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Adieu Khassim

La grande Royale comme tu aimais m’appeler pleure son ami, son conseiller et son confident.

Comme beaucoup de relations de franche amitié, la nôtre connut des débuts tumultueux, à l’aune de l’adversité. Adversité acharnée, sans merci, mais adversité empreinte de respect car entre personnes d’honneur. C’était au sortir d’une audience où tu étais avocat de la défense et moi partie civile. Cela peut sembler paradoxal mais cette confrontation me renseigna sur ta haute dimension humaine et ton sens de l’honneur. Car dès que mes conseils Mes Alassane Cissé, le regretté Mbaye Jacques Ndiaye et Mbaye Sène eurent fini de plaider, tu relativisas tes positions et exprimas une sensibilité tout à ton honneur par rapport à la femme et la mère que je suis. Même si le verdict fut prononcé en ma faveur, nous nous retrouvâmes après le procès car Touba s’en était mêlé (tu étais l’avocat du Khalif général des mourides) et surtout, il y a eu la médiation de notre ami commun, celui-là même qui m’a annoncé la nouvelle de ta douloureuse disparition. Cet ami qui se reconnaitra souffre et sait que je souffre avec lui car il est témoin de ton affection pour moi.

Lors du baptême de sa fille, alors que j’étais à Conakry à l’investiture du Président Alpha Condé, tu as été le premier à m’informer que le bébé porte mon nom. En 2011, en plein conseil des ministres, on m’informe que ma maison de Bambey avait été saccagée par des élèves en grève. Tu pris les choses en main dès que tu appris la nouvelle, te déplaçant dare-dare jusqu’à Bambey avec notre ami en dépit de tes agendas chargés.

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Tu m’assisteras dans cette épreuve et, preuve supplémentaire de ton humanisme-humain parmi les hommes, me plaisais-je à te qualifier-, tu me conseilles d’éteindre l’action judiciaire. Car tu avais saisi, avec ta grande sensibilité habituelle, tout le drame cornélien que je vivais : d’une part j’étais révoltée par cette violence gratuite, d’autre part je ne voulais point hypothéquer l’avenir de ces jeunes en les laissant faire la prison.

C’est ainsi que je finis par retirer ma plainte. Maître, à n’en pas douter, il manquera une partition notable lors de mon prochain Magal de Touba Incha Allah. Celle que tu jouais en m’envoyant toutes sortes de victuailles pour les pèlerins venant me rendre visite. Pour terminer, mon cher ami, j’aimerais convoquer Hugo qui disait : “Les grands hommes font leur propre piédestal ; l’avenir se charge de la statue”.

Par ta stature, ton charisme, ta compétence, ton éthique de travail, ton sens de la mesure en tout lieu, tu as fabriqué à la fois ton piédestal et ta statue. C’est d’un monument dont l’avenir se chargera.

ADIEU MOURIDE !







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