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Les Raisons Inavouees D’une Migration D’un Statut A Une…station

Le ralliement, il y a près de trois mois, du patron du parti de Reew Mi à la mouvance présidentielle fidèle à Macky Sall continue encore à faire couler beaucoup d’encre et de salive. Le fait était, il est vrai, trop peu anodin qui avait surpris beaucoup de nos compatriotes et pris de court nombre de ces analystes politiques qui saturent les soirées de débats des plateaux télévisés sans être dans le véritable secret des négociations qui se mènent dans le strict huis clos de lieux insoupçonnés avec des médiateurs qui le sont tout autant. Mais à y regarder de près, cela s’est passé conformément aux règles du jeu de l’arène politique.

En effet si l’on part de l’idée selon laquelle l’analyse d’un système politique ne peut se départir, entre autres, des réalités de l’environnement, on comprendra aisément comment une évolution d’actes et de faits, par son essence, a pu créer un passage menant : du statut de l’opposant à celui du collaborateur. Nos Maitres ont défini la politique comme une science dont l’objet est, non seulement, de rendre les peuples prospères, les civilisations florissantes mais aussi elle est l’art de gouverner les hommes conformément à leur intérêt le plus général et le plus élevé. Ils ont aussi mis en exergue l’existence d’un écart entre cette théorie et son application : conséquence de la science et la technique qui sont développées avec tous les aspects de la vie sociale et l’application de cette théorie politique met en lumière le rôle prépondérant de l’individu conçu, comme « la somme de ses rapports sociaux » a constaté ses besoins se développaient davantage. Mais également celui des motivations profondes qui peuvent expliquer les choix individuels ayant déterminé leur positionnement politique et les affiliations permettant de structurer ces choix dans l’espace public par des alliances dont l’enjeu est et restera la conquête et l’exercice du pouvoir.

Guidé par l’instinct de vie qui est, entre autres, une pulsion biopsychologique commune à tous les êtres humains, l’individu va irrémédiablement mettre en évidence son intérêt avant l’intérêt général. Un phénomène inné où la seule critique qui puisse être apportée est l’abus de pouvoir constaté dans la satisfaction de l’intérêt général. Cependant cet intérêt appelé communément le service public est du domaine de l’Etat à travers le sacrement de ces notions, je cite : « l’égalité devant le service public », « la continuité du service public » etc.

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A l’inverse de l’individu, l’Etat défini, entre autres, comme l’ensemble des pouvoirs d’autorité et de contrainte collective dans un territoire déterminé peut directement défendre l’intérêt général du fait de ses caractères qu’on ne peut développer ici à travers une contribution. Cependant, on retiendra que son invisibilité, par nature, s’oppose à l’existence d’un intérêt personnel si l’on considère un questionnement à son existence dont les plus célèbres émanent des propos de Feu Gaston Jéze , Professeur de droit public des universités ( Lille et Paris), auteur de la célébrissime formule, je cite : « Je n’ai jamais diné avec l’Etat » ou de ceux de Feu Léon Duguit, Professeur de droit public de l’université de Bordeaux dont le propos dans le même sillage de pensée, je cite : « Je n’ai jamais déjeuné avec une personne morale » résonne en écho à la double idée d’invisibilité et d’impersonnalité de l’Etat comme de « ce monstre froid » qui rappelle le Léviathan de Thomas Hobbes.

Ainsi , l’individu défend son intérêt avant l’intérêt général et cela a été longtemps théorisé d’abord par nos ancêtres en l’occurrence par notre ancêtre et penseur générique «Wolof Ndiaye ‘ » à qui on attribue ces apophtegmes qui au pays de Kocc barma ont valeur de vérités intangibles : « Bala nga naan naam ,née fa » (il faut être présent pour dire oui); Ku racc jemelée sa kanam (quand devant un plat on tire pour refroidir, c’est toujours pour soi et devant soi qu’on le fait)…

Triviales mais bien puissantes leçons de vie politiques dont le Président Abdou Diouf avait bien compris la haute portée pragmatique qui disait, je cite « Je ne vais pas scier la branche sur laquelle je suis assis ». Les pourfendeurs d’alors de l’ancien chef de l’Etat du Sénégal avaient beau jeu de dire qu’il pensait, à l’époque, à sa propre personne avant celles des autres mais ils pourront toujours méditer sur cette phrase restée gravée dans le marbre du Général de Gaule : « La France n’a pas d’amis, elle n’a que ses intérêts ».

