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Baback Veut Son LycÉe

Le 02 Novembre 2019, toute la communauté éducative du Collège d’Enseignement Moyen de Baback a, dans la joie et l’allégresse, inauguré huit nouvelles salles de classe, une grande salle informatique, un magnifique et spacieux bloc administratif et deux blocs de toilettes, chacune comportant six latrines, pour les garçons d’un côté et pour les filles de l’autre. Bien équipées et dotées de toutes les commodités requises, et d’un joli mur de clôture de près de trois hectares pour mieux assurer la sécurité et garantir la tranquillité et l’intimité de la famille scolaire, ces belles, nouvelles, grandes et importantes réalisations, viennent s’ajouter aux dix salles de classe déjà existantes, dont deux financées par Barthélémy Faye, (un digne et valeureux fils du village) A noter qu’une caution (sous forme de participation communautaire) de 10% (six millions cinq cent milles francs) ajoutée à la valeur marchande de l’espace occupé par l’établissement, avait en amont été versée par Barthélémy Faye, (encore lui).

Cette inauguration s’est faite en présence du Sous-préfet de Notto-Jobass, du représentant du maire de la commune, de monsieur Abdou Baydary Diallo, Inspecteur de l’Education et de la Formation de Thiès département, des chefs de village, des chefs religieux et coutumiers, du représentant de l’ambassadeur d’Allemagne et des partenaires allemands de l’ONG Hilfe für Afrika-Wasser, principaux bailleurs (avec un financement de plus de cent trente millions) conduits par Abbé Raphael Wade. Occasion ne pouvait être mieux rêvée pour Abbé Wade, éminent intermédiaire de Hilfe für Africa-Wasser, de rendre un vibrant hommage à Mamadou Sene (un autre digne fils du village et surveillant au CEM) antérieurement en service à Touba-Toul, qui fut à l’époque, l’heureux initiateur du projet.

C’est dire qu’en termes de capacité d’accueil, d’attractivité et de beauté, les Babackois, de concert avec les populations des huit villages polarisés par leur Collège d’Enseignement Moyen et avec qui ils sont irréversiblement liés par l’histoire, la géographie et la culture, ne demandent que l’érection de ce joyau, ce bijou en lycée. Cette demande est d’autant plus plausible, légale et légitime, que Baback remplit à merveille toutes les conditions ou conditionnalités (du préscolaire au secondaire) pour enfin avoir son lycée. En plus de sa position géographique idéalement avantageuse à abriter un lycée, Baback ne compte-t-il pas déjà une garderie d’enfants (petite, moyenne et grande sections au Centre Social des sœurs de Saint-Joseph de Cluny), deux écoles primaires : l’école privée catholique (ayant pendant longtemps servi de Centre Principal d’examens) rebaptisée Ecole Sœur Bernadette Fridez avec un cycle complet de six classes (du CI au CM2) et une école publique avec plus de 14 salles de classe dont au moins  deux cours de chaque (du CI au CM2), un CEM flambant neuf d’un total de 452 élèves avec deux sixièmes, deux cinquièmes, trois quatrièmes et deux troisièmes ? Où trouve-t-on mieux dans le Jobass avec autant de villages polarisés et tout aussi déterminés que les Babackois pour avoir en commun un lycée de référence mérité et dont l’érection ne saurait encore souffrir d’atermoiements ?

A titre de comparaison, beaucoup de CEM antérieurement érigés en lycées à travers le Sénégal ne remplissaient pas les conditions ci-dessus qui font déjà la fierté de Baback et de ses villages-partenaires. Et encore, il y a des lycées dans les différents départements et communes du Sénégal dont les constructions, les installations et les équipements sont véritablement en deçà de ce qui se trouve à Baback. Il ne serait donc pas indiqué, que neuf toutes nouvelles et splendides salles de classe, bien équipées, soient fermées pour la deuxième année consécutive pendant que le besoin est bien réel et la demande plurielle pressente. Le bon sens ne l’accepterait pas. La morale le réprouverait. Et tout parent d’élève digne et soucieux des conditions d’études pour la réussite de son enfant, à commencer par l’autorité de tutelle, ne saurait non plus l’accepter. Car ce serait non seulement faire preuve de manque de tendresse, mais ramer à contre-courant de la politique éducative du Sénégal. Or, l’Association des Parents d’Elèves et le Comité de Gestion de l’Ecole, sont vraiment en phase avec la politique sectorielle de l’Etat en matière d’éducation, principalement à travers le Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la Transparence du secteur de l’Education de la Formation (PAQUET-EF). Pour preuve, ils jouent pleinement leur partition dans l’opérationnalisation de la politique éducative du pays et, ce faisant, aident même l’Etat à promouvoir et à renforcer sa politique de décentralisation et de déconcentration. Ils sont donc à encourager. C’est le moins qu’ils puissent attendre des autorités dans la mesure où, leur exemple pourrait faire tâche d’huile et inspirer d’autres à ne pas toujours tout attendre de l’Etat. « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ». Disait le président John Fitzgeralf Kennedy à ses concitoyens lors de son discours d’investiture. Les fils de Baback se sont appropriés cette pensée du Président Kennedy et font dignement la fierté du Sénégal aussi bien au niveau national qu’à l’étranger.

