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Les LeÇons D’un Remaniement Ministeriel

Les 18 mois qui ont suivi la réélection de M. Macky Sall ont été marqués par l’inaction et l’immobilisme au point qu’un remaniement ministériel était devenu un impératif catégorique. En effet, pendant cette période critique, aucune initiative d’envergure allant dans le sens de la prise en charge des problèmes majeurs des populations n’a été prise par le gouvernement de Macky Sall malgré les urgences pressantes.

Le mécontentement s’est généralisé au point que, finalement, la grogne répétitive de la population abattue par la cherté de la vie insupportable a poussé le président de la République à procéder à la modification de son premier casting gouvernemental depuis sa réélection.

En prenant la décision, il y a de cela cinq jours, de limoger tous ses ministres, ses secrétaires généraux du gouvernement et de la présidence de la République, la présidente du Conseil économique et social, le chef de l’Etat Macky Sall faisait présager un grand nettoyage dans la composition du nouveau gouvernement au point que le très critique MON, dirpub de ce canard que vous avez entre les mains, l’avait supplié de faire une révolution tant attendue par les Sénégalais. Hélas, finalement, la montagne a accouché d’une souris chétive au point qu’on ne peut s’empêcher de s’exclamer avec colère et déception : « tout ça pour ça ! ».

On s’attendait à un gouvernement resserré, de serrage de ceinture, d’ajustement surtout que nous traversons une crise sanitaire qui exige un plan de résilience et de relance, malheureusement voilà que Sa Majesté nous sert une équipe gargantuesque de 37 ministres et secrétaires d’Etat. Et les hommes et femmes qui le composent sont les mêmes que dans l’équipe sortante à part huit entrées pour prendre la charge de secteurs qui, à part les télécoms, ne sont pas porteurs de croissance. La révolution attendue par MON et les Sénégalais n’est pas pour demain.

L’actuel gouvernement dans lequel des maroquins ont été octroyés au parti Rewmi et au leader des derniers dissidents en date du PDS réunis dans le Parti des Libéraux et Démocrates (PLD) And Suxxali Sopi n’est pas un gouvernement de mission porté résolument vers la résolution des difficultés des Sénégalais mais un état-major politique électoral tourné vers les élections locales et législatives en attendant de légitimer un 3e mandat. Si l’objectif de Macky Sall était d’accélérer la cadence pour réaliser le PAP2, il lui fallait agir sur les secteurs porteurs de croissance.

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Tout le monde s’est rendu compte que la dissociation du ministère des Finances et du Budget et du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération a été une mauvaise option dans la mise en cohérence de la politique économique et dans la prise de décision. Le secteur de l’Agriculture, de l’Elevage doit connaitre des réformes structurelles pour booster la croissance du pays. Pourvu que tout cela soit articulé à une bonne politique industrielle. Moussa Baldé, actuel ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, n’a pas révolutionné notre agriculture qui peine depuis des lustres à atteindre l’autosuffisance alimentaire. Qu’est-ce que Moustapha Diop, actuel ministre du Développement industriel et des Petites et Moyennes industries, a accompli dans le secteur de l’Industrie qui doit être le moteur de notre économie et le principal pourvoyeur d’emplois ?

Le ministre qui méritait d’être limogé est Aliou Ndoye qui gère la Pêche et l’Economie maritime parce qu’éclaboussé par le trafic des licences de pêche octroyées à des Chinois qui surexploitent nos ressources halieutiques. Ces trois composantes (Agriculture, Pêche, Elevage) du secteur primaire sont fondamentales.

Accompagnées par une bonne politique industrielle, elles peuvent porter la croissance du pays. Mais les hommes qui sont à la tête de ces secteurs stratégiques ont montré leurs limites. On pourrait revenir sur l’incohérence notée dans la mise en place de certains secteurs répartis dans des ministères différents comme les Petites et Moyennes entreprises que gère Aminata Assome Diatta et les Petites et Moyennes industries placées sous la responsabilité du ministre fantôme Moustapha Diop. Dans ce nouvel attelage gouvernemental, on ne peut manquer de signaler la présence de Rewmi et son leader Idrissa qui dirige désormais la CESE.

