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L’école Sénégalaise, Un Grand Corps Malade (talla Gueye)

L’école Sénégalaise, Un Grand Corps Malade (talla Gueye)

L’école actuelle, c’est aussi la baisse du niveau des élèves particulièrement dans les matières scientifiques. Dans la plupart des Lycées, les séries scientifiques et techniques accueillent de moins en moins d’élèves d’où la pénurie de professeurs de mathématiques et de physique-chimie dans les établissements. La baisse de niveau concerne également le français. Il est d’ailleurs très courant de voir des élèves du secondaire et parfois des étudiants incapables de formuler correctement, les phrases les plus simples, d’où la pertinence des idées tendant à introduire les langues nationales à l’école.
En outre la perception de l’école par les différents acteurs a beaucoup évolué. Aux yeux d’un nombre croissant de parents d’élèves, l’école est de moins en moins, cet excellent moyen de promotion sociale, d’où le peu d’intérêt affiché à son égard. En effet, des activités telles que le sport, le commerce et l’immigration leur apparaissent plus efficaces pour permettre à leur progéniture de se réaliser socialement. Pour les autorités politiques, l’école est un gouffre à argent qui entame le budget national et renforce l’endettement. Elles considèrent que l’Etat et les collectivités mobilisent beaucoup de ressources pour construire, équiper et entretenir les établissements, désintéresser les enseignants et intéresser les élèves sans pour autant que les résultats n’atteignent les niveaux escomptés.
Pour de nombreux techniciens, l’école est une perte de temps, car presque aucun diplôme scolaire ne permet d’intégrer la vie active. Pour eux, l’école transmet des connaissances trop générales parfois spéculatives ne permettant nullement de transformer le quotidien des individus qui la fréquentent.
Pour les élèves eux-mêmes, l’école est sans intérêt avec des programmes en déphasage avec leurs réalités et inadaptés aux besoins du marché de l’emploi, des horaires intenables qui empêchent de profiter de la vie, d’avoir des loisirs, des enseignants à l’autorité parfois trop pesante, et au finish elle ne leur délivre que des diplômes qui les envoient dans l’univers des chômeurs. De nombreux jeunes se perçoivent comme des condamnés à aller à l’école, voire des prisonniers dont les geôliers ne sont autres que les enseignants. L’école pour eux, n’est plus le seul moyen d’accéder à la connaissance, mais plutôt le canal le plus désagréable d’y parvenir devant internet, les réseaux sociaux et autres. Cela explique sans doute, certaines de leurs absences répétées et le peu d’empressement qu’ils manifestent pour aller à l’école ou entrer en classe.
Ce désintérêt généralisé a créé ce que l’on peut appeler, aujourd’hui, le malaise de l’enseignant symbolisé par la démotivation d’une large part de cette corporation. Ce malaise exacerbé par la stigmatisation du corps enseignant, s’exprime aujourd’hui par les grèves répétitives. Il donne lieu également, pour certains enseignants, à une mauvaise humeur quasi permanente, des absences sans motif valable, des retards répétés, une baisse de rendement professionnel ou dans le meilleur des cas, un changement de métier.
Au vu de cette situation, l’école sénégalaise est assurément en difficulté. La crise est si profonde que l’école n’est plus un havre de sécurité pour les enseignants et les apprenants. En effet, régulièrement ils y sont la cible d’une violence dont l’origine est tantôt interne tantôt externe. Cette violence, quand elle est endogène, est souvent une excroissance de l’indiscipline qui gagne de plus en plus du terrain dans l’espace scolaire dont le règlement intérieur est régulièrement violé par les potaches. Ces derniers voient en outre, leurs relations avec leurs enseignants se dégrader. C’est pourquoi, il n’est plus rare de voir des enseignants être violentés par leurs propres élèves ou par les parents de ceux-ci.
Cette situation est en partie, liée à la faillite de l’autorité parentale. Partout les parents ont de moins en moins le contrôle et l’autorité sur leurs enfants en raison des influences extérieures par les réseaux sociaux et la télévision, mais surtout des difficultés économiques et financières. Ces dernières font que les parents sont rarement chez eux, pendant la journée, occupés qu’ils sont à trouver la dépense quotidienne et ne peuvent donc pas éduquer comme il se doit leur progéniture. En outre, leur situation financière ne leur permet pas de subvenir correctement aux besoins de leurs enfants les poussant ainsi très tôt, à se démerder pour faire face à leurs difficultés. C’est ainsi que certaines jeunes filles se donnent au premier venu capable de satisfaire leurs caprices d’ordre financier, tandis que les garçons versaient dans la délinquance, le trafic de drogue, le vol et dans le meilleur des cas, les jeux de hasard comme le pari foot. Cela fait qu’un peu partout dans les quartiers, pullulent des points de vente de la LONASE, l’entreprise nationale organisatrice du pari foot avec le consentement de l’Etat. D’ailleurs, cela fait bizarre que ce dernier soit l’organisateur d’une activité qui ôte à ses enfants toute volonté de travailler et au contraire, développe chez eux, le goût de l’argent facile.

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