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Hommage à La Démocratie Jeffersonienne

Hommage à La Démocratie Jeffersonienne

Le but de cet article est d’éclairer mais surtout de rendre hommage aux pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique. L’objectif n’est pas de démystifier intentionnellement une croyance populaire, mais plutôt de soumettre la vue des pères fondateurs sur la démocratie avec un œil de stupéfaction à l’endroit de cette République afin de voir dans quelle mesure le reste du monde doit suivre cet idéal de gouverner les affaires publiques. Il ne s’agit pas donc, de faire l’éloge d’une pensée unique, mais bien au contraire de mettre en exergue comment un groupe d’hommes a pu se mettre debout pour quelque chose beaucoup plus importante que leur propre personne et de mettre en place une République fédérale qui a duré presque 240 ans et qui a pu résister à toute les tentatives de désintégration et de sombrer dans le despotisme dont le dernier s’avère être l’élection présidentielle de 2020.

La démocratie jeffersonienne est un terme utilisé pour désigner les idéaux politiques de Thomas Jefferson, troisième Président des Etats-Unis et auteur de la déclaration d’indépendance, avec ses partisans des années 1770. Jefferson a préconisé un système politique qui a montré une résilience sans précédent face aux pulsions tyranniques qui peuvent découler de la détention du pouvoir. Sa vision présidentielle combinait de manière impressionnante les principes philosophiques avec une efficacité pragmatique en tant que politicien. La croyance politique la plus fondamentale de Jefferson était un «acquiescement absolu aux décisions de la majorité». Issu de son profond optimisme pour la raison humaine, Jefferson pensait que la volonté du Peuple, exprimée à travers les élections, fournissait les orientations les plus appropriées pour diriger le cours de la République avec comme seule garantie un Peuple éduqué. Il disait que sans bien éduquer ses citoyens, une démocratie pourrait ne représenter que «la tyrannie de l’opinion sur la sagesse». L’élection présidentielle de 2020 nous a montré que les institutions démocratiques peuvent être occupées par des dirigeants aux impulsions autoritaires. Ces dirigeants peuvent essayer d’étendre ces dernières dans un territoire plus dictatorial qui peuvent causer des dommages non-négligeables. L’une des vertus des institutions démocratiques, c’est qu’elles peuvent se plier sans se casser. Cependant on peut s’inquiéter pour le moment des dommages durables à la démocratie américaine, mais les encadreurs de la Constitution (The Framers) comme ils aiment les appeler, entourés jadis d’un reste du monde hostile aux idéaux républicaines, ont pu déceler les dérives despotiques qui accompagnent la détention de pouvoir et par conséquent mettre des verrous innombrables pour pallier ces dernières.

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La défaite de Trump témoigne de la résilience de la démocratie américaine. Certes, cette démocratie a subi son test de stress comme a voulu le montrer le professeur Timothy Snyder de l’université de Yale, car dans d’autres pays et en d’autres circonstances, des intimidateurs comme M. Trump ont réussi à devenir des hommes forts en diabolisant les élites économiques et culturelles et en semant suffisamment de confusion et d’apathie pour que les gens n’aient pas résisté au glissement vers la tyrannie et le désordre. M. Trump a essayé toutes ces tactiques, mais les Américains avec l’aide de leur Constitution ont résisté. Ils l’ont fait de manière écrasante mais ordonnée, aux urnes, quand c’était à leur tour d’avoir un mot à dire, aux tribunaux quand il s’est agi de la tentative de manipulation des institutions juridiques malgré qu’un nombre important parmi les juges ont été nommés par M. Trump et malgré que ses alliés aient adopté une stratégie de privation du droit de vote lorsqu’ils ont réalisé qu’ils ne pouvaient pas gagner équitablement. Les représentants des Etats ont assumé leurs responsabilités de veiller à ce que les gens puissent voter. Malgré les attaques malveillantes et mensongères de M. Trump contre leur intégrité, ils ont veillé à ce que ces votes soient comptés en surpassant leur appartenance à une entité défavorable. Ainsi l’Amérique va s’en sortir grandie et renforcée avec le système de contre-pouvoir du «Check and Balance», car il y a eu des évènements beaucoup plus menaçants pour la République comme la guerre de 1812, la guerre de sécession avec le Mason-Dickson line ou le mouvement des droits civils, et pourtant la marche vers une union plus parfaite comme l’a suggéré la Constitution, continue. Thomas Jefferson lui-même voyait que la démocratie n’est pas un état stable et continu, mais il disait que «L’arbre de la liberté doit être rafraîchi de temps en temps avec le sang des patriotes et des tyrans. C’est son fumier naturel». Par contre, en novembre 2020, la dévotion à la puissance des suffrages a remplacé le sang évoqué par Jefferson. Par conséquent, la démocratie Jeffersonienne, sans être parfaite, pourrait être perçue comme le meilleur des systèmes de gouvernance politique ne serait-ce que pour ces quelques résultats statistiques : une république vieille de 232 ans avec 46 présidents, 25% de l’économie mondiale et 90% des innovations scientifiques et technologiques. De ce point de vue, nous devons, nous Africains, à l’image de la France en 1835 lors de la période de la Monarchie de juillet qui était le nom donné au régime politique du royaume de France entre 1830 et 1848, et qui avait envoyé Alexis de Tocqueville sillonner pendant un an l’Amérique pour faire un rapport au Parlement français sur la démocratie américaine, emboiter le pas aux Européens et aux Asiatiques en privilégiant nos relations avec l’Amérique et ne pas accepter le coaching des autres car, que ça soit les Européens ou les Asiatiques, ils se sont tous appuyés sur les épaules de l’Amérique pour voir les lueurs du développement économique, du Plan Marshall au Unilateral free trade agreement des dragons de l’Asie. Ainsi, il est temps qu’à notre tour, nous envoyons notre Alexis de Tocqueville, parce que notre participation à ce grand succès de l’aventure humaine que sont les Etats-Unis d’Amérique n’est guère moins importante et en plus n’a jamais été rémunérée.

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Ibnou SOUGOUFARA

Economiste de l’Energie

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