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Il Faut Sauver Le Mali

Les propositions faites par la mission de la CDEAO menée par Jonathan Goodluck n’ont pas réussi à fédérer les forces politiques maliennes. La majorité présidentielle semble satisfaite de ces conclusions alors que les forces d’opposition regroupées dans le M5-RFP (Rassemblement des Forces Patriotiques) les rejettent. Le point d’achoppement étant : faut-il conserver IBK comme président ou non et si oui à quel rôle doit-on l’astreindre ?

C’est dans ce contexte que cinq chefs d’ Etat de la Cedeao se sont rendus au chevet du Mali ce 23 Juillet pour trouver une issue à cette crise politique dont n’avait surement pas besoin le Mali.

Devant ce dilemne, garder ou pas IBK, deux interrogations sautent aux yeux :

– LE M5-RFP a t –il d’autres choix que celui d’accepter les propositions de résolution faites par la mission Goodluck de la Cedeao ?

– Les cinq présidents  de la Cedeao peuvent-ils faire d’autres propositions que celles déja émises et qui ont rencontré une fin de non-recevoir du M5-RFP ?

A la vérité, on a envie de répondre par la négative aux deux questions précédentes. Dès lors, on comprend que les lignes n’aient pas bougé à l’issue de cette journée de rencontre.

Si on se cantonne au fait que la crise malienne est une crise liée aux dernières législatives, les mesures édictées par la Cedeao pourraient suffire.

Si par contre, on considère que la crise électorale est juste un élément supplémentaire qui vient s’ajouter aux nombreuses crises que traversait déjà le pays : crise sécuritaire ; crises sociales, crises alimentaire et éducative, ces mesures sont à l’ évidence insuffisantes.

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Clarifier le contexte, définir le cadre de la négociation entre les parties est donc essentiel. Autrement, tout compromis, s’il est atteint, reposera sur un malentendu qui le fragilisera à terme. Il s’agit de trouver des solutions pérennes à une situation qui n’est pas conjecturelle – crise électorale – mais bien structurelle – crises sécuritaire et politique.

Il faut que les parties arrêtent de se regarder en chiens de faïence et sortent de cette attitude de “tout ou rien” qui ne présage rien de bon et qui surtout ne règle rien. Tout le monde se cristallise autour de la ligne rouge matérialisée par le départ ou non d’IBK. Les politiques devraient pour une fois favoriser l’agenda de l’intérêt commun du Mali plutôt que de privilégier leurs propres intérêts.

Le M5 RFP qui continue d’exiger le départ d’IBK au nom des malheurs qu’il a causés, notamment la répression sanglante des manifestations du 10 juillet dernier avec sa cohorte de morts ;

Les cinq de la Cedeao qui persistent à dire que la loi fondamentale se doit d’être respectée et que donc IBK ne saurait être démis comme un vulgaire quidam ; n’arriveront pas à une solution qui sortira le Mali de l’impasse dans laquelle il se trouve.

C’est vrai que la République du Mali est laïque et qu’il est curieux de voir un aéropage de religieux sulfureux et de partis d’opposition républicains s’allier au sein du M5 RFP pour  réclamer le départ d’un président élu et réélu démocratiqument. Tout comme il n’en demeure pas moins vrai qu’on ne saurait laisser le Mali sombrer par la faute d’un président, coupable de tous les maux, à sa tête pour la seule et unique raison du respect de la constitution.

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Au fond, respectent-ils tant que ça la constitution ? N’invoquent-ils pas son respect seulement quand cela les arrange ? Ne la changent-ils pas ou ne lui donnent-ils pas une interprétation partisane dans le seul but de favoriser leurs funestes desseins souvent à l’opposé des intérêts de leur people ?

Pourquoi IBK n’organiserait-il pas un référendum pour ou contre son maintien et faire en sorte que le peuple de Mali y participle ?  Pourquoi cette obsession de pouvoir comme un père de famille inquiet quand on a échoué à ce point à résoudre les problèmes de son peuple ?

Acueilli en sauveur en 2013, espoir de tout un peuple, il n’a depuis lors cessé de décevoir. Sous ses magistères, le Mali a régressé sur tous les plans et continue encore de plonger dans le néant.

Devrait-on assister, impuissants à une mise en bière du Mali au seul motif que la Constitution autoriserait encore IBK à rester au pouvoir pour les quatre prochaines années ?

Le problème du Mali est ailleurs. Il dépasse largement la personne d’IBK. Il ne s’agit point de l’éjecter ou de le maintenir au pouvoir. Il s’agit de définir un programme de sortie de crise, un programme qui adresse tous les maux constatés depuis 1991. Il faudra ramener l’Etat dans le nord et le Centre qui ne sont plus gouvernés depuis longtemps. Il faudra renégocier les accords d’Alger qui font la part belle aux touareg. Il est urgent de désarmer les milices du centre et désamorcer ainsi la guerre entre dogons et peuls. Il faudra rompre la spirale négative qu’empruntent les régions aurifère de Kayes et nourricière de Sikasso.  Il faudra éradiquer la corruption présente partout particulièrement dans les institutions d’Etat et qui mine le développement. Il importera enfin, de rétablir les institutions de la République aujourd’hui fantomatiques ou brinquebalantes ; cour constitutionnelle, cour suprême, Haut conseil,  assemblée nationale etc.

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Force est de constater qu’IBK a perdu la main depuis longtemps et le maintenir au pouvoir ne servirait en aucune manière les desseins des maliens.

A coté de cela, la question qui se pose est de savoir si le M5-RFA représente réellement la majorité de Maliens ? Que propose ce mouvement “mealting pot” au-delà du “ôtes toi que je m’y mette”?

Aider le Mali consisterait à l’aider à édifier un programme robuste qui résolve à minima les maux dont je viens de parler. Il conviendra ensuite, dans une grande concertation nationale, de proposer ce programme aux Maliens pour qu’ils se prononcent sur les propositions qui y seront faites. A la suite de cela seulement, tentera t-on de mettre en place une équipe compétente capable d’exécuter ce programme au profit des maliens. Qu’ importe le format de cette équipe ; gouvernement d’union nationale, équipe gouvernementale transitoire, pourvu qu’elle soit née d’un consensus national et qu’elle dispose des compétences reconnues par tous pour agir. 

C’est à ce rôle que devait s’atteler la mission de la CDEAO plutôt que de tenter de sauver le soldat IBK !

tsow@







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