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Bravo Mon Lieutenant !

Bravo Mon Lieutenant !

Il circule dans les réseaux sociaux depuis quelques temps une vidéo bien partagée d’un brave officier de l’armée, que l’ampleur paralysante de la permissivité au sein de notre administration publique a visiblement exaspéré et, conduit à exprimer en toute légitimité son indignation.

Cet événement n’est pas anodin et mérite d’être relevé parce qu’il brise un tabou. J’imagine quelques zélés de la hiérarchie militaire, pensant que mal lui en a pris, appeler à son encontre des sanctions. Cependant, l’esprit de discernement d’aucuns pourrait relever qu’ici le gros problème n’est pas la conduite du militaire, mais plutôt l’instrumentalisation paralysante des confréries.

La vidéo en fait ne nous apprend rien que nous ne savions déjà. Les signes ostentatoires, en procès ici, d’appartenance à telle ou telle confrérie ont tant envahi nos espaces qu’ils n’émeuvent guère plus, que pour la surenchère. Mais peu importe que l’on en soit conscient ou non avant cette vidéo, la crédibilité que le locuteur tire de sa position d’officier de l’armée, s’adressant à nous en tenue militaire, force notre attention et notre respect. L’on a ainsi en face de nous quelqu’un qui a fait le serment de nous protéger nuit et jour au péril de sa vie, en sacrifiant au passage toutes les réjouissances qui nous sont chères, telles que être auprès de sa famille les jours de fêtes, aux heures de repas, ou tout simplement se coucher et se réveiller chez soi à la bonne heure. 

 

Les indices d’une société sens dessus sens dessous

Des faits déplorables incriminés il en ressort deux aspects :  

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l’aspect ostensible : il s’agit là de la situation progressive de ralliement de la quasi-totalité de notre société à des confréries, à la tête desquelles trône respectivement un guide adulé si ce n’est vénéré. Ça c’est le côté positif de l’aspect ostensible. Positif en ce qu’il permet la perpétuation de valeurs islamiques largement partagées et millénaires, si les principes fondamentaux ne sont pas dévoyés. Cependant, les disciples des diverses confréries sont en féroce compétition pour la préséance spirituelle du fondateur de leurs ordres respectifs, aux dépends de l’essentiel en Islam : l’agrément de Dieu quant à sa dévotion sincère aux lois du saint coran et la sunna du prophète Muhammad ((SAW). C’est là la cause de toutes les déviations chez nous qui jurent avec les principes fondamentaux de l’Islam et dont tout le monde s’offusque sans réagir. Malgré une ferveur çà et là revendiquée, ce n’est que chez nous où un disciple peut blasphémer publiquement contre Dieu et le prophète Muhammad ((SAW) sans encourir la moindre réprimande, alors que le faire contre une autorité d’une confrérie lui vaudrait tous les malheurs de la terre. C’est très déplorable et là est à contrario le côté négatif de cet aspect ostensible de la situation, dont les dégâts font rage dans la société.

L’aspect obscur : il s’agit là du soubassement fonctionnel et rhétorique basé sur la technique de l’étiquetage, qui sert à produire et maintenir ladite situation. L’on est en effet étiqueté aujourd’hui dès le bas âge par l’application de la volonté des adultes sur l’enfant grandissant, comme étant disciple de tel ou tel confrérie suivant qu’on soit d’une famille donnée, que l’on porte tel prénom ou nom ou que l’on soit issue de tel ou tel lieu. Partant de là, l’enfant est tôt façonné et contraint d’assimiler tous les codes de sa confrérie dédiée, comme patrimoine à s’approprier et défendre. Pas question par la suite de douter ni questionner les convictions et assertions admis par la confrérie. Vient ensuite l’adhésion à des groupes d’affinités où l’on est ravi de se rencontrer périodiquement pour chanter les louanges de la famille du guide fondateur et s’entendre répéter des paroles complaisantes dans une uniformité des points de vue et un conformisme fanatiques. Cette technique est d’une efficacité si redoutable qu’aujourd’hui, les nouvelles technologies aidant, elle a porté la dimension et le degré de dévoiement des confréries à un doigt de sa masse critique. Le point de rupture n’est plus loin, si on continue à regarder de l’autre côté.

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Pour moi, c’est dans cette fourmilière que le sous-lieutenant a donné un coup de pied. Ce monsieur ne cherche pas le buzz, non plus n’a-t-il à dessein l’exploitation d’une victimisation à fin de créer un parti politique. Il n’est en conflit avec personne, juste veut-il défendre son serment, honorer les valeurs qu’on lui a enseignées et servir en toute intégrité. Il n’incrimine personne mais plutôt en appelle à la responsabilité de chacun de nous vis-à-vis d’un tabou qui plombe les ambitions d’émergence de notre société. De toute évidence, nous avons en cet acte de ce militaire un “waking call” envers des dérives sournoises contre lesquelles nous devons nous mobiliser, au nom des valeurs d’égalité et de respect d’autrui de la République. Bravo mon lieutenant !

iniang@seneplus.com







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