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Crises De Leadership À L’ouest

Crises De Leadership À L’ouest

Certains leaders sont-ils incapables de conformer leurs vies à la grandeur de la responsabilité qu’ils occupent ? De plus en plus, ils se montrent indignes de la confiance qui leur fût naguère accordée, quand ils n’étaient parés que de leurs intentions et de leurs désirs et qu’ils n’avaient pas encore le pouvoir entre les mains.

En Guinée équatoriale, Obiang vient de passer 41 ans au pouvoir, Biya en est à son cinquième mandat consécutif et règne depuis quelques 38 ans sur le Cameroun ; Sassou Guesso aura totalisé 36 ans de pouvoir au Congo ; Deby pose une main de fer sur le Tchad depuis 30 ans et songerait à se représenter en 2021 ; l’ougandais Museveni a supprimé la limite d’âge inscrite dans la constitution pour pouvoir se représenter à l’issue de son cinquième mandat. Tel est le triste record des Etats africains.

C’est sous ce prisme que nous redoutons les actes de troisième mandat qui surgissent ça et là à l’ouest du continent. Ces candidatures sont souvent la conséquence de forfaitures qui ont émaillé leurs magistères.  Alassane Ouattara qui, dans une parfaite confusion des rôles, choisit le traditionnel message à la nation pour annoncer sa candidature. Voilà déjà une première forfaiture. Sa litanie d’arguments, dont l’invocation de la puissance divine (l’homme propose mais Dieu dispose) pour indiquer qu’il n’a d’autre choix que celui de rempiler pour un troisième mandat, n’a trompé personne. En réalité, le choix porté sur Gon Coulibaly – bien que ce dernier ne ralliât pas tous les clans du parti RHDP – n’était qu’un autre choix de lui même. On se lavera les oreilles dans la lagune, parce que salies d’avoir entendu de pareils arguments. Ouattara aurait dû apprendre du cavalier blanc d’Alice de l’autre coté du miroir. Quand ce dernier partait en voyage, il se préparait à tous les évènements inimaginables ; une trappe à souris au cas où il serait importuné par des rongeurs, une ruche au cas où il rencontrerait un essaim d’abeilles. Nul doute que les ivoiriens auraient gagné, si le cavalier blanc avait préparé la succession de Ouatarra. Il aurait préparé, dans les moindres détails et de facon complète, sa sortie qu’il n’eût pu échouer.  Ouatarra n’est pas le cavalier blanc. Il a donc échoué, faute de n’avoir prévu d’autre dauphin qu’un grand malade.  A moins que … 

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Autre pays, autre situation : Alpha Condé qui se mélange les pinceaux dans le traficotage de sa nouvelle constitution pour pouvoir se représenter. La constitution promulguée et publiée au journal officiel diffère en de nombreux points de celle proposée aux Guinéens, lors du référendum. Rien ne l’effraie, tout est possible.

La question se posera-t-elle bientôt pour le Sénégal ?  Faute d’attention, les questions importantes et non urgentes deviendront urgentes (et toujours importantes). En interdisant aux membres de son parti de parler du troisième mandat, le président Sall ne nous mène-t-il pas droit vers un scénario à l’ivoirienne ? Ce côté “moi ou le chaos” fabriqué et entretenu dérange énormément. Quel cuisant aveu d’échec au bout de deux mandats, de venir dire qu’aucun autre cadre de mon parti ne peut me succéder. Quand on a failli dans ce rôle premier qui est d’organiser sa succession, comment voudrez-vous réussir dans quoi que ce soit d’autre dans les affaires de la nation ? Les vrais leaders s’auto-reproduisent, comprennent que le leadership est un processus, pas une position et savent, mieux que quiconque, que leur vrai challenge, c’est de créer un changement, de faciliter le développement et l’éclosion de ceux dont ils ont la charge.

Parmi les questions qui taraudent les esprits, figurent : “Qu’est-ce qui les fait courir ? ” “D’où leur vient ce sentiment qu’ils sont indispensables ? “ “Un troisième mandat pourquoi faire ? ” “ Que peuvent-ils faire de plus qu’ils n’aient pu faire dans les mandats précédents ? ”

 

La démocratie a besoin de respirer, elle a besoin de renouvellement. Au bout de deux mandats, on doit avoir fait bouger les lignes qualitativement et dans ce cas, on cède la place à d’autres, à d’autres idées, à d’autres façons de faire au bénéfice de la nation.

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On aurait pu ne pas se laisser distraire, par ces parodies des présidents ivoirien et guinéen en se disant que de toute façon, quels que soient les jeux des politicards, c’est le peuple in fine qui choisira dans les urnes ses leaders. Le président Wade avait bien essayé de s’imposer pour un troisième mandat, on a vu la suite :  le peuple l’a bouté dehors, malgré sa toute puissance du moment. Mais nous savons aussi que très peu de gens ont les moyens de penser par eux-mêmes. Qu’il faut les mobiliser, pour qu’ils se mettent debout contre les impérities des gouvernants. Autrement, le peuple résigné à l’inévitable et pourtant victime de leurs incuries, votera encore pour eux. Tel est le paradoxe de ces Etats qui fêtent pour la plupart, leurs 60 ans d’indépendance mais qui ont du mal à voguer avec leur siècle. 

Ces actes de candidature à des troisièmes mandats au 21 ème siècle sonnent comme des points d’orgue à des années de délitement des pseudos-démocraties africaines. Les temps sombres s’annoncent. Une crise post-électorale parait inévitable en Côte d’Ivoire. Les faits avant-coureurs sont là : des opposants écartés de la course, une commission électorale aux ordres, une absence de dialogue national, tels sont les ingrédients qui rappellent la crise de 2011.

Partout sur le continent, les partis d’opposition, victimes eux aussi de la crise de confiance envers les politiques, n’ont plus la légitimité ni les moyens de canaliser, une angoisse sociale que l’on sent sourdre de façon désordonnée et non coordonnée. Les dialogues nationaux, poncifs moisis et héritages des indépendances, dont la finalité est souvent d’accoucher des gouvernements d’union nationale dont le but est, de partager le gâteau à un plus grand nombre et d’arriver à un consensus sur le dos du peuple, ne régleront pas les crises que continuent de subir les peuples.

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Au Mali, la solution pronée par la CDEAO (gouvernement d’union nationale) répondait à un faux problème. IBK ne pouvait pas rester au pouvoir. Son départ était devenu une condition nécessaire (pas suffisante) pour envisager un début de sortie de crise.

La région est devenue une poudrière et n’importe quelle crise, dans cette ambiance déjà morose ternie par la Covid-19, risquerait d’être l’étincelle qui ferait sauter le chancelant statut quo.

tsow@seneplus.com







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