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Le Silence De L’angelus

Le Silence De L’angelus

(Destin, lorsque ta main frappe à la porte)

Je I’ai quitté à 21 heures, le mercredi 9 août 2000.

Il dormait profondément ; il dormait déjà depuis onze heures de ce sommeil entrecoupé de soupirs qui annoncent le moment du repos absolu.

Pourtant j’ai entretenu, en dépit de quelques signes bouleversants, l’espoir de serrer dans ma main sa main de tendresse enfantine, de poser mes lèvres sur son front d’un rayonnement angélique.

Hélas ! quelques heures après, le jeudi 10 août il rendait l’âme au maître des cieux et de la terre.

Ahmed Tijane Baïdy Ly n’est plus parmi nous. Mais il est encore vivant, intensément vivant dans nos cœurs, tout entier dans la pensée d’un peuple, dans le souvenir des générations qui entretiennent la flamme du flambeau, qui ont fait le serment de refleurir la patrie.

Ardent patriote,

Bâtisseur de temples et monuments d’inspiration hélène,

Militant indomptable de toutes les belles causes,

Paladin inflexible de la liberté, de l’Amour et de la fraternité.

Révolutionnaire généreux et consolateur comme la nature qui célèbre un culte d’offrandes à la terre pour des saisons de moissons, pour des saisons de magnificence,

Symbole de courage, de fidélité et de loyauté,

Ly Tijane Baïdy est entré de plain-pied dans l’histoire du mouvement des étudiants

(EGED, UJEAO, FEANF) comme dans le mouvement de lutte de libération nationale qui est un vaste reflet du mouvement général d’émancipation de l’homme, des peuples.

Le temps venait d’indiquer l’heure du choix.  Et ce jour-là (l’aube était comme un vaste pan de rideau ourlé de perles et de rosée scintillante.  Le PAI devait naître à Thiès dans la pharmacie du Cayor.

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C’était aussi un jeudi.

De ce jour mémorable aux événements inoubliables de Saint-Louis, de la déclaration d’existence à la dissolution du PAl, Ly Tijane Baïdy s’est révèle organisateur, éducateur, agitateur d’inspiration marxiste-léniniste, d’aspiration communiste, de vocation humaniste.

Son action étant le reflet de sa pensée, Baïdy qui s’est très tôt et tout entier consacré au culte des valeurs morales ne s’est jamais plaint et n’a souvent souffert que dans la souffrance, de son prochain.

Nature exaltée qui communique son exaltation profondément humaine, tous ceux qui ont connu Baïdy sont prostrés par l’infamante accusation d’assassinat du gendarme Fall atteint à la gorge par un cal. 9 mm.

A la suite du décret de dissolution du PAI (lundi 1er août 1960, accusé, Ly Tijane Baïdy fut traqué, pourchassé et sa tête mise à prix (2,5 million FCFA « à qui l’aurait vif ou mort »).

Quel temps de peine !

Quel temps d’émois !

Sous le ciel enchanteur de Saint-Louis qui provoque et le fleuve et la mer, des corbeaux et des vautours, des charognards et d’autres oiseaux de proie déploient des ailes sombres et sinistres, alors que la police tortionnaire du régime réactionnaire Senghor-Dia lâchait, en les excitant, des clans d’hyènes puantes, des meutes de chacals affamés, des meutes de chiens enragés.

Alors Saint-Louis, Ô Saint-Louis écho du tumulte de 1789, Saint-Louis cité libertaire aux colères jacobines.

Ô Saint-Louis réplique de Paris insurgée avec ses barricades (1848) et Baïdy comme Gavroche sous la protection affectueuse et vigilante de tout un peuple en communion avec son enfant.

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Ce fut d’abord Guet-Ndar, Gokhou Mbath, Ndiaguo, Ronkh et sur la nef qui viole le lit d’un fleuve ensommeillé le prodige allait son destin sous le voile de la nuit qui l’a couvert jusqu’aux rives de la liberté, jusqu’aux rives de l’espérance.

Et dans la nuit silencieuse et du fleuve qui somnolait, montait un murmure de compassion et, pianissimo le lancinant refrain d’une complainte qui invoquait l’amitié qui invoquait la séparation et qui exaltait la patience et l’espoir d’un retour.

Et des jours et des nuits et le pré matin avec le chant sonore du coq qui réveille et le rire joyeux de Backel qui rappelle les fastes du royaume Soninké.

Et enfin comme un dénouement la rencontre de la grandeur avec l’honneur ; la main dans la main Ly Baïdy – Cissoko Seydou, sur le chemin de l’Exil encore plus terrible que le chemin de Golgota.

Mon imagination camarade, mon imagination solidaire a refait, sans jamais se décourager ou se lasser, ce rude chemin pavé de détermination héroïque jusqu’aux rives du Djoliba.

Il flottait un air de liberté quand le crépuscule sur Bamako étendait son manteau austère.  Et comme des matines et des vêpres, les cloches de l’Exil accueillirent un combattant suprême qui voulait, à toute l’Afrique offrir son sang, sa vie.

L’union Soudanaise – RDA et sa jeunesse, le gouvernement de Modibo et le peuple malien si altier adoptèrent aussitôt le militant infatigable qui s’est tout entier consacré à l’œuvre de rénovation de sa deuxième patrie

Après Bamako, Alger parmi les fils de la Toussaint, militants FLN et enfin, par refus de la facilité le retour au pays sans quelques concessions au Pouvoir, sans altération de ses convictions.

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Ce qui le jettera dans line existence si austère que sa santé s’en est retrouvée ruinée.

Souvent sans eau, souvent sans électricité le logis n’en a pas moins conservé sa chaleur de fraternité humaine, son parfum de foi militante, de fidélité inébranlable qui s’exhale comme le parfum d’un encens qui brûle, invisible dans quelque coin du logis.

Tu es parti, je regrette de n’avoir pas été à tes côtes, ta main dans ma main – ma bouche reprenant, pour raffermir ta foi « Arah maam Allamal Ghouraan » que tu as souvent, récité avec tant de ferveur.

Ô que j’eusse voulu t’accompagner, avec des sanglots qui rendent grâce avec des torrents de larmes pour arroser le tertre où tu reposes.

Mais au flan de Yoff marin, le cimetière tout voisin aux sables fins qui vibrent avec les ressacs de l’océan sur la grève, n’a besoin ni de larmes ni de sanglots.

Tu as été dignité, tu as été grandeur, tu as été magnanimité et tu es désormais légende, une légende que se racontera l’Afrique, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud.

Fidèles à ta mémoire, fidèles à notre idéal, nous marcherons sur tes pas, sur le chemin de l’honneur, sur le chemin de la grandeur qui restaure la patrie.

Quoi qu’il arrive.

Nous le jurons.

Adieu, adieu camarade, adieu Ahmed Tjane Baïdy Ly.







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