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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Relancer L’économie Et L’emploi à Travers Les Universités Sénégalaises (maurice Dianab Samb)

Bientôt, nous verrons un nombre infini de jeunes sénégalais prendre l’examen que beaucoup dans la société considérée comme la porte d’entrée à l’échéance et responsabilités, à savoir, le célèbre shekel d’examen de fin secondaire «le Baccalauréat ». Des mois pour se préparer à démontrer ce qui a été appris et à rendre les membres de la famille fiers. Au début du cours, en dehors des grèves attendues que nous imaginions se produire quelque part, une situation est venue qui a paralysé le monde entier, laissant les classes fermées pendant des mois. Le virus (covid19) banni a enseigné à l’humanité une leçon : l’autonomie professée de l’homme, son statut de « machine-dieu » dominant, auto-imposé sur toutes les autres créatures ne sont pas durables. Notre adversaire sait également comment se venger de la manière la plus simple et la plus subtile. Et depuis que le virus né au sein des, en est sorti pour pénétrer dans notre patrie, peu de gens ont imaginé les dommages collatéraux qu’il nous a laissés ; entre autres, une année scolaire interrompue impactant fortement sur le processus normal de l’année scolaire et académique, surtout chez ceux qui sont en année d’examen. Les autorités à charger du système éducatif sont ainsi obligées à prolonger l’année académique pour éviter d’autres répercutions plus graves.

Des mesures de toutes sortes ont été prises que je ne veux pas énumérer ici, mais reconnais plutôt que le « coup » que le virus a donné à notre système éducatif a été très douloureux. Certes un certain élan d’effort a été lancé, mais force est de reconnaître avec humilité que beaucoup de chose restent encore à apporter à notre système éducatif et avec toute l’urgence qui y requiert. Traditionnellement, l’argument selon lequel les décrets vacances entre juin et octobre est toujours de fermer avant le mois d’août pour permettre aux étudiants de rentrer chez eux, d’aider leurs parents (principalement dans les champs), et en raison du manque d’infrastructures adaptées à la période de pluies. Pourtant cela ne gêne pas de continuer les classes dans la plupart des pays du monde durant la saison hivernale. De manière générale le citoyen attend de son état souverain un système de santé de qualité, une bonne politique d’éducation et de formation, une agriculture productive à suffisance pour constituer une base solide d’une économie stable. Aujourd’hui beaucoup d’acteurs ou bénéficiaires du système éducatif de notre pays sont plus prompts à accuser, dénoncer de ceux qu’ils pensent être responsables de l’état moins satisfaisant de ce dit-système qu’à faire une autocritique personnelle et collective pour repenser ensemble du futur que nous souhaitons pour notre jeunesse afin de rompre rapidement avec une répétition sans résultats satisfaisants.  Est-il tard de s’asseoir et de repenser à notre système d’éducation et de formation des jeunes de notre pays afin de leurs offrir les mêmes chances que ceux des pays dits développés ou émergents. 

L’argument selon lequel l’école doit fermer durant la période hivernale ne semble solide car ici, il ne pleut que quatre mois l’année ; dans de beaucoup de régions du monde il pleut presque toute l’année et les élèves suivent correctement leurs cours. Sociologiquement, nous l’avons acceptée comme telle alors qu’en réalité, cela pourrait autrement être grâce à une mise à suffisance d’infrastructures éducatives standard, en particulier dans les zones rurales. Est-ce une cause pour mieux expliquer en partie pourquoi le système éducatif de notre pays fait parti de ceux qui ne remplissent pas avec le quantum horaire annuel attendu.  À cette cause, il faut ajouter également certains poids socio-culturels, l’accent trop mis dans d’autres domaines où s’activent les jeunes au détriment de l’éducation. L’enseignant, le médecin, l’ingénieur … ont cessé d’être de solides références pour la jeunesse. Notre pays a eu le privilège d’obtenir son indépendance sous le guide d’un grand intellectuel, le Poète Académicien Léopold Sédar Senghor qui l’a légué le culte d’une éducation et formation de qualité. Et pourtant à nos jours, « l’éducation et la formation de qualité » constituent un prestige et un luxe pour beaucoup de jeunes. Nous oublions qu’aucune société ne peut améliorer la condition humaine et sa communauté si elle ne donne la priorité à l’éduction et à la formation.

