Adieu Capitaine- malgré la tempête, le bateau est amarré à Sangamar !
«Waaw goor- jook a njal kor khoyane fo Mariama Cama»
Mansour, sans me le dire, tu avais fait devant des collègues du mouvement alter mondialiste, européens et africains, des témoignages sur moi, dont les échos me sont parvenus dès les premières heures de ton envol vers le ciel.
C’est alors à mon tour de faire des témoignages sur toi, mais à titre posthume. Je ne le voudrais pas ainsi, mais je ne dispose pas d’autres possibilités. Je sais que tu n’aimais pas qu’on parle de toi, mais fais-moi cette dérogation Capitaine !
Mansour, ce matin-là lorsque ton assistante m’a eu au téléphone, en sanglots, je ne pouvais pas m’imaginer que c’était pour me confirmer la mauvaise nouvelle ; celle de ton envol au ciel.
Mais hélas, devant la volonté divine, nous ne pouvons que nous incliner en tant que simples créatures du Tout-puissant. Oui grand frère, vous êtes monté au ciel alors que notre conversation n’était pas terminée. Comment avez-vous réussi à tromper ma vigilance ? Mais j’oublie une chose, c’est que «les oiseaux messagers de la paix et de la solidarité, voyageurs du ciel, se cachent toujours pour mourir»
Capitaine Mansour, au sourire écarlate comme la vague moussante des eaux des rives de Sangamar, où tu es retourné pour retrouver les Pir maak à Sangamar, oui tu nous a vraiment trompés, en pleine traversée des océans alors que nous nous approchions de Maama Ngecc, après avoir quitté les rives de Simal, de Djilor, face à Kaltamague, ce lieudit dans les poèmes de Sédar, faisant cap sur Mar Fafaco, Mar Lothie, Balgane, Dionewar, Niodior, Djifère, Fassanda, en ayant l’œil sur Mbodiène.
Capitaine Cama, Jook a njal ! Waaw goor ! Le bateau est arrivé à port et vous nous avez bien transmis le gouvernail dans une tempête de mondialisation néolibérale, et de tempête marine, de complots, d’intrigues, de trahisons, et d’exclusion, de manigances. Alors, mission accomplie, merci ! Yaa Fatou Téning est bien fière de son fils, de même que tous les Faata – Faata et familles alliées. Kor khoyane Cama, Jook a njal !
Ce lundi matin, tout le monde était à «l’embarcadère» de l’hôpital Principal pour t’accompagner vers Sangamar. «A Kimalé a lengo». La chanson était la même et les témoignages unanimes : «Mansour a été un bon capitane entendait-on partout, de toutes et de tous.»
Oui, tes amis étaient là, ces collègues capitaines, tes collaborateurs, ici et là ; même tes adversaires d’hier, tes ennemis d’antan, dans des «propos hypocrites» comme certains savent le faire en de pareilles circonstances ; toutes et tous étaient là. Il y en a même qui ont diffusé des témoignages reconnaissant que c’est grâce à toi «Capitaine» que le Sénégal a atteint les Omd de l’eau en 2015. Ce patriotisme économique, sous fond de militantisme panafricaniste, avec une bravoure comme démontrée lors des Assises nationales, tu l’as toujours défendu et véhiculé.
Ohhhh ! Ignobles, ce que les hommes peuvent être mesquins sur terre ! Mais ils n’ont pas aussi osé dire que malgré ces performances, c’est bien à cause d’eux – d’elles – que le fameux contrat d’affermage a été retiré honteusement à la société que tu présidais et remis sur un plateau de dons et sous soupçons de corruption à une certaine multinationale suite à un appel d’offres qui aura duré trois ans, et dont le traitement final n’a jamais été vidé devant les juridictions compétentes. Verdik bi lanouy xaar ba tay ! «Thiey, bu Gaaccé done ray !!!
Seulement, je voudrais emprunter à une diva sérère que nous aimions tous sa chanson pour te dire que «Jaanif a guénarko ngangé, simka Mansour Cama, o Kor Khoyane, mbir maak xaada Sangamar». Si seulement on pouvait rendre visite aux disparus, oui, je viendrais te visiter, te dire bonjour et revoir ton sourire éclatant comme les eaux des rives de la mer des Jaxanora!
Mansour, si l’on pouvait envoyer un courrier au paradis, alors chaque matin je t’enverrai mille lettres par la poste. Oui, mille et une lettres. Mansour, s’il était possible de faire un appel téléphonique au ciel où tu te trouves en ce moment, je t’appellerais toutes les dix minutes.
Oh Dieu, pardonnez-moi mes propos d’émotion et de pécheur ! C’est vrai que si je dois étaler toute ma douleur, certains m’en voudraient ou penseraient que j’ai cessé de croire au Tout-puissant et à la mort à laquelle toute créature humaine ne peut échapper, comme le disait la cantatrice sérère Khady Diouf Diakhanor.
Mansour, notre cantatrice Khady Diouf – Diakhanor disait aussi que : «Jianif a nanga sooja fo fimb no kiine, nda sojké fo a pi no Kiine.» Littérairement traduit en français : (La mort peut faire disparaître le physique d’une personne, mais pas son œuvre). Ton œuvre reste un modèle et une réussite pour les jeunes capitaines à venir.
Waaw goor Capitaine ! Tu es parti comme tu as vécu, c’est-à-dire dignement, courageusement, honnêtement, et avec un patriotisme exemplaire, sans jamais accepter d’être humilié.
O Maagess, Waassanam ! Waassanam kor Sophie !
Avant de finir ces propos, je voudrais te dire que ces mots d’hommage seront développés davantage avec mes collègues du Fame, lors du prochain Forum mondial alternatif de l’eau prévu à Dakar l’année prochaine, si Dieu le veut.
Je sais qu’aux rives de Sangamar où se trouvent tous les Pir Maak Sérère, tu ne manqueras pas de dire à Sédar, à Pierre, à Leyti, à Adrien, Basile, à Maam Ké et à Fagnane Téning, que le royaume d’enfance ne vous oubliera jamais dans ses prières, du haut des «sorores» de Tivaouane, de Touba, de Kaolack, de Dakar, de Saint-Louis, mais aussi dans toutes les chapelles de la Petite Côte qui coexistent avec les mosquées de Dionewar, de Niodior, de Moundé, de Bassoul, de Djirnda, de NDianda, de Fadiouth, de Joal, de Mbodiène, dans un esprit de dialogue islamo-chrétien ; une des grandes valeurs de tolérance qui ont contribué sans doute à faire de toi un homme entier, généreux, tolérant, engagé, sincère et humble toute ta vie durant. Repose en paix «Capitaine» ; mission accomplie !
Waaw Goor Mansour
Jook a Njal Kor Khoyane Cama!
Que la terre te soit légère!! Amine Yarabi!
Mignane DIOUF
Royaume d’Enfance
midiouf@yahoo.fr