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Attention Au Front Nord, General Macky

Attention Au Front Nord, General Macky

Le président de la République peut-il avoir reconquis le Sud et perdre…le Nord ? Il s’agit d’une façon de parler, bien sûr, mais c’est tout comme. Car enfin, depuis bientôt 40 ans que les armes crépitent et que les canons tonnent en Casamance, c’est bien la première fois que l’armée nationale inflige une victoire nette et sans bavure — pas un seul mort dans ses rangs ! — à la rébellion du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC).

L’offensive menée par nos braves soldats dans le Sud du pays leur a permis de reprendre les bases de Boumane, Sikoung, Badio et Boussoloum. Des bases fortifiées, solidement défendues et considérées jusque-là comme inexpugnables par les combattants rebelles. Eh bien, il a fallu quelques jours à peine pour les en déloger sous un déluge de feu. Nos forces composées du troisième bataillon d’infanterie de Kaolack, du cinquième bataillon et, surtout, des redoutables Bat’Paras — un corps pour lequel j’ai une grande admiration sans doute parce que j’ai grandi dans un quartier situé aux environs du camp Faidherbe de Thiaroye et où, gamin, je m’émerveillais devant les sauts du lieutenant Almamy Tamba, des adjudants Mamadou Marigo, Manga, El Hadj Sarr et autres Dyna Ndiaye — nos forces, donc, composées aussi du Bataillon des commandos (le fameux Bat-Codos) — ont effectué un excellent boulot et n’ont pas fait de quartier.

Sous leurs assauts, les rebelles ont détalé comme des lapins sans demander leur reste. Cette très belle victoire de l’armée va permettre aux villageois chassés de leurs hameaux et de leurs terres depuis des décennies et errant depuis lors comme des âmes en peine entre Ziguinchor, la Gambie ou la Guinée Bissau, de rejoindre leurs hameaux et de reprendre leurs activités culturales ou de cueillette. Bref, de mener une vie normale.

Bien évidemment si nos « diambars » ont pu infliger une telle déroute aux rebelles, ils le doivent à leur professionnalisme et à leur courage. Mais pas seulement car, depuis que ce conflit de basse intensité — qui est aujourd’hui l’un des plus vieux en Afrique — a éclaté, les générations de soldats et d’officiers qui se sont succédé en Casamance depuis le magistère du président Abdou Diouf jusqu’à celui du président Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade bien sûr — ont fait preuve du même engagement, du même courage et du même professionnalisme que les troupes qui, sous le commandement du colonel Souleymane Kandé, commandant de la zone militaire de Ziguinchor, ont porté l’estocade, à la fin du mois de janvier, aux rebelles du MFDC.

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Des rebelles qui, ces dernières années, ont multiplié les exactions contre les populations civiles tuant lâchement des coupeurs de bois comme à Boffa Bayotte ou torturant, voire exécutant, de pauvres dames ou des gamins inoffensifs, qui s’aventurent dans des forêts qu’ils considèrent comme leur chasse gardée. Une rébellion qui, c’est vrai, a connu une dérive maffieuse au fil des ans ses combattants ayant versé dans la culture et la vente du chanvre indien, le négoce de noix d’anacarde et le trafic de bois… Sans compter le racket sur les routes !

Armement ultrasophistiqué

Plus que le courage et l’expertise de nos soldats, toutefois, ce qui a fait la différence, cette fois-ci, c’est l’armement redoutable qu’ils ont utilisé. Un armement qui est du même niveau de sophistication que celui dont sont dotées les meilleures armées du monde. C’est que, depuis qu’il a accédé au pouvoir en 2012, le président de la République, constatant le niveau de sous-équipement inquiétant de nos forces armées, a entrepris un effort sans précédent d’équipement en leur faveur. Les traditionnelles parades du 04 avril sur le boulevard du général de Gaulle ont permis aux Sénégalais de se faire une idée de la montée en puissance de nos militaires qui, aussi bien en matière de fusils d’assaut, d’artillerie, d’avions et d’hélicoptères de combat, de drones mais aussi de vedettes a comblé son retard et se trouve désormais parmi les armées les mieux équipées du continent. Un effort herculéen a aussi été fait en matière de moyens de transport et dans le domaine logistique. Cette mise à niveau de nos troupes aussi bien en matière d’équipements et d’intendance — jusqu’au carburant ! — que d’entraînement et opérationnel était déjà effectuée sous le commandement du général de corps d’armée Mamadou Sow « Nogass » et n’a fait qu’être renforcée depuis.

Dans ces conditions, évidemment, l’armée ne pouvait faire qu’une bouchée des combattants du MFDC. Il s’y ajoute que l’environnement géopolitique a évolué favorablement pour le Sénégal et là aussi on le doit au président de la République. En débarrassant la Gambie du dictateur Yaya Jammeh et en aidant son poulain Umaru Cissokho Emballo a accéder au pouvoir en Guinée-Bissau, il créait les conditions de priver la rébellion de ses bases arrière dans ces deux pays. Ainsi devenus des poissons hors de l’eau, les rebelles n’en devenaient que plus vulnérables. Une rébellion qu’il avait d’ailleurs réduite à sa plus simple expression — ah, cette expression ! — après des négociations intelligemment menées par le biais du vieux briscard Robert Sagna. Bref, le président Macky Sall a géré de main de maître la situation en Casamance.

