WhatsApp est une application de messagerie instantanée qui permet à ses utilisateurs d’échanger des messages texte, audio, vidéo à deux ou au sein d’un groupe. Elle a acquis une forte notoriété. Aujourd’hui, elle compte plus de 2 milliards de clients répartis dans près de 180 pays. WhatsApp enregistre près d’un milliard de clients actifs par jour, échangeant 2 milliards de minutes de voix/vidéo par jour.
WhatsApp est en passe de devenir une grande plateforme multiservices qui élargit progressivement ses fonctionnalités à l’image de son pendant chinois Wechat. WhatsApp business est destinée aux professionnels. Elle va jouer un rôle important de support aux fonctions marketing, communication et service client. La fonction groupe commence à devenir très populaire. Il est possible de créer un groupe WhatsApp autour d’un thème et d’inviter, via un lien, des personnes qui partagent le même centre d’intérêt. Ces nouveaux espaces de dialogue gagnent en notoriété au même titre que les réseaux sociaux. Ils ne sont ni bons ni mauvais. Tout dépend de la façon dont nous les utilisons. Au Sénégal, comme dans tous les pays où WhatsApp est présente, on assiste à l’émergence et à la prolifération de nombreux types de groupe WhatsApp organisés autour des membres d’une même famille, des amis du lycée ou des camarades de la fac, des apprenants de telle discipline, des amis sportifs, etc. Ainsi, les espaces d’échanges physiques actuels ou anciens sont exportés dans le monde virtuel. Une personne peut se retrouver dans plusieurs groupes en plus des autres espaces virtuels de type réseau social. met juste l’accent sur quelques bonnes pratiques de communication à l’intérieur des groupes WhatsApp de type amical ou familial. Quelques aspects liés à l’organisation sont aussi abordés.
Objectif (but) du groupe
Lorsqu’on crée un groupe WhatsApp, il est important de préciser l’objectif de cet espace d’échanges. Pour les groupes de type amical ou familial, sans rien formaliser, l’objectif est généralement de partager rapidement des informations, de maintenir et renforcer les liens entre les membres par des échanges instructifs et une conversation collective distrayante.
L’administrateur
Il a un rôle d’organisateur, d’animateur et de superviseur. Il est le garant de la réalisation de l’objectif (but) du groupe et il veille au respect de la charte. Il doit avoir de bonnes capacités de communication. Il ne doit être ni trop rigide ni trop léger. Il doit veiller à la satisfaction des membres et il a obligation de tout mettre en œuvre pour éviter la léthargie ou les «départs» du groupe.
Charte
La charte joue un rôle important. Elle encadre les actions des membres. Elle doit être très simple si on veut que les membres la lisent. Peu formalisée dans les groupes d’amis et de parents, elle doit être très précise dans les groupes professionnels. Elle décrit globalement la façon dont les membres de cet espace souhaitent échanger. Concrètement, elle définit les modalités d’intervention ainsi que le type de contenu que l’on peut échanger. Elle peut également aborder les aspects liés à la confidentialité.
Loi de la majorité et démocratie profonde
La loi de la majorité doit être au cœur des règles de fonctionnement du groupe, mais les voix minoritaires doivent également être respectées. Si dans un groupe certains membres ne savent pas lire, il faudrait surtout privilégier les messages de type audio. On devrait aussi éviter d’aborder des sujets exigeant de profondes réflexions (y compris pour certains jeux) dans un groupe où certains n’ont pas le niveau d’instruction idoine. Communiquer en tenant compte du Ppdc (plus petit dénominateur commun) est largement recommandé.
Présence/absence dans un groupe amical ou familial
Ai-je le droit de refuser de participer à un groupe ? Oui, si les objectifs ne me conviennent pas ou si je suis déjà engagé dans de nombreux groupes. Mais le bon réflexe est de privilégier les groupes de taille raisonnable (groupe des enfants de X) et éviter ceux dont la taille est assez élevée (groupe des enfants et petits-enfants de Y). La facilité de gestion est inversement proportionnelle à la taille.
Fréquence d’intervention
Dans les groupes familiaux ou amicaux, on retrouve une minorité de membres qui, en termes de volume, échangent plus que les autres. Il faut les remercier car ils contribuent à la vie de cet espace. S’ils prennent la décision d’arrêter leurs interventions, le groupe tombe dans la léthargie. L’attitude consistant à limiter au minimum les interventions peut être perçue comme du snobisme. Celle qui lève ces limites peut être perçue comme une compulsion (automatique, non maîtrisée).
Acteurs compulsifs («Multiprocesseur»/«Monoprocesseur »)
A ce niveau, on distingue deux catégories d’acteurs: – les acteurs «multiprocesseurs» qui, en sus de leurs activités quotidiennes, sont capables d’intervenir dans plusieurs groupes ; ceux-là sont stimulés par les interactions dans les groupes et cela n’affecte aucunement leurs activités prioritaires; – les acteurs «monoprocesseurs» compulsifs qui délaissent toute autre activité et s’oublient dans les échanges WhatsApp. Si vous êtes « monoprocesseur », vous avez intérêt à vous fixer des limites (horaires d’utilisation, thèmes à aborder, type d’échanges, nombre maximal de posts par jour, etc.) Les parents doivent observer de près les pratiques de leurs progénitures pour identifier ce type de déviance et trouver, le cas échéant, une solution efficace et à coût émotionnel réduit.
Attention à l’oubli de soi dans l’espace virtuel
L’oubli de soi dans l’espace virtuel (WhatsApp ou dans tout espace virtuel) est une nouvelle maladie. La personne, atteinte de ce syndrome, met de côté ses obligations prioritaires (travail, présence familiale, obligations sociales) et consacre toute son énergie à l’échange dans ses différents espaces virtuels. Cela ressemble à une forme de « narcotisation ». La personne n’échange plus; elle ne contrôle pas si les autres lui font du feedback ou non ; l’essentiel est de s’oublier dans cet espace pour ne plus affronter la dure réalité quotidienne. Le contenu des posts peut être d’un niveau très élevé. Quand cela arrive, on dit que la personne possède un outil qui la possède. Elle est sous le contrôle d’une addiction.
Autres déviances
En dehors de l’intervenant compulsif qui s’oublie dans cet espace, il y a le mégalomane, narcissique, donneur de leçon, qui se prend pour Amon Ra, évoque tous les sujets et attend des feedback positifs, le mélancolique qui va vers la dépression (découragé par la vie et qui rationalise tout), le paranoïaque minimaliste qui ne se lâche jamais et prend des précautions énormes pour communiquer et l’apprenti psychologue (comme moi) qui prend un malin plaisir à «psychologiser» les gens au lieu de communiquer simplement. Je crois qu’il y a à ce niveau un terrain d’étude fertile et assez intéressant pour les psychologues.