Etant alité pendant le décès du porte-parole du khalife général des Tidianes Pape Malick Sy, le président Cora Fall qui entretenait d’excellentes relations avec le marabout avec qui il a cheminé pendant une période, a tenu à lui rendre hommage, mais également à revenir sur les relations qui les liaient, à travers des extraits tirés de son œuvre autobiographique qu’il est en train d’écrire et consacrés au défunt marabout.
Le président Cora Fall a tenu avant tout à présenter ses condoléances au khalife général des Tidianes de même qu’à toute la famille de Seydi El Hadj Malick SY et plus particulièrement à l’épouse du défunt et à ses enfants. Cora Fall est revenu sur le soutien que Pape Malick Sy lui avait accordé pendant la période où il avait l’ambition d’aller à la conquête de la 5e coordination du Parti socialiste de Rufisque. C’était à une époque où les barons de ce parti régnaient en maîtres sur l’ensemble des coordinations socialistes du Sénégal.
Le maire honoraire du Rufisque renseigne également dans son livre que c’est grâce à Pape Malick Sy qu’il avait été reçu par Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum dans sa résidence à Fann. Serigne Cheikh lui avait demandé de revenir le lendemain seul, pour déjeuner en sa compagnie et aussi pour discuter plus amplement avec lui avant de lui donner sa bénédiction. C’est lors de cette deuxième rencontre que Serigne Cheikh lui avait fait une révélation à savoir qu’il soutenait Alioune Badara Mbengue lors d’une déclaration qu’il avait faite chez Mbaye Diop Fary Mbaye, directeur de l’hôpital Aristide Le Dantec, pendant cette période. Et Cora Fall aussi d’informer le marabout que son engagement était relatif à l’amour qu’il avait pour sa ville et à sa détermination de travailler à son développement.
Selon toujours Cora, Al Makhtoum lui avait confié que Pape Malick Sy n’était pas seulement son ami, mais également son frère car ils appartenaient à la même famille. Serigne Cheikh avait convoqué l’Histoire en lui rappelant que le grand-père et homonyme de Pape Malick Sy, à savoir El Hadj Malick Sy, était l’ami de son grand grand-père à lui, Cora, El Hadj Amadou Fall. Raison pour laquelle, durant les séjours du vénérable El Hadj Malick Sy à Rufisque, il élisait toujours domicile chez El Hadj Amadou Fall. Serigne Cheikh a donc indiqué à son hôte que, rien que pour cette raison, il allait lui donner sa bénédiction.
Cora Fall donne un adiya de 500.000 frs à Serigne Cheikh qui lui offre en retour… 10 millions de francs !
Comme demandé par le marabout, l’ancien député-maire de Rufisque était donc revenu le lendemain en compagnie de Pape Malick Sy, pour remercier Al Makhtoum de son soutien mais aussi profiter de l’occasion pour lui remettre la somme de 500.000 francs en guise de adiya à titre symbolique. Serigne Cheikh, grand seigneur, en plus de lui avoir retourné l’enveloppe, s’empressa d’ouvrir son armoire pour remettre à Cora une somme de… 10.000.000 francs pour l’encourager dans son combat politique ! Et sur le champ, raconte Cora, Al Makhtoum avait donné instruction à Pape Malick Sy d’aller vers ses disciples pour les informer de sa décision de soutenir Cora Fall. A partir de ce moment, Cora Fall était constamment avec Pape Malick Sy, et il arrivait souvent qu’ils se retrouvent au niveau de leur quartier général à Bambilor, non loin de Rufisque, pour travailler en toute sérénité. Ce qui leur permettait de mettre à jour les registres dans lesquels étaient consignés les noms de tous les militants.
Dans son autobiographie, Cora Fall fait aussi un bref retour sur le passé pour évoquer le combat politique qu’il a eu à mener pour une démocratie à l’intérieur du PS. Lorsque le bureau politique du PS avait décidé d’envoyer une commission nationale de vente de cartes et de renouvellements simultanés des instances de base du parti dans l’ensemble des comités, sous la supervision du secrétaire politique, Moustapha Niass à l’époque, ce dernier avait délégué Abdoulaye Niang comme commissaire. Ce dernier était secondé par une équipe pour l’accompagner dans sa mission.
