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Pr Moustapha Sourang, L’université, L’education Nationale Et Moi 

Pr Moustapha Sourang, L’université, L’education Nationale Et Moi 

Le Sénégal vient de perdre un de ses plus brillants fils avec la disparition ce 3 août 2020 du Pr Moustapha Sourang, ancien Doyen de la faculté de Droit  de 1984 à 1998, ancien recteur de l’Ucad (1998-2001), ancien ministre de l’Education (2001-2008), ancien ministre de la Justice et Garde des sceaux (2009-2011), ancien ministre des Forces armées (2011-2012) et ancien président de la Commission de la Réforme foncière (2014-2017). Natif de Saint-Louis le 24 juillet 1949, il entre à l’université de Dakar après le baccalauréat jusqu’à l’obtention de maîtrise en Droit public (1974).

Il poursuit ses études en France grâce au soutien de son oncle Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma et obtint à l’université de Bordeaux le Dea en droit public (1975), le Des en Sciences politiques (1976) et soutint  une thèse en Droit public en 1980. Enseignant-chercheur à l’Ucad, il arracha avec brio l’agrégation dès 1982 et devint doyen pendu 14 ans sans interruption à la Faculté de Droit et des sciences économiques puis de la Faculté des Sciences juridiques et politiques suite à la création de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) en 1994. Il gravit tous les grades universitaires, eut plusieurs distinctions académiques et honorifiques avant de succéder au célèbre Recteur de l’Ucad le Pr Souleymane Niang. J’ai eu l’honneur de représenter le Sudes/Sup  à l’assemblée de l’université Cheikh Anta Diop durant son magistère de président de cette instance de décision. Durant trois ans, il a dirigé avec beaucoup de sérénité cette  institution alors  en crise profonde : insuffisance budgétaire, effectifs pléthoriques, faiblesse du taux d’encadrement, frustration des Pats, grèves estudiantines accentuées par la marche vers l’alter et gestion de l’après-2000 avec le début des réformes universitaires.

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Lorsqu’il fut nommé  ministre de l’Education le 12 mai 2001, j’étais Secrétaire général adjoint puis Secrétaire général du Sudes et porte-parole de l’intersyndicale de l’enseignement en compagnie de Ousmane Sow de l’Uden lors des négociations avec le gouvernement. J’étais ensuite membre de l’Administration générale du Pds chargé des enseignants, des étudiants et de l’éducation avant d’être nommé ministre-conseiller à la Présidence chargé des syndicats. Je peux donc, à plusieurs titres,  témoigner encore sur l’action du Pr Sourang à l’Education nationale et dans l’enseignement supérieur car il cumulait les deux branches. Il a piloté les réformes dans le sous-secteur enseignement supérieur intégré au Programme décennal de l’Education et de la Formation (Pdef), la commission nouvelle carte  universitaire  et toute la réflexion sur les Centres universitaires régionaux (Cur) avec la première expérience à  Bambey en 2004 puis  la création de trois nouvelles universités en 2007: Thiès, Ziguinchor et Bambey.

Avec les Recteurs Abdel Kader Boye (2001-2003), Abdou Salam Sall (2003-2010) et ceux des autres universités et la montée en puissance de l’Ugb, les réformes Lmd, les filières scientifiques, techniques ou de gestion, les Tic se développent rapidement parallèlement à d’autres mutations analysées dans l’ouvrage de mon ami syndicaliste et recteur,  le Pr Salam Sall. Le nombre de bacheliers passent de 9159 en 2001 à 22438 en 2007 et l’enseignement privé supérieur monte en flèche à 22% des effectifs des étudiants.

Dans l’Education nationale, le Tbs dans le primaire passe de 60 à 85% sur la même période, le taux de parité s’inverse en faveur des filles, les collèges et lycées de proximité se multiplient de même que le nombre d’enseignants. Au plan syndical dans le secteur de l’éducation, les plateformes ont connu des évolutions très positives concernant les corps émergents,  les professeurs du moyen et du secondaire sans compter les mesures sur les questions transversales telles  que l’habitat, l’autorité parentale pour la femme enseignante, la gestion démocratique, les indemnités diverses comme l’Ird. Le Pr Sourang était un ministre généreux, ouvert et plein d’humilité, un militant du dialogue et du consensus. Le ministère et son domicile en face de l’ambassade du Royaume-Uni étaient ouverts en permanence aux syndicalistes, à la société civile et l’association nationale des associations de  parents d’élèves. Les relations avec les Ptf : Banque mondiale, Usaid, Acdi, Unesco Unicef, Afd, Bad, Bid, Koica et les Ong en éducation étaient très huilées.

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Nommé ministre chargé de l’Enseignement préscolaire, élémentaire, moyen-secondaire et des langues nationales le 9 juin 2008, j’ai poursuivi et renforcé son œuvre au ministère de l’Education nationale.

Le Pr Sourang est était aussi un des arrières petits-fils de Serigne Touba car, Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, le premier Khalife général des mourides de 1927 à 1945 et prédécesseur de Sérigne Fallou, est le père de sa maman,  Sokhna Bintou Mbacké, et de Cheikh Mbacké Gaïnde Fatma. Je passais toujours le Magal Touba dans son domicile à Touba.

J’ai perdu aujourd’hui un ami, un frère, un collègue et un fidèle compagnon dans le système éducatif sénégalais.

Toutes mes condoléances à Monsieur  le président de la République Macky Sall, au khalife de Darou khoudous, au Khalife général des mourides, à ses enfants ; son garçon et ses  filles, ses parents de Saint-Louis et Thiès, ses voisins de Mermoz à Dakar, nos amis très proches communs Mamadou Fall, Malick Ndiaye, maire de Gagnick,  Insa Diallo et à toute la communauté éducative.

Kalidou DIALLO 

Professeur d’histoire moderne et contemporaine, Flsh

Ancien ME

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