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Les Americains Decident Et Le Monde Subit

Quelqu’un disait, avec un peu d’exagération certes, que les Américains élisent leur président, mais que c’est ce dernier qui gouverne le monde. Cette déclaration garde toujours sa pertinence, même si la fulgurante montée en puissance de la Chine, atténue fortement ces propos. Le monde retient son souffle et s’interroge sur les conséquences de la victoire d’un camp ou de l’autre sur la planète. Que ce soit Joe Biden Jr. ou Donald J. Trump, les résultats sortis des urnes au soir du 3 novembre 2020 auront sans nulle doute des impacts sur la politique extérieure des Etats-Unis. Il est vrai que depuis la guerre du Vietnam et les conséquences de la radicalisation de certains mouvements de la gauche américaine, les conservateurs américains sont très peu populaires dans de nombreuses parties du monde. Par contre, les Démocrates qui sont perçus hors des frontières américaines comme des porteurs d’idées progressistes ont souvent bénéficié du soutien de l’opinion publique extérieure.

De John F. Kennedy à Jimmy Carter, en passant par Bill Clinton et Barack Obama, le Tiers Monde et la « Gauche mondiale » « votent » ou manifestent une sympathie démocrate. La présidentielle de cette année ne fait pas exception. Au-delà de l’émotion, il est intéressant d’observer que dans une situation ordinaire, on serait dans une continuité « tranquille » en cas de victoire de Donald Trump. Même s’il est hasardeux de s’avancer, une chose est certaine, les divisions raciales vont s’aggraver. Dans le même temps, les politiques économiques peu inclusives risquent de se renforcer et l’imprévisibilité de Trump d’inquiéter.

A l’international, l’actuel occupant de la Maison Blanche, s’il est réélu, va poursuivre la révision des alliances et accords signés et perturber les relations traditionnelles des Etats-Unis. Quand, au début de son mandat en cours il menaçait de revenir sur un certain nombre d’engagements qui liaient son pays à ses partenaires, beaucoup pensaient que c’était un langage destiné à la consommation de l’opinion de son électorat d’extrême droite. On est allé de surprise en surprise. C’est ainsi que les Etats-Unis se sont retirés de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Ensuite, Donald Trump a déclenché une guerre des tarifs douaniers contre la Chine et remis en question ses relations avec le Canada et le Mexique, tous les deux connus comme des piliers incontournables des relations économiques les plus importantes des Etats-Unis d’Amérique.

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L’autre décision et la plus récente qui a pris la communauté internationale de court est la sortie brutale de Washington de l’Organisation mondiale de la santé (l’OMS) en plein milieu d’une pandémie, l’une des plus meurtrières de l’histoire moderne de l’Humanité. Tenant compte de ce bilan du premier mandat de Trump, on peut s’attendre à d’autres surprises plus spectaculaires. Depuis au moins deux ans, le débat fait rage dans certains cercles de la droite américaine sur une éventuelle sortie de l’Amérique de l’Organisation du Traité de l’Atlantique du Nord, (l’OTAN). Ce regroupement stratégique avait été mis en place à la fin de la deuxième Guerre mondiale pour protéger l’Europe occidentale du Pacte de Varsovie dirigé à l’époque par l’Union soviétique. Une réélection de Trump va également donner un coup de fouet à ses relations avec Vladimir Poutine, le président russe.

Et ces relations qui inquiètent déjà fortement, vont probablement évoluer vers une alliance tacite ou formelle entre Moscou et Washington. Cette perspective fait réellement peur dans les milieux diplomatiques des pays alliés traditionnels de l’Amérique.

Jusqu’en 2016, la Russie héritière de l’Union soviétique, était considérée par les Américains comme un adversaire, si ce n’est un ennemi. La Chine elle, était perçue comme une redoutable concurrente économique et commerciale, même si elle ne représentait pas une menace immédiate pour la sécurité des Etats-Unis et leurs alliés occidentaux.

A l’arrivée de l’actuel candidat des Républicains, ce dernier semble chercher à inverser la donne. Il s’attaque systématiquement à la Chine, alors qu’il évite de faire face à Poutine, même si les services de renseignements que sont la CIA et le FBI accablent le chef de l’Etat russe et ses espions d’avoir commis beaucoup d’actes contre l’Amérique et ses intérêts dans le monde. Les mêmes appels du pied envoyés à Poutine et régulièrement envoyés au leader de la Corée du Nord, sont source d’inquiétudes pour l’allié sud-coréen. Certains critiques sont allés jusqu’à dire que Trump a une fascination pour les autocrates, les « hommes forts », voire les dictateurs du monde. Ces critiques prédisent qu’une réélection de l’occupant du Bureau ovale sera un grand cadeau fait aux régimes anti démocratiques. Il était certes généralement admis que « pour les Américains, la politique s’arrête aux frontières du pays », d’où le fait qu’il arrivait rarement que Washington initie des grands bouleversements dans ses relations internationales, au gré de l’arrivée d’une nouvelle administration.

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Cette année sera certainement une grande exception. Une victoire de Joe Biden au soir du jour scrutin, verra se lever une nouvelle ère dans la politique extérieure américaine. Bien avant le début de la campagne électorale, tous les Démocrates se sont engagés à « resigner » l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui avait quasiment fait l’unanimité au sein de toute la communauté internationale. Biden s’engage pleinement en promettant le retour de son pays dans ledit accord, le jour même de son investiture. Evidemment, les relations privilégiées entre l’Amérique et Israël connaitront très peu de changements. Cependant, le monde entier s’attend à un réchauffement réel des rapports avec l’Iran, avec comme point culminant, le rétablissement de l’Accord sur le nucléaire. Les conséquences de tels changements dans le Proche et Moyen Orient seront incalculables.

La Russie qui, sous l’administration Trump, a réussi à avoir plus confiance au président Poutine qu’aux services renseignements américains, devra se préparer à de nouvelles difficultés en cas de victoire de Biden. Les alliés traditionnels occidentaux pousseront certainement un grand ouf de soulagement. La normalisation du fonctionnement des organismes comme l’OTAN de même que les rapports avec l’Union européenne sont en effet devenus des urgences pour ses alliés. Les plus proches parmi les alliés traditionnels tels que le Royaume Uni, le Canada et le Mexique ne regretteront sûrement pas le départ de Donald Trump du pouvoir. Cependant et comme toujours, l’Afrique risque de ne pas sentir un changement significatif.

En dehors des déclarations anecdotiques sur les pays africains qualifiés de « trous à rats » (déclarations attribuées à Trump), son administration s’en est peu souciée. Le continent n’intéresse réellement l’Amérique que sous l’angle de la sécurité, et ce sujet est toujours laissé entre les mains des militaires et des services de renseignements. A un peu plus de deux semaines de la présidentielle américaine, le monde retient son souffle, même s’il n’a aucune influence sur le choix d’un homme dont les futures décisions auront un grand impact sur les relations internationales.

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