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Le Protocole D’accord De 2018 Devait Vraiment Constituer Le Point De Départ D’une Nouvelle ère De Stabilité Et Revalorisation De Notre Système éducatif (thierno Hamidou Baldé)

Le Protocole D’accord De 2018 Devait Vraiment Constituer Le Point De Départ D’une Nouvelle ère De Stabilité Et Revalorisation De Notre Système éducatif (thierno Hamidou Baldé)

On dit qu’un pays ne pourra jamais se développer sans une population instruite, mais nous disons aussi qu’un pays n’ira pas loin avec une instruction dépourvue de qualité. On est au 21éme siècle ; un siècle dit prometteur, mais cette promesse risque d’être hypothéquée si notre système éducatif demeure négligé.

Aujourd’hui, nous vivons pour la nième fois des perturbations dans différents domaines dont l’éducation nationale à cause d’une léthargie avouée de la part du gouvernement sénégalais sur ce qui devrait constituer une vraie priorité pour lui. Les enseignants, depuis très longtemps alertent sur le danger qui guette le système éducatif national. Sachant que ce secteur constitue un point phare dans le processus de développement pour lequel notre pays a opté, il est aussi important de prêter l’oreille attentive à ces vaillants enseignants qui, en plus d’être conscients de l’importance de l’éducation, revendiquent malgré tout ce qui leur revient de droit.

En 2018, à travers des investigations profondes j’ai compris que la motivation des enseignants en grève est d’une grande légitimité. En effet, ils sont victimes de plusieurs injustices parmi lesquelles : les lenteurs administratives dans la délivrance des actes d’avancement et de reclassement des enseignants. Les lenteurs administratives plombent la carrière des fonctionnaires de façon générale et particulièrement des enseignants. On dit souvent que les enseignants sont très nombreux (97000 environ), mais force est de constater qu’aussi nombreux qu’ils soient, nous n’aurons jamais assez d’effectif pour éduquer nos enfants qui sont l’avenir de notre Sénégal. Pour un pays qui se respecte, aucun investissement ne sera de trop pour la valorisation et le renforcement de son système éducatif. Nos valeureux enseignants dans la norme, devraient avancer tous les deux ans en grade et en salaire. Le malheur est que cette règle qui concerne l’ensemble des fonctionnaires en général, n’est négligée qu’avec les enseignants comme s’ils ne sont pas fonctionnaires au même titre que les autres corps de la fonction publique. Dans ce secteur de l’enseignement, on voit des gens qui restent huit ans sans avancer et pour certains même durant toute leur carrière il n’y a jamais eu d’avancement. Ce qui est déplorable.
A cela s’ajoute le traitement salarial des enseignants qui est dérisoire. On dit que “ diplôme égal, salaire égal” mais nous constatons que tel n’est pas le cas chez les enseignants. Les fonctionnaires de même hiérarchie devraient normalement percevoir les mêmes indemnités du moment où ils sont tous recrutés sur la même base (niveau d’étude, exemple du Bac+6 pour la plupart des enseignants). Malheureusement les autres fonctionnaires peuvent percevoir jusqu’à deux cent mille FCFA d’indemnités au moment où les enseignants eux ne perçoivent pas plus de soixante mille. Ce qui est une discrimination caractérisée.

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Pourtant, il y’a eu mille et une promesses non tenues de la part du gouvernement à savoir la révision de la grille salariale au Sénégal pour lutter contre les injustices salariales, la dématérialisation des fichiers d’avancement pour que ce dernier soit automatique, le respect de paiement à temps des indemnités des examens, les rappels de validation, les rappels d‘intégration, l’amélioration des conditions de travail, la mise à disposition du matériel didactique… La liste est loin d’être exhaustive.

Constatant tous ces faits et injustices, nous ne saurons blâmer les syndicats d’enseignants sur leur posture de grévistes. Ils luttent depuis fort longtemps et le protocole d’accord de 2018 devait vraiment constituer le point de départ d’une nouvelle ère de stabilité et revalorisation de notre système éducatif. Hélas, aujourd’hui nous en sommes à un stade non convoité. Raison pour laquelle, en tant que citoyen soucieux du bien-être de mon pays, je ne saurai rester indifférent face à une telle crise. Je manifeste mon soutien indéfectible aux enseignants qui sont avant tout des patriotes de premier rang, néanmoins je les appelle à plus de sagesse dans leur démarche afin d’éviter des actes qui nuiront toute une génération innocente, qui rêve d’un avenir radieux à travers la quête de la connaissance. J’en profite également pour demander solennellement aux autorités compétentes avec à leur tête le ministre de l’éducation nationale, plus de souplesse et d’efforts afin d’éradiquer ce fléau une bonne fois pour toute.

Aux vaillants élèves je dis, ne désespérez pas. Le désespoir n’est pas digne d’un être valeureux comme vous. Ayez en conscience que ce pourquoi vous luttez est d’une importance capitale, et un éventuel gain de cause ne sera pas seulement à votre profit mais plutôt au profit des générations à venir. Donc, tachez juste de prioriser le pacifisme dans votre combat, pour rien au monde ne vous hâter pas à la violence car elle n’a aucune finalité bénéfique si ce n’est des regrets.
Qu’Allah apaise les tensions et permette aux différents acteurs de se retrouver facilement autour d’une table de dialogue. Qu’Allah facilite des solutions idoines qui régleront ce problème à jamais.
Qu’Allah bénisse le Sénégal et les sénégalais.

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Thierno Hamidou Baldé

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