Il ne faut pas faire la politique de l’Autriche. Il faut lever la tête, ouvrir les yeux et repenser correctement le système d’éducation et de formation de notre pays. Historiquement, l’université était le lieu où les gens étaient transformés, des « sauvages » (en utilisant des terminologies ethnologiques du XIXe siècle) aux « gens » (avec une vision éclairée et universelle comme le chantaient les philosophes de l’époque de Kant, Diderot, etc.).). L’éducation était réservée à quelques-uns au sein de la société, et vu son importance dans le développement des individus et des communautés, dans toutes les sociétés, prônait la démocratisation de l’enseignement. Au début du XIXe siècle, il y avait peu d’universités en Afrique, et parmi celles qui existaient, celle de Dakar a toujours été une référence. Tous les enfants africains francophones ont voulu accéder au savoir au-delà de leurs frontières en venant au Sénégal grâce la crédibilité son enseignement public et sa stabilité socio-politique.

Que reste-t-il de cette image universitaire ? Notre fierté nationale ? Dieu me sauve de l’omission d’un jugement, mais je ne peux pas rester sans exprimer mon inquiétude. Dakar reste-t-il encore le centre de l’enseignement de l’éducation de qualité en Afrique au sud du Sahara. Notre capitale perd-elle sa place au profit d’autres cités qui jadis se précipitaient à la porte pour faire entrer leurs étudiants à notre université nationale. Le classement de Shanghai (discutable en soi) positionne nos universités très loin des priorités et des stratégies, presque dans la file d’attente. Cette situation peut attrister tout bon patriote. Malgré les différentes  réformes annoncées, la situation semble se dégrader année après année. Les campus universitaires sont surpeuplés, ceux qui offrent des connaissances sont découragés. Et les étudiants ? Pris entre les fractions politiques qui ont inondé nos universités, leur misère personnelle et le manque de moyens pour faire face à des études et recherches très exigeantes. Les campus universitaires de notre pays peuvent-ils redevenir laïques, apolitiques. Certes, l’université est un espace de confrontation d’idées, mais la particularité sénégalaise pose encore beaucoup d’interrogations. Un espace jadis dédié à la recherche de savoir est aujourd’hui transformé en un laboratoire de positions inconciliables, rêves anéantis par les idéologies, en ring de confrontation physique, de lieu de débat habillé d’insultes et de reproches.

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Nous sommes tous responsables. Nous avons vu notre ancienne université tomber malade et montrer des signes inquiétants, mais nous nous consacrons à introniser la décadence sociale au détriment des connaissances qui formatent l’individu. Je ne dirai pas comme Spengler (le déclin de l’Occident) que nous entrons dans la porte du « déclin sénégalais », mais voyant l’importance des connaissances, notamment scientifiques pour le développement des sociétés modernes, c’est-à-dire l’économie des savoir faisant la différence aujourd’hui entre les pays pauvres et  les pays riches. Oublie-t-on la priorité.

La plupart des pays asiatiques ont partagé le même niveau de développement du PIB que nous pendant les années 1960. Aujourd’hui, ils nous ont dépassés grâce à leurs efforts pour valoriser l’enseignement des sciences et de la technologie. Combien de nos appareils n’ont pas quitté leurs usines ? Y a-t-il un téléphone sénégalais ? Y a-t-il une voiture nationale ? Et il y en a d’autres que nous pourrions continuer à demander. La Chine acclamée aujourd’hui en tant que superpuissance, en combien de temps la tendance s’est-elle relâchée pour atteindre sa position de géant économico-militaire ? En moins de cinquante ans, elle a été transformée; presque tous les pays africains se tournent vers ses grottes pour bénéficier des dernières fabrications. Les chinois l’ont fait grâce à la science, au travail et à la discipline de leur peuple. Mais surtout, ils ont donné une valeur importante à leurs aux études universitaires. Pendant des décennies, ses élèves ont afflué à travers le monde pour s’entraîner puis revenir avec des connaissances. Existe-t-il chez nous une politique qui favorise le retour des étudiants sénégalais de l’étranger. Peut-être oui, peut-être non. Mais l’impression perçue çà et là de ces derniers ne clignote malheureusement pas au vert. Rares d’étudiants sénégalais à l’étranger semblent se presser de revenir au pays pour monnayer leurs savoirs et leurs connaissances. Ce n’est pas uniquement par manque de volonté politique, la sociologie sénégalaise elle aussi ne rend ce retour facile. Pourquoi ne pas encourager les compatriotes ayant fait des études supérieures et résidents à l’étranger à rendre des services à la nation par le biais de l’enseignement supérieur par l’utilisation des technologies modernes. Cela a-t-il été tenté.

