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Comment Terminer L’annee Scolaire En Contexte De Covid-19

Le coronavirus constitue selon l’OMS, « une menace sans précédent. Mais c’est aussi une occasion sans précédent de nous rassembler contre un ennemi commun, un ennemi de l’humanité. » 

Beaucoup pensent aujourd’hui que dans le cadre de la lutte, les mesures à prendre en compte doivent intégrer la dimension liée à la différence de contexte, des « réalités socio-économiques et culturelles de notre continent ».

Au Sénégal , dès l’apparition des premiers cas , sur instruction du président de la République, le gouvernement a défini et mis en œuvre une stratégie de lutte adaptée à nos réalités économiques, sociales et culturelles.

Laquelle stratégie qui s’est voulue dynamique nous a permis de contenir, en partie, la pandémie grâce à l’engagement et résolu de la pluralité des acteurs institutionnels et non institutionnels, avec en première ligne « les équipes du ministère de la Santé et de l’Action sociale et tous les autres Services de l’Etat ».

Le constat clairement établi par les experts sénégalais que le virus va probablement « séjourner » encore des mois dans notre pays, a déterminé le président de la République à réarticuler la stratégie, sur la base d’un triple impératif :

  • mener nos activités essentielles
  • faire vivre notre économie
  • veiller à la préservation de notre santé et celle de la communauté.

L’objet de cette présente note (résumée) porte sur le premier axe (mener nos activités essentielles) et fait focus sur le secteur de l’Education et la Formation, dans une perspective de riposte à la Covid-19, mais surtout d’atténuation/adaptation et de relance post-Covid-19, centrée sur l’Education et la Formation.

L’initiative de sa rédaction m’est venue de constats et convictions fortes relativement à la nécessité de repenser notre système éducatif, dans une optique de renforcement du capital humain, de lutte contre la pauvreté et de promotion du développement durable.

La pandémie du Covid-19 devrait être mise à profit pour reconfigurer notre système éducatif en vue de contribuer au renforcement de sa performance globale, au regard des enjeux et défis que ne manquera pas de poser la crise sanitaire que nous vivons.

Magnifiant les capacités de résilience de nos compatriotes face à la pandémie, le président mettait en lumière, lors de son discours du 11 mai 2020, les faits ci-après   :

  • « Nous puisons chaque jour dans le génie créateur de notre peuple les ressources nécessaires à notre résilience commune. »
  • Les « compétences et ces savoir-faire locaux mobilisés nous parlent, pour nous dire que rien ne peut épuiser la force mentale d’un peuple résolu à affronter les épreuves et maîtriser son destin. »

C’est dans cette ligne d’action que s’inscrivent ces propositions portant sur le stratégie de terminaison de l’année scolaire 2020 et les pistes d’action de base d’une réforme du système d’éducation et de formation de notre pays.

Hypothèses de base

Grâce à un engagement global impliquant une pluralité d’acteurs, la pandémie est totalement endiguée d’ici fin août 2020.

Se convaincre qu’avec la Covid-19, rien ne sera plus avant, d’où l’urgence d’anticiper sur la période post-Covid qui va s’ouvrir très bientôt.

Les différents acteurs et parties prenantes acceptent volontiers de sortir de leurs « «zones de confort » » pour s’engager dans un projet global de changement

Considérer, comme le souligne la Banque mondiale, que « l’éducation est un puissant vecteur de développement et l’un des meilleurs moyens de réduire la pauvreté, d’élever les niveaux de santé, … et de faire progresser la paix et la stabilité ».

Prendre aussi en compte les attentes signifiées (explicitement ou implicitement) des d’acteurs et parties prenantes spécifiques (établissements privés et parents d’élèves devant envoyer leurs enfants poursuivre leurs études à l’extérieur). 

L’option consistant à la réouverture partielle (classes d’examen) ne répondrait qu’au souci de sauver l’année scolaire 2019- 2020, et laisserait sans solutions de nombreux problèmes de fond.

Les processus de changement étant complexes, le Covid-19 peut être une excellente source de légitimation de la transformation du système éducatif sénégalais

Urgence d’accélérer le « projet national » de réforme du système éducatif qui est globalement partagé par la communauté nationale, et que met en lumière la pandémie du Covid-19.

Un dialogue inclusif et ouvert est engagé avec toutes les parties prenantes et acteurs de l’écosystème de l’éducation / formation.

Un consensus « dynamique » s’est dégagé sur l’opportunité et la pertinence de la stratégie retenue.

Principales propositions

  • Très concrètement, il s’agira pour l’Etat de procéder aux transferts financiers nécessaires aux établissements privés, en vue de compenser leurs pertes de recettes (plusieurs milliards de F CFA) découlant de la Covid-19.
  • Réouverture pour uniquement des classes de Terminale à partir du 25/6/ 2020 et organisation du Bac en août –septembre.
  • Terminer l’année pour les autres classes durant le dernier trimestre 2020 (pas d’examens de CFEE ni du BFEM, CAP, BEP, encore moins de concours d’entrée sixième). Comme alternative, on pourrait organiser des évaluations standardisées, niveau IA, au terme desquelles les diplômes seraient délivrés lors de cérémonies publiques de « diplomation » à l’échelle territoriale, avec une forte implication des acteurs-clés de l’Education et de la Formation.
  • Engager dès à présent le processus de réforme des examens et concours scolaires visant la suppression des examens nationaux du CFEE et du BFEM, de même que le concours de l’entrée en sixième, tels qu’ils sont organisés présentement. En effet, il y a lieu de questionner la pertinence des examens du CFEE et du BFEM, en termes de valeur ajoutée au système .Cette réforme devrait aboutir au plus tard en janvier 2021.
  • A terme, les fins des cycles élémentaire et moyen pourraient être sanctionnées par des attestations de fin de cycle, qui donneraient les mêmes droits que ceux conférés par le CFEE, le CAP, le BEP et le BFEM.
  • L’année scolaire 2020 – 2021 démarrerait, à titre exceptionnel, en début janvier 2021, avec réduction des congés scolaires et prolongation jusqu’en fin juillet
  • S’inscrire à moyen terme, dans un processus de réforme global de notre système d’éducation et de formation. Une telle réforme est souhaitée par tous les acteurs de l’Education. La réforme pourrait intégrer les aspects de contenus/curricula qui doivent davantage s’adapter à nos réalités socio-culturelles, mais surtout au projet de société et à la trajectoire de développement que nous souhaitons 

NB : il reste clair que la réussite et le succès de telles réformes requiert des préalables, en particulier la mobilisation de plusieurs « ressources » :

Quelques préalables à satisfaire

  • Mobiliser la ressource juridique (établir les bases légales)
  • Mobiliser le soutien politique
  • Accepter de s’engager dans un processus de changement et prendre en compte ses différentes implications
  • Adopter une démarche de veille stratégique pour bâtir une « capacité de changement », avec les (04 voir) : voir derrière ; voir à côté ; voir avec et voir au-delà
  • Créer/ renforcer les infrastructures, en particulier résorption des abris provisoires, prioritairement dans régions de forte pluviométrie et en mode « Fast Track »  
  • Mobiliser et motiver le personnel (RH)
  • Rechercher le consensus
  • Veiller sur les aspects organisationnels   (interactions permanentes avec les parties prenantes)
  • Information permanente
  • Mobilisation des ressources financières
  • Maîtrise du facteur temps

Alpha Faye est membre de l’Association Mouvement Citoyen







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