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Habillons Nos IdÉes De Vert Afin Que Dakar Respire

Le président de la République a, au cours d’un Conseil des ministres récent, pris la décision de rétrocéder, dans le cadre de l’initiative « Le Sénégal Vert », dix (10) hectares au projet de Parc forestier urbain de Dakar-Yoff. Cette initiative tombe à pic même si, au regard de son engagement pour l’environnement à l’échelle planétaire, le Sénégal persiste à rester mauvais élève.

La gestion des espaces verts urbains suggérée par les principes du développement durable, à savoir le principe de solidarité, le principe de précaution et le principe de participation, suppose non seulement un changement dans les pratiques, mais également une transformation du regard porté sur l’urbain.

Les questions économiques sont importantes pour le développement du pays. Mais les questions d’environnement le sont tout autant.

Dakar comme toutes les grandes capitales africaines, concentre de nombreux facteurs de dégradation de la qualité de l’air. La pollution particulaire y est trois voire cinq fois supérieures aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé qui l’a classé « deuxième ville la plus polluée au monde ».

Les nuages de poussière, les déchets industriels, la déforestation, l’urbanisation, la vétusté d’une partie du parc automobile, l’intense circulation automobile, la pollution industrielle exposent quotidiennement les dakarois à une multitude de pathologies pulmonaires et cardiovasculaires. Il faut agir vite et bien !

Cependant, attribuer 10 ha de verdure à une ville-capitale qui suffoque sous le poids néfaste d’une anarchie organisée, me semble, hélas, bien insuffisant.

A titre de comparaison, si nous portons « un regard vert » sur Auckland, en Nouvelle-Zélande, par exemple, le ratio espace vert par habitant est de 357 m2 de verdure. Un autre exemple : Prague est la 6e ville la plus verte du monde avec 220 m2 d’espaces verts par habitant.

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Avec un parc de 10 ha, chaque dakarois ne disposerait que de 0,027 m2, sur la base d’une population de 3. 835. 019 habitants en 2020. Ce ratio ne serait plus que de 0,020 m2 en 2030, si la surface des espaces verts n’est pas augmentée à cette date. Très peu avantageux, à mon humble avis, quand on sait à quel point disposer d’un environnement de qualité est devenu une exigence sociale des populations urbaines. Chaque citoyen devrait pouvoir jouir du confort, de l’esthétique et du bien-être que procure l’aménagement d’espaces verts urbains et chaque ville devrait disposer d’îlots de verdure, source de bien-être et de plaisir pour tous.

Mais qu’à cela ne tienne, un tiens vaut mieux que deux tu l’auras !

Reste alors à définir quel type de parc est désiré, sous quelle forme, autant pour les pratiques de tous les jours que pour l’ambiance ressentie. Aujourd’hui, parce que l’écologie est notre affaire à tous et que nos attentes, sur ce futur parc vert, s’il voit le jour, sont fortes, je me permets, en ma qualité de citoyenne respectueuse de l’Environnement et adepte de la nature, d’apporter ma petite contribution à la construction de l’édifice.

La conception urbaine et paysagère de ce parc qui, nous l’espérons, devrait être un trait d’union entre la ville et la nature, devra à la fois être pédagogique et écologique pour le visiteur.

Cette prise en compte implique d’abord de donner un poids très important aux diagnostics géographiques, paysagers et écologiques.

Il est alors crucial que l’intégration de ce parc dans la ville se fasse en collaboration étroite avec des urbanistes et architectes de la nature, paysagistes, militants écologistes et écologues.

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Le but étant de créer un équilibre entre la préservation des ressources, la protection de la biodiversité et les bonnes pratiques en matière de respect de l’environnement.

De plus, cette synergie entre les gestionnaires des espaces verts aidera à utiliser le moins possible de produits phytosanitaires et donc d’éviter la pollution des nappes phréatiques, tout en régulant la consommation en eau, et ce en choisissant des plantes locales mieux adaptées à notre climat et à notre sol.

A la composition de cet écosystème adapté pourraient s’ajouter des voies vertes et des pistes cyclables pour des balades à vélo ou des randonnées pédestres, une ou plusieurs mises en scènes aquatiques agrémentés de pergola, des espaces aménagés pour les pique-niques en famille, des parcs récréatifs pour les enfants…

La propreté et l’esthétique sont également des conditions considérées comme essentielles pour la pérennité de ce poumon vert urbain.

Au regard du chaos environnemental dans lequel nous sommes si durablement installés, la création d’un parc vert au cœur de la cité dakaroise, requiert l’expertise de planificateurs pour penser et créer une scène de jardin pittoresque et un coin magnifique de détente. Car les dakarois veulent se mettre au vert et au frais et Dakar mérite enfin de respirer !







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