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Dans l’esprit de l’auteur de l’Appel du 18 juin 1944, la France est un Etat ; en conséquence, elle défend un intérêt général. En clair, il n’existe nulle part dans une société où un individu défend l’intérêt général sans qu’il parte de l’intérêt personnel (bien qu’il faille aussi relativiser cette notion ‘’ d’intérêt personnel’’ quant à son objectif pour ne pas tomber dans l’abus de pouvoir).

Au regard de ces considérations, on peut retenir que la politique est devenue un centre d’intérêts où Idrissa Seck a compris que son intérêt était de s’allier avec Macky Sall ; d’autant plus qu’ils avaient, après plusieurs rencontres, une identité de vue sur certains aspects de la vie du pays ; en conséquence, pourquoi s’éterniser dans une opposition où l’idéal n’était autre que l’accès au pouvoir pour la satisfaction totale ou partielle d’un programme politique. Certes, il y’aura toujours des divergences ou des contradictions qui vont influer sur l’exécution d’un programme politique commun mais il suffit de s’assoir autour d’une table et arrondir les angles.

Les anciens marxistes reconvertis en libéraux aux côtés des deux principaux protagonistes que sont Macky Sall et Idrissa Seck se rappelleront ce côté « moteur d’histoire » de la contradiction et sans doute aussi de tous les dividendes politiques que peut générer la maïeutique des discussions entre des leaders d’appareils, dans des circonstances similaires à celui du contexte du pays en butte avec la pandémie de la Covid 19 dans lequel se sont tenues les négociations secrètes ayant abouti au retour de Reew mi dans la mouvance présidentielle fidèle à Macky Sall. Et c’est bien d’un RZ (retour en zone pour emprunter la métaphore aux basketteurs) qu’il s’agit, car Idrissa Seck a bien participé et de façon décisive à l’avènement de cette deuxième alternance qui a porté Macky Sall au pouvoir en mars 2012.

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Idrissa Seck dont le charisme, l’expérience politique et les qualités de leader naturel ne sont plus à démontrer, a choisi une voie pour accéder au pouvoir ; pourquoi ne pas la lui concéder ? Et, ne serait-ce, qu’au nom et pour le compte du principe des libertés politiques démocratiques. Quant à Macky Sall, en choisissant Idrissa Seck dans la gestion des affaires publiques a vu, entre autres, chez l’homme, cet aspect du leader naturel qui lui a valu d’être écouté et suivi, durant des décennies, par des populations qui se sont toujours distinguées à travers les urnes en sa faveur. Pourquoi donc, ne pas mettre dans sa gibecière une telle proie si, pour défendre l’intérêt général, on est tenu de bien se préparer, en l’occurrence, de défendre d’abord l’intérêt personnel.

Aussi, sur le plan politique, l’une des forces de Macky Sall est sa capacité à détecter des collaborateurs à charge de leur confier des tâches de gestion publique, en leur donnant toute l’autonomie nécessaire pour leur permettre de s’épanouir pleinement. Très fin élève du Président Wade la science qui fut surnommé par Léo le poète, je cite : ‘’ Laye Ndiombor ’’ (Laye le lièvre) dont il s’est toujours réclamé, Macky Sall a vu ce que son Maitre avait constaté en feu Djibo Ka quand il lui disait, je cite : ‘’ Vous êtes un homme d’Etat ‘’. Et pourtant, c’est ce feu Djibo Ka qui l’avait condamné en 1994…

Enfin, si Macky Sall a un nouveau collaborateur, ce n’est pas pour remettre en cause Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Boun Abdallah Dione, Makhtar Cissé et autres dont il faut saluer leur grandeur d’âme et l’honneur de grands hommes d’Etat qui ont compris qu’ils ont terminé un travail qui leur avait été confié et ce, pour une ère politique nouvelle. Sinon à Idrissa Seck surnommé ‘’ Ndamal Kadior ‘’, je te souhaite une bonne collaboration et surtout une bonne continuation pour que ‘’Vive le Sénégal ‘’.

Nalla NDIAYE, chercheur en science politique Ucad

 







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