D’ailleurs, c’est la grande surprise des changements de Macky. Idrissa Seck ravale aujourd’hui ses vomissures de 2013 quand il avait sommé en vain les ministres de Rewmi de sortir du gouvernement dans lequel le président Sall interdisait toute critique de l’action gouvernementale. Combien de fois le leader de Rewmi a-t-il déclaré urbi et urbi que, pour le reste de sa vie, un décret ne déterminera plus sa carrière politique. Seuls les conseils municipal et départemental ou l’Assemblée nationale ou le Palais de la République où les suffrages citoyen envoient des mandataires peuvent décider de sa trajectoire politique.

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Rétrospectivement, on se dit que les ministres Oumar Guèye et Pape Diouf avaient eu raison de rester dans le gouvernement en 2013 quand leur ex-leader leur avait demandé de rendre le tablier. Aujourd’hui, prenant prétexte de la pandémie du coronavirus, Idrissa Seck revient dans la gestion des affaires publiques. Les difficultés causées par le coronavirus expliquent le revirement spectaculaire du Rewmiste en chef. Mais cela n’est qu’un pseudoprétexte. Il y a un « deal » politique concocté entre Idy et Macky et dont les tenants et aboutissants seront bientôt découverts. Le dialogue politique appelé caustiquement le « deal-logue politique par certains « bénéficier d’une institution. C’est la récompense de la traitrise politique. Idy déserte le terrain aride de l’opposition pour aller goûter aux voluptés du pouvoir. Au diable les centaines milliers de Sénégalais qui l’ont soutenu à la présidentielle parce qu’ils n’aiment pas l’actuel président !

Lui, Idy, il aime le Président qu’il vouait aux gémonies naguère. Mais comme il aime le dire, il ne faut jamais dire jamais en politique. La décision qu’il a prise n’émane pas des instances de direction de son parti mais de son bon vouloir. Chez lui, seule sa décision prévaut. Macky a l’opportunité de remporter la mairie de Thiès pour la première fois en s’associant avec Idy. Thiès pesant lourd sur le plan électoral et étant âprement disputée, la collusion de Macky et du leader de Rewmi pourrait renforcer le camp présidentiel.

Le chef de l’Etat, en bon politicien, est en train de dérouler son agenda politique défini au début de son magistère. Il a attiré une partie de la classe politique par des postes et des prébendes, une autre partie par le fouet judiciaire. Aujourd’hui, il pêche le gros requin de Thiès pour le neutraliser pour ce qui reste de sa carrière politique. S’allier avec le 2e à la présidentielle est un gage de victoire dans plusieurs localités aux élections territoriales et législatives. Et n’est-ce pas non plus gage de légitimation dans la quête d’un 3e mandat ? Concernant ce 3e mandat, Macky ne veut pas de pierre d’achoppement.

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Tous les soi-disant aspirants ou prétendants à la prochaine présidentielle sont aujourd’hui passés au billot. Amadou Ba, Makhtar Cissé, Aly Ngouille Ndiaye, Aminata Touré ont été victimes du délit d’ambition. Qu’on ne dise pas qu’ils n’ont pas produit de résultats dans leur département ! Macky Sall disait le 2 juillet 2019, lors de de la concertation sur la mise en œuvre de la Loi sur le contenu local dans le secteur des hydrocarbures : « Je tiens à féliciter Makhtar Cissé pour l’excellent travail, en si peu de temps, depuis qu’il a été nommé à la tête de ce département ministériel (ndlr, Pétrole et Énergies). Mais aussi et surtout pour la bonne organisation de cette rencontre. Je sais qu’il apprend vite, trop vite même. Bientôt, il va égaler les techniciens et les ingénieurs. Il faudra continuer ». Aujourd’hui, c’est cet homme travailleur qui a redressé la Senelec, sorti le pays de l’obscurité et des délestages qui a été viré comme un malpropre parce qu’on lui aurait prêté une ambition présidentielle.

Pour l’humilier encore plus, Macky met dans son gouvernement son opposant local à Dagana, Oumar Sarr, qui n’hésitera pas à l’anéantir politiquement. Quoi de plus noble que de vouloir diriger son pays si l’on sait qu’on en a les compétences ?

 Voilà la politique de Macky. Dans son gouvernement, les compétences n’ont pas leur place. Les calculs et intérêts politiques priment sur tout. Quitte même à recycler des politiciens que les Sénégalais ont chassés du pouvoir en 2012 afin qu’ils remplacent es membres loyaux de son propre camp politique.







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