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Grand Babacar, Nous Te Devons Une Bataille

Grand Babacar, Nous Te Devons Une Bataille

Non, un baobab n’est pas tombé… Pour évoquer la perte d’un homme de la dimension de Babacar Touré, l’image du « Baobab qui est tombé » va virevolter, empreinte d’une saugrenue banalité, de Une en Une, croyant illustrer une tragique perte.

Les mots ayant un sens, ce n’est d’abord pas « UN » baobab, mais « LE » baobab.

Ensuite, ce baobab, nourri de tant de sèves universelles fécondantes et structurantes, loin de tomber, va au contraire étendre ses branches chargées de tant de nœuds et de liens vers les cieux d’où il nous observera, que c’est à l’ombre de son feuillage que nous nous devrons de réfléchir chaque jour que Dieu fait à ce que Babacar Touré a apporté à l’Histoire de la démocratie sénégalaise, grâce à sa conception de l’information et l’exigence de probité et d’éthique qu’il attendait de ses confrères et souvent amis.

En fait, il m’arrive presque de penser qu’au contraire, il faudrait plutôt constater qu’il pouvait être parfois triste de constater que sur la voie qu’avec d’autres, il avait tracée, s’était engouffrée, par effraction et à coups de vacarmes visqueux, une autre idée de la presse, à mille lieues de celle qu’il incarnait de toute son imposante stature.

Je parle à ces « journalistes » de choses que les moins de 20 ans de métier ne peuvent pas connaître, à commencer par le rôle que Babacar Touré a joué dans le maintien et la consolidation de notre démocratie. Au sortir de l’ère du parti unique, et du PDS son cache-sexe démocratique, le foisonnement des idées, la qualité de notre personnel politique reconfiguré autour d’idées neuves et de leaders charismatiques, nécessitait un réceptacle et un accélérateur de particules démocratiques, que le Groupe Sud créé et dirigé par Babacar Touré a su incarner.

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D’abord en faisant converger autour du concept fondateur des hommes et des femmes de talent et de conviction, qui avaient fait ce qu’on appelle « leurs humanités » avant d’arriver au prestigieux CESTI, déjà souvent bardés d’une Maîtrise en quelque chose, et d’une certaine idée de la vie, de la culture et de la société. Tous ceux qui comptent comme références dans la presse d’aujourd’hui sont peu ou prou passés par l’incubateur de notre débat politique que fut le Groupe Sud. Imaginez le niveau stratosphérique que devaient atteindre les conférences de rédaction de Sud Radio comme de Sud Quotidien, emplies des échanges cruciaux et d’importance historique souvent, portés par des plumes, des voix, des esprits, qu’il est inutile de nommer, 2000 signes n’y suffiraient pas… Des hommes qui n’auraient jamais supportés que les lignes qu’ils diffusaient à leurs lecteurs pour les rendre plus curieux, plus avisés, plus libres, plus cultivés et plus responsables de leurs destins, viennent être percutées et souillées par des Unes emplies de « éjacule, viol, adultère, et autres Selbé Ndom ».

Des hommes et des femmes qui n’auraient jamais supporté que leurs enquêtes soient payées par les uns pour salir les autres.

Des hommes qui avaient tellement conscience de leur responsabilité et de leur pouvoir, que les conditions de mars 2000 ont mijoté depuis 1996, et sont sorties des ondes et des pages de Sud. Cela, nous le devons à Babacar Touré.

Mais nous lui devons surtout une bataille. Celle de mener à bien la bataille qu’il a entreprise au CNRA sur la fin, mais déjà bien avant, de donner aux Sénégalais la presse qu’ils méritent et le respect qu’on leur doit. On ne peut pas continuer à être navrés tous les jours par le niveau et la qualité des « informations » que ces journaux, sites improbables, nous dégueulent chaque jour, confortés par la certitude, hélas souvent validée, qu’ils ne font que donner aux sénégalais ce que leurs désirs de frivolité et de vulgarité requièrent.

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Pour le souvenir de cet homme, pour aller toujours deviser sous les branches du baobab qu’il aura fait pousser, nous lui devons de gagner le pari de réaliser son rêve absolu, celui d’une presse qui serait à juste titre le « quatrième pouvoir». Pour le moment, elle n’est souvent que le « premier mouroir » de nos illusions.







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