Selon Cora Fall, n’eût été le courage politique, la détermination, l’engagement et l’esprit militant de Moustapha Niass, cette démocratie interne au parti socialiste pour laquelle il se battait, n’aurait jamais vu le jour. Il a aussi rappelé que ces renouvellements se sont déroulés jusqu’à 4h du matin en présence des forces de sécurité (GMI). Et il a fini par remporter la victoire au niveau des 11 sections, sur les 12 que comptait la 5e coordination de Rufisque. La seule section qui avait échappé à cette razzia, était celle dirigée par Doudou Cissé, directeur de l’Imprimerie nationale à l’époque, et Badara Mamaya Sène, l’ancien maire de Rufisque qui vient lui aussi malheureusement de nous quitter.
A en croire Cora Fall, depuis cette période, il n’avait jamais été battu à des élections à Rufisque au temps du règne du PS. Les seuls revers politiques qu’il avait eu à subir, c’était sur la base de complots au niveau du parti ou au niveau de l’institution municipale de Rufisque. Il a tenu aussi à rendre hommage aux jeunes qui, en 1975, avaient 16 ou 17 ans mais qui, quand même, s’étaient organisés dans tous les quartiers et six ans après, étaient devenus les électeurs de la ville de Rufisque. Ces jeunes ont largement participé, à travers leur engagement citoyen, à le soutenir dans son combat politique, qui avait abouti à sa victoire en 1980. Cora dit revoir encore la joie et l’immense plaisir sur le visage de Pape Malick Sy qui, ce jour-là, très heureux, était comblé par cette victoire qui était aussi la sienne. Voilà les raisons pour lesquelles, le maire honoraire de Rufisque dit avoir consacré une partie importante de son ouvrage biographique en cours d’édition au défunt porte-parole du khalife général des Tidianes.
Cora assure qu’il a été le premier jeune socialiste sous Senghor, en 1980, à succéder à un baron à la tête d’une coordination PS sur l’ensemble du territoire national. Ce qui eut l’effet d’ouvrir une brèche dans le cercle très fermé de secrétaires généraux de coordinations dont l’essentiel était contrôlé par des gérontocrates. En effet quelque temps après cette victoire de l’alors président de la Jeune chambre économique du Sénégal, des jeunes commencèrent à prendre le relais à la tête des coordinations du Parti socialiste à l’image de Jacques Diouf (défunt secrétaire général de la FAO) à Saint Louis, Robert Sagna à Ziguinchor, en passant par Mar Diouf à Bargny, Falilou Kane à Diourbel etc…
Notre interlocuteur se souvient que feu Bara Diouf, à l’époque directeur général du quotidien national Le Soleil, avait surnommé les jeunes de sa génération qui avaient succédé aux barons « les hommes du président ». Une manière de faire allusion au président Abdou Diouf, qui était de leur génération qui venait de succéder au président Léopold Sédar Senghor et qui partageait la même vision que ces jeunes loups concernant la marche du Parti socialiste. Le maire honoraire de Rufisque soutient qu’il ne pouvait faire l’impasse sur l’histoire qui le lie à Pape Malick Sy, qui avait été toujours à ses côtés, depuis que Al Makhtoum leur avait donné sa bénédiction.
Le président Cora Fall se souvient qu’un mois avant le rappel à Dieu de Pape Malick Sy, le défunt porte-parole du khalife général des Tidianes, ayant eu écho qu’il était alité, s’était empressé de lui rendre visite à son domicile et avait même tenu à ce qu’ils prennent une photo ensemble. C’est la dernière fois que Cora Fall l’a vu jusqu’à avoir reçu l’information de son rappel à Dieu. « Puisse Allah l’accueillir dans Son saint paradis tout en continuant de veiller sur sa famille » a prié, pour conclure, le président Cora Fall à l’endroit de son regretté ami Pape Malick Sy.