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Wade-idy, Échec Et Macky

Wade-idy, Échec Et Macky

Père Wade avait lancé la formule du jeu d’échecs pour décrire son adversité politique entre lui et son fils jadis adopté et adoubé, Idrissa Seck : « Nous sommes dans un jeu d’échecs à distance. Nous verrons qui va remporter la partie ». Déclaration ironique à laquelle Idy avait répliqué par une pique tauromachique : « Celui qui réussit à éliminer les fous du roi (suivez son regard), à écarter la reine et à entourer et isoler le roi…aura gagné ». Sa finesse d’humour aidant, il concluait : « Si c’est moi qui réussit tout cela, j’aurais gagné ». A ce duel à fleurets mouchetés, entre deux hommes politiques intelligents et rusés, l’un d’une finesse d’esprit rhétorique et l’autre d’une l’habilité éprouvée dans la tactique politicienne, s’en suivit deux déroutes électorales successives causées par un troisième larron impassible, impavide et froid dans l’application des leçons machiavéliques : « Celui qui cherche à vous poignarder dans le dos vous ouvre d’abord les bras ». Ce fut alors pour le jeu entre Wade et Idy, la fin de la partie : « Echec et Macky » ! Le croupier Macky avait retourné les cartes en sa faveur, avec un art consommé ou confiné (mot à la mode) de la dissimulation. Wade défait sans déférence, ahuri s’exclama avec amertume : « Je ne sais pas par où il est passé ». Quant à Idy, le talibé n’étant jamais loin de l’homme politique chez lui, il s’en était remis à Dieu : « Dieu n’aime pas les lâches », avait-t-il déclamé. Message destiné à Macky mais qui avait ricoché dans l’esprit de Wade qui pensait malencontreusement en être le destinataire. Le fossé entre les deux duellistes se creusa davantage. Hélas à leur détriment !

Sortis de cette épreuve, nous étions en droit de penser que le grand timonier sénégalais, allait prendre sa retraite politique et devenir le sage de Point E, que le monde politique allait venir consulter pour construire son cher pays qui lui a beaucoup donné. Que nenni ! Il choisit de céder sa place à la table du jeu à son fils pour continuer le combat. Il est vrai que Idy nous avait prévenu : « Tant qu’il aura un souffle de vie, il ne mettra personne devant ou au-dessus de son fils ». En février 2019 durant les présidentielles, auxquelles Karim fut débâtit proprement par une lourde condamnation et un long exil, son papa-poule, son homme à tout faire et défaire, préféra proclamer le boycott des élections à la place d’un soutien à Idy. Le fils d’emprunt, capable de lire même dans ses pensées, s’était abstenu d’aller quérir tout soutien, pas même une visite de courtoisie. Il savait les motivations profondes de son mentor d’antan et qu’avec lui le « galgal » est toujours sous le « mboubou ».

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En septembre et octobre 2019 à Massalikul Jinnan et lors d’une audience pompeuse au Palais présidentiel, Wade le César, contre toute attente, descendit de son piédestal, ravalant toute fierté, pour sceller la réconciliation avec son ennemi Macky, « fils d’anthropophage » et bourreau de Karim. Mais Wade, maître des intrigues politiciennes, par ce geste n’a fait que remiser le jeu de stratégie sur l’échiquier. Il s’agissait pour Wade-Kasparov de chercher à remettre Karim dans le jeu politique. Faire de Macky un allié et lui arracher une loi d’amnistie en faveur de Karim avant qu’il ne quitte le pouvoir. Et faire d’une pierre deux coups, barrer ainsi la route à tout rapprochement Macky-Idy. Le coup semblait bien joué. Mais Ndamal kadior décrypta la stratégie, et déplaça deux figurines de son jeu : A deux reprises il sortit de sa « tombe silencieuse » pour aller serrer la main de Macky (Hommage à Tanor Dieng et rencontre au Palais pour cause commune face à la pandémie Covid-19). Que de supputations et de conjectures avec ces farces et attrapes autour de Macky le maître des horloges politiques ! Rien d’alambiqué, c’est le jeu d’échecs à distance qui continue entre Wade le père et Idy le dauphin éconduit.

C’est également l’héritage de Wade et du PDS qui est en jeu. Wade a déjà fait place nette dans son parti pour asseoir dans un fauteuil son héritier naturel. Ce dernier dans son exil doré a certainement accumulé une force de frappe financière colossale, son seul talent politique, pour se relancer après une amnistie princière, dans la course pour 2024.

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Le lion du Cayor se prépare, la route est longue pour se lancer dans une course de vitesse. Il choisit une nouvelle stratégie, faisant sienne la prose de Paul Valéry : « Patience, patience, patience dans l’azur ! Chaque atome de silence, est la chance d’un fruit mûr ! ». Fervent lecteur et admirateur du Général De Gaule, cette phrase dans son livre le « fil de l’épée », a assurément fait écho dans l’esprit d’Idrissa Seck : « Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles ». Son silence lui permet de bien cacher son jeu et de mieux décrypter les stratégies de ses adversaires, pour concevoir et exécuter la sienne. En sortira-t-il splendide, avant 2024 ?

La seule inconnue de ce jeu, c’est encore le larron détrousseur dont la filouterie sans état d’âme, est sans pareille dans le milieu des despotes-autocrates. Macky n’a pas dit son dernier mot. Il sait sa sortie périlleuse pour lui et son clan. Pour préserver ses arrières, il peut encore renverser l’échiquier du jeu d’échecs à distance, pour un « qui perd gagne », dont le but serait de faire capturer toutes les pièces dans ce jeu néfaste entre les deux stratèges échiquéens.

De Wade-Idy, on passe maintenant à Karim-Idy, par une nouvelle formule de jeu : la partie de poker ! Idy reste-t-il actionnaire majoritaire ou minoritaire d’un PDS moribond ? Il a dorénavant, en appoint et en exergue, un parti majeur, un excellent palmarès électoral et une réserve de voix d’au moins neuf cent mille voix. En face, un fils à papa qui s’est accaparé d’une fortune et d’un parti légués par un géniteur généreux à en perdre la raison. Chacun de ces deux « frères », les cartes en main, l’un en exil, l’autre en hibernation, cache son jeu en scrutation réciproque de l’horizon 2024. L’histoire de Caïn et Abel version sunugalienne ? Une histoire dont l’issue mériterait d’être pacifique ou pacifiée, par leur foi et leur référence communes en Serigne Touba, sceau et culte de paix. Serigne Mountakha Bassirou Mbacké ne pourrait-il pas rééditer la paix des braves et des coeurs entre Wade, Idy et Karim comme ce fut à Massalikul jannan entre Wade et Macky ? Avant qu’il ne soit trop tard. « Ils se contentent de tuer le temps en attendant que le temps les tue » (Simone de Beauvoir). Hâtons-nous, trop d’échecs subis dans ce jeu d’échecs néfaste, le temps se déroule et nous traîne avec lui. Alors que la victoire est sous leurs pas cadencés qu’il suffit de ramasser pour sauver le pays de la chienlit.

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