L’université est le poumon de toute société qui veut vivre. Notre enseignement universitaire est paralysé car il est le reflet de l’effondrement du système éducatif actuel. Nous sommes plus à l’ère de recevoir des honneurs (avec toutes ses limites, l’ère du président Senghor adorait l’éducation et la méritocratie) et d’être une référence. L’espace public n’appartenait qu’à ceux qui ont inspiré, actuellement une fête avec de nombreux tambours. Celui qui joue le pire reçoit plus d’applaudissements. Où est l’élite universitaire. Avons-nous mesuré l’impact de démocratisation sans mesure de nos nations. Platon avait raison lorsqu’il a montré son souci de la démocratie, surtout après la mort de Socrate, victime de l’opinion majoritaire et irréfléchie.

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Préoccupé par l’agonie de notre système universitaire, je lance un vibrant appel un système universitaire qui donne aux jeunes toutes les armes scientifiques et techniques pour arriver avec beaucoup d’espoir sur le marché de l’emploi et du travail. Elle ne sera certes pas facile mais une réforme s’impose. L’organisation par département universitaire, le contenu des programmes d’études relèvent de la responsabilité de chaque secteur, mais en ce qui concerne le système en question, d’autre choix en dehors de la de la reformulation ne s’imposent point.

Chaque année, près de cinquante milles  nouveaux étudiants entrent dans les campus universitaires ce qui pèse lourdement et a fini par créer des lacunes  l’académie. Les centres sont déjà surpeuplés et ne sont pas accompagnés d’un nombre suffisant d’enseignants. Les images projetées à partir de cet environnement pédagogique ne donnent pas espoir d’un lieu où des études et recherches de qualité peuvent s’effectuer. Les étudiants doivent être félicités pour leur abnégation face aux défis. Beaucoup d’entre eux ont quitté les zones rurales du pays vers les capitales du savoir et, malheureusement, ils ne bénéficient pas tous des mêmes opportunités ou conditions pour entreprendre. Compte tenu de cela, un certain nombre finit par quitter et partir se livrant à d’autres activités qui ne sont pas compatibles avec leurs études, d’autres déçus et découragés abandonnent purement simplement leurs études

Dans ce contexte, une réforme qui combine étude et formation au métier d’emploi à la fois pour les étudiants constituerait un modèle d’enseignement idéal adapté au contexte socio-professionnel de notre population estudiantine. Il faut combiner théorie et pratique. En d’autres termes, changer le mode de fonctionnement / enseignement universitaire, notamment dans les domaines humanistes. Les étudiants allient études et travail, théorie et pratique. Cela facilitera la tâche de recherche des enseignants pour améliorer la qualité de l’enseignement. Mais cela implique également qu’il existe des infrastructures et des ressources capables d’accompagner une éducation moderne.

Par conséquent, dans chaque centre universitaire, les départements devaient être créés uniquement au service de l’employabilité des étudiants, à l’image du  « uitzendbureau » néerlandais (agence privée pour l’emploi) agissant comme intermédiaires entre les entreprises et les demandeurs d’emploi. Les étudiants peuvent travailler entre quinze et vingt heures par semaine. Essayez de vous assurer que tous les étudiants universitaires sont orientés vers un type d’activité en fonction de leur profil et des besoins de l’entreprise. Tout d’abord, l’état ne sera là à injecter de l’argent tous les mois sous forme de bourse ou d’aide, ni à mobiliser des forces de l’ordre pour parer aux risques de mouvements d’humeur et de grèves. Les ressources qui sont utilisées pour payer les bourses sont ainsi investies exclusivement dans des secteurs créateurs d’emplois pour le monde universitaire ; c’est-à-dire que chaque université a son propre poumon économique avec diverses activités. Cela ne signifie pas la privatisation, mais la responsabilité des établissements universitaires de protéger leurs moyens de subsistance. Cela nécessite une planification stratégique. A ce titre les années scolaires sont protégées de toute manifestation extra estudiantine. Cela garantit la transparence dans la gestion et la rationalisation des ressources pour construire davantage de centres éducatifs.

