Que pourrait-on reprocher au président Macky Sall sinon qu’il n’est pas expert dans le choix des experts.
Ainsi, en est-il du choix porté sur Robert Sagna comme son« Monsieur Casamance», nonobstant tous les autres «Messieurs» et «Mesdames» ayant fait l’objet de décrets de nomination.
Aussi, d’aucuns pourront-ils noter que, de 1960, année de l’indépendance déclarée du Sénégal, à nos jours, la Casamance s’illustre tristement dans sa représentativité au sein de l’Etat, que celle-ci participe du fait du prince ou bien qu’elle soit le fait, présumé ou avéré, des Casamançais.
En effet, depuis cette date historique, la Casamance a eu, et elle l’a encore, la malchance, bien méritée peut-être, d’être représentée par des Représentants qui, dans leur immense majorité, auront passé toute leur vie à seulement vivre, mais guère à exister ; si l’on sait qu’exister c’est étymologiquement être placé. Untel existe parce qu’il a trouvé sa place.
Exister, ça n’est donc pas être parvenu ; ça n’est pas avoir réussi. Exister, c’est avoir trouvé sa place, qu’il ne suffit cependant de trouver. Encore faut-il s’y accomplir pleinement, et de préférence à bon escient. Et ça n’est possible que si l’on est doué ou doté de l’empathie. C’est tout l’enjeu de tout leadership.
En effet, si la relation humaine, en tant que telle, ne s’embarrasse pas du nombre, de la quantité, mais plutôt de la qualité, qui, elle, participe de l’empathie, la relation sociale, quant à elle, se satisfait du lien social et notamment de la solidarité. Or on peut être solidaire d’avec un criminel pour son crime. Qu’est-ce que c’est donc que l’empathie ?
L’empathie, c’est la capacité ou l’aptitude à se mettre à la place de l’autre, sans gommer au passage son altérité à soi. L’empathie est ainsi, toujours, un acte « positif », alors que la solidarité ne l’est pas toujours.
La solidarité peut tuer. Et elle tue, souvent, notamment dans le ‘‘Contexte casamançais’’ où, suggérai-je dans mon ‘‘Avis de décès : le mensonge est mort en Casamance’’ (diasporas-noires.com, 2016), parce qu’elle tue, souvent très banalement, la solidarité est inversement proportionnelle à l’empathie.
Et pourtant, Robert Sagna, comme beaucoup de ses semblables casamançais, croira et dira, imperturbablement, «avoir fait», et même «beaucoup fait», pour la Casamance. Eh bien ! moi je leur dis, faisant ici un clin d’œil à Victor Hugo : Non !
Messieurs, vous n’avez rien fait. Et il en sera ainsi, aussi longtemps que durera en Casamance, sous prétexte de la recherche de la paix, «l’obscure guerre des lâches et des infâmes». ‘‘200 tôles + 300 mille francs pour de supposés futurs ex-combattants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC)’’ Telle est la dernière trouvaille de Robert Sagna, en sa qualité de « Monsieur Casamance » du Président Macky Sall, qu’il sollicita donc ès-qualité pour obtenir de Son Excellence le budget nécessaire à cette besogne.
La dernière trouvaille de Robert Sagna, disais-je, après donc moult et moult autres trouvailles, de 1982 (année du déclenchement du conflit en Casamance) à 2000 sous le règne du président Abdou Diouf, et depuis 2012 avec le président Macky Sall.
A ce niveau de responsabilité, du haut d’une station politique aussi relativement stratégique celle-là ; qui plus est au plus fort de la crise sanitaire du covid-19 ; si tant est que l’on éprouve un tant soit peu de l’empathie pour la Casamance et les Casamançais ; comment, donc, à un tel niveau de responsabilité politique et du haut d’une telle station d’Etat, peut-on s’autoriser une telle légèreté coupable, au lieu par exemple de sensibiliser et convaincre le président de la République quant au bien-fondé de la fluidité continue et pérenne de la Nationale transgambienne ; quitte à dépêcher sur les deux tronçons gambiens de ladite Nationale ainsi que sur le pont de Farafenni des équipes spécialisées, précisément pour sécuriser au plan sanitaire les voyageurs en partance ou en provenance du Sud ?
Chers Compatriotes, et Cher(e)s Ami(e)s d’ici et d’ailleurs, Nous avons la chance que Robert Sagna et beaucoup parmi ses coacteurs dans la gestion du conflit en Casamance sont encore en vie. Que n’ont-ils dit, et redit, quand, au contraire d’eux, je n’avais pas droit au chapitre dans le Maquis casamançais ?
«Le problème avec Biagui, c’est qu’il est corrompu ; Biagui a vendu la Casamance, tantôt au Sénégal, tantôt à la France… (et j’en passe) », disaient-ils sans répit à l’intention des maquisards, avec le funeste dessein inavoué de me faire liquider, purement et simplement, sans aucune autre forme de procès. Mais nous avons également la chance, moi en tous les cas, que moi-même, en tant que «responsable moral et politique» historique du MFDC, ainsi que nombre de mes camarades de lutte sommes encore en vie.
Alors, devant Dieu et La Casamance d’une part, et devant Dieu et Le Sénégal d’autre part, je demande que la justice soit faite, ici, sur Terre, et maintenant, même si le droit en l’occurrence ne peut être dit au Sénégal.
Jean-Marie François Biagui est président du Parti Social-Fédéraliste (PSF), ancien Secrétaire Général du MFDC