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Non, L’irrévérence N’est Ni Militaire Ni Paramilitaire !

Non, L’irrévérence N’est Ni Militaire Ni Paramilitaire !

La rédactrice en chef d’Air France Magazine, dans son n° 202 de février 2014, appelait l’irrévérence, «l’insolence, l’effronterie, l’audace, le non-conformisme…». Retrouver des propos de cette nature dans les écrits d’un ancien «haut gradé» de la police, soit-il à la retraite, de surcroît adressés au président de la République, m’a fait pousser ce cri du cœur très sûrement partagé par tous ces «hommes de tenue» pour qui la retenue dans tous les actes et propos constitue un caractère essentiel.

Je ne me reconnais pas «répondeurs automatiques» qu’il insulte d’avance, s’attendant à leurs répliques, mais je revendique mon appartenance à la race de nos illustres prédécesseurs dans la retraite des forces de défense et de sécurité qui, même libérés de la sacro-sainte obligation de réserve et, pour certains, reconvertis en hommes politiques, sont demeurés fidèles aux valeurs inculquées dans nos écoles et centres de formation et entretenues pendant toute la durée de leur service «sous le drapeau». Je pense au feu Mamadou Diop «Le maire», colonel de gendarmerie, à Souleymane Ndiaye, chef d’escadron de gendarmerie, au général De Souza ancien Chef d’état-major général des Armées (Cemga), au colonel Malick Cissé des sapeurs-pompiers et Abdoulaye Baldé député-maire de Ziguinchor commissaire de police, entre autres. Tous ces hommes de valeur et de conviction ont assuré leur rôle avec ou contre le pouvoir en place, sans jamais se départir de leur personnalité forgée dans les casernes, qui a fait d’eux de véritables hommes d’Etat. Ils ont été pétris aux valeurs fondées sur trois référentiels que sont : les traditions, la foi et la loi.

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En effet dans ces établissements, d’abord la formation aux traditions militaires est adossée à la fois à notre glorieuse histoire guerrière, démontrant le patriotisme et le courage de nos héros nationaux, et à nos valeurs traditionnelles tirées de l’initiation des bois sacrés ou «case de l’homme» (neegu goor des Ouolof, bukut des Diolas, kee wuloo des Mandingues etc.) qui font de l’adolescent un homme mature, un citoyen accompli pour une Nation forte. Il s’agit des valeurs d’humilité, de stoïcisme, d’abnégation et de courage raisonné. Ensuite, le renforcement de la foi portée dans le culte des symboles d’unité dans l’école, le corps et la République (insigne, fanion étendard et drapeau) pour susciter le sentiment d’appartenance à la même communauté, transcendant les diversités ethnoculturelles et confessionnelles et qui tisse les liens de respect, de confiance et de solidarité, mais aussi dans les croyances religieuses, rappelant à chaque instant les obligations de droiture, d’honnêteté et de tolérance. Enfin, l’enseignement du cadre juridique du métier, en particulier les droits et devoirs dans l’exercice des futures fonctions, qui fait le fidèle et loyal agent de l’Etat et le dévoué et humble serviteur des citoyens.

Le militaire, policier, douanier et autres paramilitaires, ainsi formés et «formatés», comment comprendre des écarts aussi graves dans les propos de quelqu’un issu de leurs rangs qui, en plus, a atteint les plus hautes marches de la hiérarchie de son corps d’appartenance, à l’endroit de la première institution de la République ? Comment un musulman (je suppose qu’il l’est) peut-il faire fi de la parole d’Allah au verset 26, chapitre «La famille d’Imran», «Oh Allah, Maître du pouvoir absolu. Tu donnes le pouvoir à qui tu veux…», et dire au Président actuel «vous n’auriez pas dû être notre Président» ? Comment quelqu’un qui a été officier de Police judiciaire pendant plusieurs décennies peut-il partir de sa seule «conviction et sur la base de faits avérés», pour accuser et prononcer la culpabilité de personnes au mépris du principe de la présomption d’innocence et en reprenant à son compte des arguments purement politiques, lui qui a fait une carrière d’«homme de loi» ?

Je le renvoie pour exemple à une analyse très critique faite par un collègue, d’un arrêt de la Cour suprême parue dans le journal Le Quotidien du 23 janvier 2019. J’ai envie de dire «gorr, ca wax ja» qui peut être traduit par «on reconnaît la personne honnête dans sa parole».

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Dans la même culture ouolof, si on retient le proverbe «wax bu ñaawu dëkkul fu mu jëmm, fu mu jogee la dëkk», littéralement traduit «les propos irrévérencieux ne caractérisent pas son destinataire, mais son auteur», nul doute que le commun des Sénégalais s’interrogeront sur la personnalité de ce «commissaire de police de classe exceptionnelle etc.».

Exceptionnelle aussi est une telle attitude dans la vie de nos forces de défense et de sécurité depuis l’accession de notre pays à l’indépendance. Fort heureusement, comme une hirondelle ne fait pas le printemps, l’attitude d’une seule personne ne peut suffire à caractériser toute une communauté. Aussi, à mon avis, le journaliste a-t-il, dans un article, cru trouver dans ses propos et ceux véhiculés par un autre commissaire de police à la retraire et deux anciens officiers de l’Armée des signes de mal-vivre au sein des forces de défense et de sécurité, n’a pas visité cette histoire et n’a pas observé que les propos tenus jusqu’ici par ces trois derniers n’ont jamais dépassé le Rubicon du «républicainement correct».

La formation de base des membres des forces de défense et de sécurité décrite plus haut et leur management dans le déroulement de leur carrière ont été les facteurs déterminants de leur discipline et de leur professionnalisme qui ont garanti la stabilité de nos institutions et font leur prestige au plan international (voir la thèse de Doctorat d’Etat du colonel Doudou Sall sur le management des institutions en charge de la sécurité – Université Internationale – Dakar 2018). J’ai l’habitude de dire que nos forces de défense et de sécurité sont nées matures du fait qu’à la proclamation de notre indépendance nationale, un détachement de nos forces était en mission de maintien de la paix au Congo-Léopold-Ville, actuel Rdc. Si on connaît les conditions d’aptitude pour constituer un contingent des Nations unies pour une mission de paix, on mesurera la pertinence de mon propos sur la précocité professionnelle de nos forces de défense et de sécurité.

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Encore une fois, non, l’irrévérence n’est ni militaire ni paramilitaire au Sénégal et dans tous les Etats modernes. Respect.

Sankoun FATY

Colonel de Gendarmerie

à la retraite

13e Promotion

des élèves-gendarmes

Promotion Colonel Badara Konté (3ème) de l’Enoa de Thiès

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