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Ce Qu’inspire Le Message AdressÉ Par Le PrÉsident Malawite À Son Peuple

De riches enseignements en matière de bonne gouvernance émanent parfois de certains dirigeants africains. Des enseignements dont devraient s’inspirer les autres chefs d’Etat du continent, particulièrement les régimes « hyper-présidentialistes».

C’est le cas du président du Malawi, M. Lazarus Chakwera, qui a institué dans son pays une rencontre virtuelle hebdomadaire avec ses concitoyens pour les tenir informés sur les progrès accomplis par son régime.

Son adresse à la radio, d’il y a quelques jours, est un véritable chez d’œuvre en son genre de communication et de redevabilité envers ses compatriotes.

Nous avons jugé utile de mettre le président Macky Sall, en CC.

NB : Texte original en anglais par Peter Kalenga, Août 2020

 

Objet : « L’Afrique que nous voulons »

« Chers Malawites,

J’ai noté avec plaisir que mon initiative de réduction de mes pouvoirs en tant que président du Malawi, suscite un grand intérêt. L’intérêt que vous manifestez à cette initiative, me rend confiant qu’elle bénéficiera de votre soutien total, lorsqu’elle sera mise en œuvre.

La réduction des pouvoirs d’un président est quelque chose qui est souvent promise mais jamais mise en application. Pour ce qui me concerne, vous savez maintenant que je ne dis rien que je n’ai pas l’intention de faire. Mais pour parvenir à mettre mon idée en application, j’ai besoin de votre soutien.

Toutefois, il est important que nous comprenions tous les pouvoirs et prérogatives dont il s’agit.

La première catégorie de pouvoirs d’un président est liée à sa position de chef d’Etat. Dans notre système juridictionnel, il existe certaines fonctions, telles que celle de chef de l’Etat, de chef de gouvernement et de commandant en chef des forces armées, qui sont réservées au seul président de la République.

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Il est temps que nous réexaminions la pertinence de voir le président de la République assurer, en même temps, d’autres fonctions telle que celle de Chancelier des Universités publiques. Cette pratique est courante, mais elle relève d’une époque révolue. Je ne connais aucun pays libre où le président de la République est à la tête d’une institution dont le but ultime est de former des penseurs libres.

La deuxième catégorie concerne les décisions qui sont réservées au président de la République. Je suis d’avis qu’il y a trop de décisions qui sont prises par le Président et j’ai l’intention de les réduire. Le fait qu’un grand nombre de décisions soient prises par le président, crée des problèmes à notre pays depuis longtemps.

Certaines décisions, lorsqu’elles sont prises par le Parlement, devraient être considérées comme définitives, et même si le président a le pouvoir de mettre son veto, il ne devrait plus avoir le loisir de saboter la gouvernance, en s’opposant à la décision.

La troisième catégorie de pouvoirs dont dispose un président est relative à son pouvoir de nomination. Des institutions du pouvoir judiciaire à celles relevant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif, en passant par les institutions dotées d’un mandat leur permettant de fonctionner de façon autonome, les conseils d’administration des entreprises d’Etat, les ambassades étrangères, les universités…. Toutes dépendent de l’autorité du président de la République pour la nomination de leurs dirigeants. Cela n’est pas sage. Aucun individu n’est si doué ou humble pour mériter autant de pouvoir de nomination.

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La quatrième catégorie de pouvoirs présidentiels qui devraient être rognés est d’ordre culturel. Nous devons revoir nos comportements à l’égard d’un président, car la façon dont nous nous comportons avec un président module la perception nationale du niveau de pouvoir dont il doit disposer. Ces comportements incluent la façon dont nous nous adressons au président, le nombre de fois que le nom du président est mentionné dans les salutations lors d’un seul et même événement, le nombre de voitures et la puissance de feu des véhicules militaires qui accompagnent le convoi présidentiel, etc.

Au cours de la campagne pour les élections présidentielles, j’ai noté que les officiels utilisaient des biens publics comme les véhicules de l’État et la sécurité de l’État pour mener leurs activités politiques. Nous devons réfléchir aux limites et à la régularité d’une telle pratique car cela est source d’abus.

Même s’il est difficile de séparer complètement les ressources de l’État des activités du parti politique au pouvoir, nous avons besoin de mettre en place des règles qui délimitent clairement les activités des partis politiques de celles de l’Etat et qui indiquent quand leur juxtaposition est tolérable et quand cela devient abusif.

Si, je propose des lois pour remédier à de telles inconsistances, je vous demande de me soutenir en exigeant de vos députés qu’ils votent ces lois pour le changement. Le Malawi a besoin d’une nouvelle citoyenneté renforcée et plus autonome. Le moyen d’y parvenir est de renforcer les pouvoirs des institutions de gouvernance et de réduire les pouvoirs du président.

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Ceci, est l’Afrique que nous voulons, une Afrique qui résout les problèmes africains à partir de solutions africaines.







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