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La Distraction Massive DÉconfinÉe

En économie, un avantage comparatif, comme son nom l’indique, doit permettre de faire la différence face aux concurrents. En Afrique de l’Ouest, le Sénégal a l’avantage politique d’être le pays le plus stable, mais cet avantage comparatif ne lui sert pas à grand-chose à cause d’une classe politique qui utilise toujours les armes de distraction massive pour éviter les vraies questions.

A la fin des années 90, quand je commençais ma carrière de journaliste à Walf Fm, le président Abdou Diouf avait mandaté le Professeur de Droit El Hadj Mbodj pour être le Médiateur pour la définition du statut du chef de l’opposition et le financement des partis. Le Professeur El Hadji Mbodj, assisté d’Ismaïla Madior Fall qui deviendra ministre de la Justice sous Macky Sall, avait fait un travail remarquable avec des propositions concrètes. Une des conclusions était que le statut de l’opposition et de son chef existait de fait, mais qu’il «fallait le routiniser». Ce que les Sénégalais ont fait depuis longtemps, parce qu’au Sénégal l’opposition qui est au Parlement, dans les médias et dans la rue, est l’un des deux poumons qui permettent à notre démocratie de respirer.

Plus de vingt ans après, malgré deux alternances présidentielles et plusieurs alternances municipales, départementales et régionales, la classe politique utilise encore l’arme de la distraction massive en nous ramenant le débat sur le statut de l’opposition et de son chef qui est comme le débat sur le sexe des anges. Ce retour du débat sur le statut de l’opposition et de son chef est la meilleure preuve que l’avantage comparatif de la stabilité politique n’est pas utilisé à bon escient. A partir du moment où notre pays a réglé la question de la stabilité politique, le cerveau des hommes politiques qui aspirent à nous diriger doit être orienté vers la proposition de solutions pour régler les vraies questions. Notre démocratie est en train de mourir de cet éternel retour en arrière, de cet insupportable éternel recommencement.

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La Côte d’Ivoire va s’enfoncer dans la crise, le Mali y est englué depuis 2012, de même que le Niger et le Burkina, sans oublier la Guinée de l’anachronique Condé. Au Sénégal, nous avons la chance d’avoir un Etat, une Administration et des institutions solides. Ces institutions solides que n’ont pas nos voisins auraient dû constituer un avantage comparatif pour nous permettre de creuser la différence et accélérer vers l’émergence qui, malheureusement, risque d’être une Arlésienne aussi longtemps que les brillants cerveaux de nos élites politiques vont continuer à être piratés par la tendance à chercher des solutions à des problèmes artificiels, et notre tendance à vouloir réinventer la roue institutionnelle.

Le Sénégal qui est devenu un îlot de stabilité dans l’océan d’instabilité qu’est l’Afrique de l’Ouest aimerait que la classe politique débatte de sécurité nationale, de lutte contre le terrorisme, des contours de l’économie post Covid-19, de comment faire pour qu’une université sénégalaise puisse enfin accéder au classement de Shanghai, de la privatisation du service public pour des logiques corporatistes et fonctionnalistes, où la fonction et ses avantages priment sur la mission, y compris dans la justice, le seul service de l’Etat qui porte le nom d’une vertu.

La commission du président Famara Ibrahima Sagna, malgré la qualité personnelle de ses membres, est une pure perte de temps, car chargée de trouver des solutions à des problèmes artificiels. Nous voulons que la classe politique s’appuie sur l’avantage comparatif de notre stabilité politique pour débattre des vrais problèmes et baisse enfin les armes de la distraction massive.

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