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En quoi cela gêne-il alors d’ériger le CEM de Baback en lycée ? Qui cela dérange-t-il vraiment ? Pourquoi ? Ceux que l’érection du CEM de Baback en lycée dérangerait ont-ils un cœur, une âme ? Jusqu’où va le degré de leur humanité et de leur humanisme ? Ne leur faudrait-il pas un supplément d’âme eu égard au calvaire quotidiennement vécu par les scolaires des huit villages polarisés par le CEM, tous impatients de voir l’ouverture et le démarrage du lycée ? Qui se cache vraiment derrière le peu d’enthousiasme à répondre promptement et favorablement à la demande plus que légale et légitime de l’ensemble des huit villages polarisés par ce stratégique établissement ? Une autorité aurait, semble-t-il, juré qu’elle userait et abuserait de tout son pouvoir pour que Baback n’ait pas de lycée. Cette autorité est-elle pleinement consciente de son rôle ? Comprend-elle que le cœur du développement, c’est le développement du cœur ? Et que toute autorité, pour ne pas être futile mais utile, devrait être de service et non d’asservissement ? Vivement alors que les écoles de management apprennent à tous, à faire du service, un style de l’autorité, un art de diriger.

La scolarisation universelle et le droit à l’éducation de qualité imposent que les Collèges d’Enseignement Moyen et les lycées de proximité, soient moralement, judicieusement, équitablement et géographiquement répartis à travers les départements et les communes en particulier dans les zones à forte potentialité de fréquentation. Déjà inscrits dans ce sillage, Baback et les villages-partenaires qui l’environnent, ne demanderaient pas mieux. Ils voudraient qu’on accorde plus de crédit à cette triptyque : ‘’une école pour tous’’, ‘’une école de qualité’’ et ‘’une école viable, fiable et pacifiée’’, car déjà inscrits dans cette dynamique. Ils sont ancrés dans les trois axes stratégiques actuels que sont la qualité améliorée, l’accès équitable et la gouvernance inclusive et efficace. Ceux des huit villages polarisés par le CEM se sont investis et impliqués pour qu’il soit érigé en lycée. Ils comprennent mieux que quiconque le calvaire vécu par leurs enfants, trop souvent obligés de rester à jeun pour suivre leurs cours à Notto. Pour tous les élèves concernés, il incombe aux autorités et aux décideurs de comprendre, que devoir continuer à rester à jeun, n’a que trop duré et ne peut plus perdurer. A moins d’être d’une monstruosité intellectuelle génocidaire, pour ne pas être pris de frissons et de frémissements face au chemin de croix de tous les scolaires en cause. N’est-ce pas respecter les principes et les modalités de la coordination générale du PAQUET basés sur une approche inclusive et la responsabilité mutuelle de toutes les parties prenantes engagées collégialement dans des dispositifs de suivi-évaluation, de dialogue et d’ajustement continu ? En conséquence, ils s’appuient sur loi N° 2004-37 du 03 décembre 2004 qui stipule l’obligation scolaire pour tous les enfants âgés de 07 à 16 ans, et savent que le Gouvernement s’est engagé à assurer, d’ici à 2025, une éducation de base de qualité pour tous, partout, afin que chacun puisse se réaliser pleinement et apporter sa contribution à la société.