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Au Nord, une histoire de viol mettant en cause un fils du Sud…

Et l’on ne comprend justement pas que sa brillante victoire en Casamance — au Sud donc — puisse être éclipsée voire ternie par une minable affaire de moeurs. Une affaire qui se joue au « Nord » — comme disent les Casamançais — et dont le principal protagoniste, justement, est un enfant du Sud. Oui, la région méridionale qui en a fait son champion emblématique sur le plan politique. Car, schématiquement, la (basse) Casamance n’a connu sur le plan politique que trois leaders charismatiques depuis notre Indépendance : Emile Badiane, Robert Sagna et… Ousmane Sonko. Or voilà que ce dernier, englué dans une sordide affaire de viol, se trouve aux portes de la prison ! Comme s’il y avait une sorte de malédiction — à tout le moins une main invisible — qui s’ingéniait à toujours donner aux victoires du président de la République des apparences de défaites. Car enfin, même s’il n’est pour rien dans la commission — ou le dévoilement — des faits qui valent au patron du parti Pastef-les-Patriotes de se retrouver sous la lumière des projections pour des accusations de viol —, le fait que ce scandale éclate au moment précis où il venait de triompher de l’hydre séparatiste n’arrange pas ses affaires.

Pour cause, beaucoup de gens, en Casamance en tout cas, ne manqueront pas de faire un amalgame entre ces deux faits pour se dire que, décidément, on s’acharne sur les Casaçais. Et que, de toutes façons, quoi qu’ils fassent et feront, la seule réponse à laquelle ils ont ou auront droit c’est celle des armes ou de la chicote ! Une réponse de la même eau que celle servie par l’alors ministre de l’Intérieur Français, François Mitterrand qui, en 1954, lorsqu’ont éclaté ce qu’on appelait alors pudiquement « les événements d’Alger », avait dit que la seule réponse que la France avait pour les Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem et autres c’étaient les armes. Les Casamançais entrent en rébellion armée ? On les mate à l’artillerie lourde ! Ils choisissent de s’engager en politique et de jouer le jeu des institutions comme Sonko ? On les jette en prison ! C’est cet amalgame qu’il faut éviter de laisser prospérer.

Certes, dans cette vilaine affaire, Ousmane Sonko s’est tiré une balle dans le pied pour ne pas dire qu’il a tiré un mauvais coup (sans jeu de mots !) — car, après les accusations de viol portées par une masseuse d’un salon à l’image assez sulfureuse, c’est son image d’homme politique vêtu de probité candide et de lin blanc qui est bien entachée. Lui qui surfait sur une image de vertu et de bon musulman, voire de père de famille exemplaire, se retrouver dans une situation où son sperme est au centre de toutes les conversations, c’est assurément le plus rude coup qui puisse lui être porté. Lui qui avait bâti son fond de commerce sur l’intégrité par opposition au système « pourri ». Sur une image de « monsieur propre » et d’homme politique vertueux tout simplement. Car même si les circonstances des « viols » qu’aurait subis cette jeune fille sont assez rocambolesques pour ne pas dire plus — personnellement je ne crois pas à cette thèse du viol et notre journal avait mis en garde dès janvier 2020 contre toutes ces accusations imaginaires qui ne manqueraient pas de survenir après la criminalisation de cette pratique —, je ne jurerais pas qu’il n’y a pas eu de rapports sexuels entre la petite Adji Sarr et l’islamiste Ousmane Sonko. Comme quoi, les barbus sont des « kaccoor » comme vous et moi et aiment les belles choses ! Pour autant, je pense que rien que le discrédit porté à sa réputation et les pertes en termes électoraux que cette affaire lui portera suffisent comme châtiment pour Ousmane Sonko. Le tribunal de sa conscience vaudra toutes les cours de justice du monde ! Un peu comme l’œil de Caïn, les accusations de la masseuse du salon « Sweet Beauty » le hanteront sans doute nuit et jour.

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Par conséquent, point besoin d’en rajouter et de le jeter en prison. En tout cas, le président de la République n’a vraiment pas intérêt à le faire. Car, en plus d’être taxé d’anti-Casamançais, on ne manquerait pas de l’accuser de s’acharner sur l’opposition ! Une opposition qu’il avait promis de réduire à sa plus simple expression… De fait, après avoir emprisonné Karim Wade et Khalifa Sall, mettre en prison Ousmane Sonko, actuel chef de l’opposition après le ralliement de M. Idrissa Seck, ne peut évidemment pas ne pas être classé dans ce registre de la persécution de l’opposition ! Où l’on retombe du Sud au Nord.







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