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La Confusion Est Flagrante Au Sommet De L’etat

Nos autorités donnent malheureusement la même signification à la charité, l’aide sociale, l’assistance sociale, l’équité sociale, la protection sociale, la politique sociale et l’action sociale. Même si certaines expressions sont strictement liées, chacune d’elle est appliquée dans un contexte précis avec une approche particulière.

En 2014, le gouvernement du Sénégal a initié le programme national de bourse de sécurité familial (PNBSF). Il se donne l’objectif d’octroyer à des ménages vulnérables des bourses de 25.000 FCFA par trimestre.

Dans votre exposé des motifs, vous avez mentionné au niveau du premier objectif spécifique la mise à la disposition de 250.000 familles vulnérables des bourses de sécurité familiale de 100.000 FCFA/an pour renforcer leurs moyens d’existence et capacités éducatives et productives. Au quatrième objectif spécifique vous parlez du déroulement des mécanismes de suivi pour accompagner les familles bénéficiaires de Bourses de sécurité familiale.

Le nombre de bénéficiaires est passé par la suite de 250.000 à 300.000 ménages. Ce qui veut dire qu’une enveloppe de 7,5 milliards FCFA est injectée chaque trimestre dans cette politique du tâtonnement. La meilleure des politiques sociales est celle qui projette vers une autonomisation. Il faut poser l’équation de la pérennisation du programme après ce régime. Si le successeur du Président Macky Sall ne croit pas à cette politique, que deviendraient les bénéficiaires ?

Or, si ces femmes étaient autonomes, au moins elles ne seront pas dans cette anxiété. Elles continueront tranquillement leurs activités économiques. Et vont même créer des emplois directs et indirects. Le ciblage communautaire qui devait se matérialiser par la mise en œuvre des comités de village ou de quartier pour établir des listes de ménages les plus pauvres n’a pas été fait. En lieu et place, nous avons assisté sur l’étendue du territoire à des regroupements de personnes appartenant au même parti politique pour dresser des listes soumises au comité communal de ciblage pour validation.

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Le ciblage géographique et catégoriel aussi importants sont-ils scientifiquement non pas été utiles dans la mise en œuvre de ce programme dès lors que le ciblage communautaire a donné primauté au clientélisme politique. Je crie au scandale parce qu’il est inadmissible de débloquer une enveloppe de 7,5 milliards chaque trois mois dans l’assistanat au lieu d’établir un programme de politique sociale digne de ce nom. C’est de l’amateurisme inédit.

Consultez des experts si vous ne savez pas. Le pays regorge des compétences spécialisées dans ce domaine. Il faut faire une évaluation sans complaisance de l’impact du programme dans la vie des allocataires. Vous verrez qu’elles vivent toujours dans la précarité et dans la vulnérabilité. Le paradoxe dans votre démarche est que vous ne savez pas qu’on ne préserve pas la dignité d’une personne dans la perpétuelle assistance.

La meilleure solution était de diminuer le nombre de bénéficiaires et former chaque année des femmes et des jeunes en entreprenariat. Pour cette enveloppe de 7.5 milliards, 5000 jeunes ou femmes peuvent bénéficier des financements de 1.5 millions chaque trois mois. Donc dans l’année, ce programme peut financer 20.000 jeunes ou femmes à une somme supérieure à un million chacun. Alors, pour un mandat de 5 ans, 100.000 jeunes pourront devenir de grands entrepreneurs.

A partir de ce moment, le quatrième objectif spécifique cité plus haut serait vivement nécessaire. Je m’indigne encore quand je vois sur le net des images de femmes que vous exposez abusivement avec la représentation «d’avant et après bourse » pour essayer de montrer l’utilité du programme. Ces images ne sont même pas floutées. Et probablement, vous n’avez pas l’autorisation de les publier. Vous avez juste profité de leur situation misérable. Dans certains cas, vous mentionnez clairement le prénom, nom, âge et lieu d’habitation d’un bénéficiaire et mettre son témoignage.

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 Bref, toute sa filiation. Non, vous n’avez pas ce droit. La démarche scientifique exige le codage. C’est comme si les superviseurs n’ont jamais écrit de mémoires de fin d’études. On n’érige pas le dilettantisme en règle de gouvernance. À lire certains témoignages, on a l’impression qu’il n’y a pas de vie sans la bourse de sécurité familiale. Ce qui m’amène à poser la question si les superviseurs font usage à la transcription, à la tradition ou à l’invention ?

Malang FADERA

citoyen sénégalais, diplômé de l’Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés







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