Est-ce acceptable que le nombre d’élèves originaires de Baback et régulièrement inscrits au lycée de Notto soit supérieur à celui de leurs condisciples natifs du village éponyme ? Au nombre de 155 (52 de Diamagueune, 29 de Ngohothie, 42 de Baback Centre et 32 de Ndiodione), sans compter ceux de Baback Wolof, un village autonome au cœur de Baback-Sérère, ou encore ceux inscrits dans des établissements de la commune de Thiès.  Loin d’être égoïstes, ces jeunes scolaires ne pensent pas seulement aux distances qu’ils parcourent quotidiennement pour se rendre à Notto, mais sont surtout solidaires de leurs camarades de Keur Ibra Fall, de Keur Ndieumbe Ndiaye, de Mbomboye, de Dioungane, de Sessène, de Teub-Dal de loin plus nombreux et beaucoup plus éprouvés par encore plus de kilomètres à parcourir. Ces élèves sont confrontés au calvaire de la marche mais aussi et surtout à l’enfer de la faim. Voilà un argument-massue, qui prouve à suffisance, qu’ériger le CEM de Baback en lycée, réduirait sensiblement leur temps perdu sur le chemin de l’école et aurait un impact très positif sur leurs performances scolaires. C’est donc dire, que pour être honnête et véridique, tous les scolaires des huit villages polarisés par le CEM de Baback ont largement et urgemment besoin de ce lycée qui serait intégrateur et fédérateur d’une bonne partie des villages de la commune de Notto-Jobass. Ce n’est pas seulement leur vœu, c’est aussi le souhait de leurs parents, anxieux et stressés par la fatigue physique et mentale que ne cessent d’endurer au quotidien leurs enfants. Ce n’est plus seulement un besoin exprimé mais une nécessité qui s’impose.

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Le besoin est manifestement si réel et la demande si forte, qu’il faille admettre que tant qu’il n’y aurait pas eu d’établissement merveilleusement construit pour répondre à cette requête, on aurait pu comprendre les hésitations et tergiversations. Mais à présent que l’offre est disponible en quantité et en qualité (pour rappel 09 salles de classes sont fermées au CEM de Baback), pourquoi ne pas épargner aux 155 jeunes scolaires (filles et garçons) et à leurs condisciples encore plus nombreux des huit autres villages cités plus haut, les longues distances à parcourir  et la faim qui les accable ?  Le plaidoyer fait pour la scolarisation des filles (SCOFI) à l’échelle nationale, régionale, départementale et locale est-il vraiment sincère ? Ou alors, est-ce une récupération opportuniste et politicienne ? Est-ce une négligence/malveillance coupable ou une maltraitance institutionnelle ? Comment assurer l’éducation pour tous (EPT) qui fut un des Objectifs du Millénaire pour le Développement ? Concernant la quatrième préoccupation des Objectifs de Développement Durable, comment assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ? Comment réduire les disparités, les inégalités et promouvoir plus de démocratie dans la proximité, que dans la disponibilité de l’offre ? Peut-on encore évoquer ou invoquer la stratégie nationale de protection de l’enfance face à tant d’adolescents contraints à marcher péniblement sous la canicule, astreints à la corvée des longues distances et de la faim ? Sans doute autant de raisons, qui prouvent s’il en était encore besoin, qu’avoir hésité/refusé d’ériger le CEM de Baback en lycée dès le début de cette année scolaire 2019-2020, fut plus qu’une erreur historique et plus qu’une hérésie stratégique. Une erreur qui demande à être rapidement corrigée et une hérésie qui commande d’être urgemment rectifiée avec tact, pédagogie, bienveillance et responsabilité. Au regard de la forte détermination de toute la communauté éducative à disposer de ce lycée, il serait regrettable et abject d’attendre qu’il y ait encore (comme c’est souvent le cas au Sénégal) des marches de protestation, des émeutes et des conférences de presse pour réagir. C’est maintenant qu’il faut agir en responsable. Pour cela, nous prenons à témoin la gouvernance locale, l’Inspection d’Académie, l’Inspection de l’Education et de la Formation de Thiès département, le Conseil départemental, la Direction de la protection de l’enfance, les droits de l’hommistes, les partenaires privés de l’éducation nationale pour clamer haut et fort, qu’on ne peut pas arrêter la mer avec ses bras.

Et d’ailleurs, si la carte scolaire du Jobass avait été respectée depuis le début, aurait-on implanté les deux premiers CEM du Jobass (à Notto et à Sangué) sans penser en priorité à Baback pour non seulement son emplacement idéal au centre du Jobass, mais également pour son rôle indéniable de pionnier dans la scolarisation des jeunes issus de tout le terroir ? Une question morale qui impose aujourd’hui que Baback soit considéré, reconnu et réhabilité.

Les enfants de monsieur Kandji, ancien directeur de l’école publique de Notto (vers les années 70-80), chef-lieu d’arrondissement et siège de communauté rurale (actuelle commune) et ceux des différents sous-préfets qui se sont succédés à Notto-Jobass ne fréquentaient-ils pas en priorité l’école privée catholique de Baback, aujourd’hui Ecole Sœur Bernadette Fridez ? Mieux, ceux de Tatène Sérère, de Tatène Bamabara, de Péléo, de Sessène, de Teb-Daal, de Dioungane, de Sangué, de Thiéo, de Mbomboye, de Keur Ibra Fall, de Ndioukhane, de Keur Sa Daro Fam, de Keur Ndieumbe Ndiaye et même de Ngollar et de Pout Diack, n’étaient-ils pas inscrits à Baback où beaucoup avaient d’ailleurs trouvé des familles d’accueil, un avantage aujourd’hui rarissime pour ne pas dire inexistant dans nombre de villages qui abritent actuellement des CEM ou des lycées ?