L’argent distribué sous la forme d’une bourse qui finit par être utilisé uniquement pour la nourriture et l’achat de biens pour les besoins de base deviendrait un facteur générateur de ressources supplémentaires pour l’État, les universités et les étudiants. Etudiant et travaillant, ils contribuent à leur propre croissance et au développement économique du pays; les entreprises universitaires créées pour ces emplois stimuleront l’économie, feront avancer le processus de création d’infrastructures, réduiront le chômage des jeunes et contribueront au développement des régions étant donné que le fait d’avoir une université dans chaque région et d’être accompagné d’entreprises par les universités, stimule l’économie locale, surtout si une partie du travail que les étudiants vont effectuer devra être dans les secteurs de l’horticulture, de l’ épicerie , des services et de la logistique selon les besoins des activités économiques créées, l’industrie hôtelière, l’ assistance aux personnes âgées, renforcement scolaire des élèves les plus avancés en faveur des élèves du secondaire pour éviter l’échec scolaire des enfants issus de familles sans ressources, etc. Cela encourage les étudiants à être responsables envers eux-mêmes en n’ayant pas à dépendre de l’État, et aidera à définir les vocations de tous les étudiants qui envisagent l’idée d’abandonner leurs études, afin qu’ils puissent savoir s’ils souhaitent poursuivre des études universitaires ou faire formation professionnelle. De cette façon, plus d’emplois de qualité peuvent être créés, directement et indirectement ; en même temps, transformer notre monde universitaire qui stagne depuis des années dans un conflit entre les syndicats, l’État et les étudiants.

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Celui-ci doit être organisé dans chaque région de telle sorte que, au début de chaque cours, les parents peuvent inscrire leurs enfants et l’université peuvent calculer la demande et offrir des places à temps; bien le faire  pourrait encourager la vocation pédagogique de nombreux jeunes et créer un environnement de solidarité entre les générations. Pourtant, sur les avantages éducatifs, en voyant les directions dans lesquelles se dirige l’éducation moderne (en ligne et à distance), permettra de réduire le nombre d’élèves dans les classes (la plupart du temps pléthorique). Grâce à un système qui permet le travail et les études, l’enseignement peut être dispensé en petits groupes et en rotation, car les étudiants devront travailler par équipes en respectant leurs heures d’enseignement, ce qui donnera aux étudiants la possibilité d’avoir une interaction plus étroite avec les enseignants. Cela permettra à plus d’enseignants d’être à la disposition de leurs étudiants. Rationaliser l’espace universitaire par l’enracinement de la culture de l’enseignement à distance, qui profite non seulement aux étudiants, mais aussi à tous ceux qui sont dans le monde du travail pendant leur temps libre durant lequel ils souhaitent continuer à se former. De cette façon, tout la communauté universitaire traditionnelle et tous ceux qui souhaitent se former sont toucher.

À ce sujet, je suggère que le gouvernement du Sénégal, par le biais de l’Agence espagnole de coopération, demande à l’Université nationale d’enseignement à distance (UNED) de l’aider à s’inspirer de son modèle car il est un leader mondial en la matière. Il propose un enseignement à distance depuis plus de cinquante ans, bien avant l’essor de la technologie informatique. J’y ai fait une partie de mes études et il n’y a pas de meilleur système que celui-ci, pour ceux qui n’ont pas d’autre choix que de devoir travailler pour financer leurs études ; étudiez régulièrement sans manquer un battement.

Enfin, l’impôt à taux unique, va permettre d’aller à l’état de jeter les bases de la régulation du système de travail, à savoir, par le biais de contrats élèves de créer un régime devis spécial pour eux afin qu’ils puissent commencer à contribuer à la sécurité sociale, et contribuer à faire prendre conscience de l’importance de régulariser le secteur informel et que toute activité économique doit être régularisée : l’Etat va gagner et plus de recettes. De cette façon, non seulement l’État n’aura pas à distribuer d’argent chaque mois, mais il accordera également une autonomie financière aux universités car ce sont elles qui vont gérer ces moyens de économiques. De cette façon, nos universités pourront commencer à être compétitives et acquérir les instruments idéaux pour leur modernisation : une éducation moderne et de qualité ne fera qu’améliorer la qualité de l’homosenegalensis et est attrayante pour les étudiants africains qui souhaitent reprendre pied sur nos campus universitaires.

Si aujourd’hui la Chine, les États-Unis, l’Union européenne … ont le potentiel qu’ils ont au niveau économique, militaire et géostratégique, c’est grâce au fait qu’ils ont su couronner leurs universités et cela les a positionnés comme les centres du savoir mondial. L’université sénégalaise doit se réformer et je considère que ces solutions peuvent être viables. N’ayons pas peur de repenser ce qui ne va pas bien. Sauvons l’éducation de qualité qui nous a tant identifiés avant de finir vaincu par nos contraintes sociologiques. En plus de vivre à l’ère mondiale, les pays se ferment et retournent au protectionnisme. Nous ne devons pas commettre l’erreur de tuer nos universités sinon, demain, nous n’aurons plus d’arguments pour rivaliser. Le progrès ou l’échec des futurs États dépendra de la qualité de l’éducation de ses citoyens. Si vous aimez tant le pays, n’ayez pas peur de créer nos futurs héros.

Maurice Dianab Samb

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