à l’examen. Bien sûr au détriment du savoir.







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