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Or, le ministère de l’éducation nationale a non seulement pour mission de promouvoir la disponibilité de l’offre de service éducative, mais mieux, d’en faire une offre de proximité. Pourquoi ne pas alors donner à ces termes tout leur sens et toute leur quintessence ? Si ce sont les villageois qui furent les principaux acteurs pour la disponibilité de l’offre de service, pourquoi l’Etat ne transformerait-il pas cette disponibilité de l’offre, en service de proximité ? Pourquoi ? Au moment où 09 salles de classes, toutes neuves et bien équipées sont fermées à Baback, pourquoi faut-il que les jeunes du village et des autres localités concernées continuent à souffrir le martyre pour se rendre à Notto alors que l’Etat, dans sa politique sectorielle, promeut l’offre de service et prône surtout un service de proximité ? Maintenant que cette offre de service est disponible (grâce à la proactivité, à la détermination, à l’ingéniosité et à l’esprit d’ouverture des villageois au partenariat), pourquoi ne serait-elle pas de proximité ? Ou alors cherche-t-on à enfermer Baback et les huit villages concernés par le CEM dans la passivité, l’esprit d’assistanat et la culture de dépendance plutôt que de les encourager à être toujours plus actifs, proactifs et constamment en quête d’autopromotion communautaire ? Veut-on faire d’eux des spectateurs passifs, plutôt que des acteurs créatifs de leur propre développement ?

In fine, qu’y a t-il de si gênant ou de si contraignant à ériger (le CEM de) Baback en lycée ne serait-ce que pour sa réhabilitation tant méritée et pour récompenser son dynamisme, son rôle fédérateur-intégrateur mais surtout, pour éviter les multiples cas d’abandon à mi-parcours (notés principalement chez les filles des différents villages concernés) à cause de la faim et des longues distances à parcourir sous un soleil de plomb ? Quel village offre plus de facilités aux autres localités qu’il polarise pour une meilleure scolarisation et une meilleure intégration des élèves ? Mais pourquoi donc cette injustice faite à Baback, qui a pourtant des décennies durant, formé l’essentiel des cadres du Jobass ? N’est-il pas temps de réparer cette grave injustice, ce grand préjudice fait à Baback ? Pourquoi ne pas donner la chance (pourtant bien méritée) aux jeunes Babackois de faire leur cycle complet (primaire, moyen et secondaire) chez eux alors que toutes les conditions sont réunies pour y arriver ? Le lycée de Baback ne s’impose-t-il pas comme une réponse imminente, idoine et opportune à une question de droit, de justice sociale et d’équité territoriale ? Pourquoi les adolescents de Baback et des huit autres villages concernés doivent-ils encore péniblement parcourir des kilomètres pour se rendre au lycée de Notto alors que toutes les conditions sont déjà réunies (peut-être mieux ici qu’ailleurs) pour un lycée de proximité ? Quelles sont les réalisations de l’Etat à Baback ? Est-ce une case des tout-petits, une école primaire, un CEM ? Est-ce un forage, un dispensaire, une église ou une mosquée ? Y a-t-il une seule réalisation dans Baback à l’actif des différents régimes qui se sont succédés depuis notre accession à la souveraineté internationale ? N’est-ce pas à l’Etat, dans ses fonctions régaliennes, de faciliter l’accès des populations aux services sociaux de base ? Si donc les Babackois ont, à ce jour, tout fait pour trouver des partenaires, et donc, pour lui rendre la tâche encore plus facile, pourquoi ne bénéficieraient-ils pas en retour, d’une marque de reconnaissance légitime et bien méritée ? Ne serait-il pas temps que l’Etat se rappelât véritablement au bon souvenir de Baback, une localité qui, comme toutes les autres, mérite la considération et l’attention républicaines ? Quoi de mieux pour plus de développement communautaire, de justice sociale et d’équité territoriale ? Encore faudrait-il avoir une administration de développement et des services techniques de qualité, pour efficacement mettre en œuvre la politique définie par le président de la république. Celui-ci gagnerait sans doute, à sommer son administration de commandement à se transformer en administration de développement, en synergie avec les services techniques, qui ne seraient plus à la chasse de primes, mais irrémédiablement réorientés sur leur mission de services publics.

Samuel Sene est écrivain-chercheur sur la culture sereer, consultant-Formateur en Gestion de projets, en développement local et en protection de l’enfance.

holysam67@gmail.com







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